Danse de dépassement du terme – "Breaking the Water Dance"

Lauren Paige a retourné les réseaux sociaux avec sa vidéo postée il y a une semaine et qui compte déjà presque 3 millions de vues sur Facebook!!

Cette maman est enceinte de 42 semaines de son 3ème bébé. Ce sera son troisième accouchement naturel et son premier AAD.

Et en attendant…elle attend…en dansant !! Sait-on jamais, …des fois que  l’accouchement se déclencherait?

Bonnes vibrations, bonnes intentions 🙂  Yeahhh!!

Le dépassement de terme crée la plupart du temps des vagues d’agitation dans l’entourage de la maman-en-devenir. Même si on a tout prévu, que les personnes qui nous accompagnent ne nous mettent pas la pression, qu’on est zen et qu’on a confiance en notre corps et en nos processus, pas évident pour autant de rester dans sa bulle, se déconnecter de l’extérieur et ne pas se comparer.

Se comparer aux copines qui avaient la même date de terme et qui ont déjà accouché, elles. Ou comparer avec les bébés précédents dont le scénario était peut-être différent.

Et puis on en a marre de notre gros bidon, on a envie de le rencontrer enfin!, notre bébé, et de retrouver notre corps. Envie de passer à l’étape suivante. Ça y est, on est prête, quoi!!

Oui on est prête, mais voila, il n’y a pas que nous justement, c’est une histoire à 2! Et si notre bébé avait besoin d’encore un peu de temps, lui? Et puis est-on aussi prête qu’on se le dit? N’a-t-on pas gardé dans le coin de la tête un ptit quelque chose qui nous préoccupe? (qui s’occupe des aînés?, est-ce que tout est vraiment prêt?… )

Mais bon quand même, y aurait pas des petites recettes de grand-mère pour accélérer un peu les choses, raccourcir l’attente?

Siiii, bien sûr que des tonnes de trucs et astuces ont déjà été écrits : manger des dattes, faire l’amour, prendre un bain, boire une bonne tasse de chocolat chaud épicé à la cannelle (mmmh oui, trop bon en plein hiver!), marcher, monter et descendre les escaliers…

Il n’en reste pas moins que si bébé est bien au chaud en nous, qu’il a ses raison à lui d’y rester et qu’aucune contre-indication médicale ne l’en empêche, il ne nous reste plus qu’à être patiente.

On est toutes différentes, nos corps et nos processus sont uniques et nôtres. Et notre DPA (date probable d’accouchement) n’est que cela : une probabilité !!

Finalement, seulement 4% des femmes accouchent le jour du terme*…et 10%** après la 42e semaine.

Alors en attendant, dansez et faites vous plaisir !

Sources :

*Probability of delivery within x days of a given date

**Janelle Durham, Certification with Birth Education NW, January 2002

Le yoga?? Mais je ne suis pas souple! – Part I

Souvent lorsque la conversation tourne autour du yoga avec mon entourage ou des personnes potentiellement intéressées par le yoga, l’objection majeure qui revient sans cesse est « ah, mais le yoga c’est pas pour moi, je suis pas souple !! »

…Non, je ne suis pas une vengeuse masquée moralisatrice ; )

Je comprends très bien cet argument, je pense que si j’y avais réfléchi, je me serai dit la même chose. Mais j’avoue ne pas y avoir pensé…pourtant je n’étais pas particulièrement souple. Ou plus particulièrement souple.

C’est vrai que lorsque l’on regarde les prouesses d’un yogi, d’un danseur ou d’un acrobate, on est subjugué par l’aisance avec laquelle ils réalisent des postures avancées, émerveillé par la fluidité presque déconcertante des chorégraphies et des enchaînements. Ils paraissent si sereins, souriants, dans leur élément comme des poissons dans l’eau. En les regardant, on se sent en suspens, presque hors du temps et de l’espace, tout paraît simple, léger, tout semble possible!!
On se dit que -fastoche, nous aussi on va « sortir la posture », s’envoler, virevolter. On se lance à les imiter et puis non, finalement on est très loin d’y arriver, on se vautre, on a l’air maladroits, on s’emmêle les pieds, ça tire de partout, bref, c’est pas du tout ça…beaucoup plus dur que prévu.

On se dit alors que ces gens ont un talent, un don inné. Que du coup « on n’y arrivera jamais », que « c’est même pas la peine d’essayer », que « c’est pas pour nous ». Bref, on se résigne d’office, et notre mental tout affolé à l’idée qu’on allait sortir de notre zone de confort est bien content de l’entrée en scène de ce saboteur. Tuée dans l’œuf l’impulsion créative, l’impulsion vitale du corps !!

Évidemment lorsqu’on admire une performance, on ne voit finalement que le résultat, on est témoin d’une perfection qui est l’aboutissement d’un long processus. Et on oublie tout le chemin parcouru par ces personnes pour en arriver là. On zappe la partie la moins glamour : celle de l’effort, la persévérance, la discipline, la constance, le découragement, les frustrations, les colères qui jalonnent le chemin. L’évolution pas à pas.
Sur le chemin, il y a bien sûr aussi des victoires, des moments de joie intense, de fierté, de gratitude, de jubilation, de plénitude, de vrais joyaux qui nous aident à garder confiance, à maintenir le cap, à continuer. On trépigne de bonheur, on se félicite, on se célèbre, yes, yes, yes !! et heureusement j’allais dire, sinon le chemin serait assez tristoune !

La fluidité est en effet un savant mélange de travail et de passion. Si cela n’était que du travail au sens de labeur, ce serait bien triste et pas assez porteur pour pouvoir continuer. J’entends plutôt le travail comme une cascade d’actions inspirées, des efforts qui font naître un certain contentement. La fluidité est aussi la résultante de la passion. Vous savez, ces heures passées à faire quelque chose qui nous plaît, qui nous enthousiasme, qui nous nourrit, qui nous fascine. Et on en oublie de manger, on oublie sa montre, on oublie tout le reste. Puis on « revient sur terre », on reprend conscience de notre environnement et on se rend compte que les heures ont passé alors qu’on pensait n’avoir passé qu’un court instant à notre tache.
C’est ce niveau de vibration qui nous permet d’accomplir de grandes choses avec facilité et avec le moins d’énergie possible.

Alors je dirai que si la souplesse vous préoccupe, commencez déjà à vous projeter ou à venir à votre cours de yoga avec enthousiasme et plaisir. Avant d’entrer dans une asana -une posture de yoga-, observez votre posture intérieure, prenez conscience de ce qui sous-tend votre attitude, votre intention.
Si c’est une obligation, laissez tomber. Nous ne sommes pas sur cette Terre pour souffrir ou nous imposer sans cesse des expériences qui ne nous motivent pas. Cherchez l’activité qui vous convient, qui correspond parfaitement à votre tempérament, à vos goûts, à votre personnalité. L’activité qui vous épanouira, qui vous donnera la pêche, dans laquelle vous rayonnerez. Essayez et voyez comment vous vous sentez en-dedans. Est-ce que lorsque vous ressortez de votre cours vous vous sentez énergisé, régénéré, serein, joyeux ??

Si vous venez vraiment motivé, mais que bon, vous avez cette image de vous n’étant pas souple, ne vous auto-limitez pas avec ça. Si ça se trouve vous aurez de bonnes surprises ! Faites-vous confiance et laissez les aprioris sur le seuil.

Et puis le yoga ce n’est pas toucher ses orteils avec ses mains, mais c’est profiter et s’amuser en chemin. C’est tout ce qu’on apprend pendant que l’on descend peu à peu vers nos pieds !

Peu importe le résultat, peu importe la performance. Même lorsqu’on y arrive, rien n’est jamais acquis. Il y a des jours où le corps est engourdi, où le corps ne veut pas et on n’y arrive plus. Qu’importe ! Et au contraire, cela nous remet sans cesse dans l’humilité, dans l’acceptation de nos limites d’aujourd’hui, dans l’indulgence, la gratitude malgré tout envers ce corps qui nous porte chaque jour, qui est notre enveloppe, notre véhicule pendant notre passage sur Terre. Pourquoi le violenter ? Pourquoi lui imposer de se plier, de s’étirer plus qu’il ne le peut à un moment donné ? Ce qu’il fait chaque jour n’est pas déjà un miracle en soi ? Toute sa subtile mécanique n’est pas suffisamment géniale ainsi ?

Au moment de nous lancer dans une posture, prenons le temps de réfléchir à pourquoi nous le faisons. Est-ce pour notre ego ? Pour nous prouver quelque chose, pour briller ? Ou est-ce simplement pour explorer notre potentiel dans le respect de ce qui se présentera sur un plan physique et émotionnel ? Dans l’accueil de ce que nous sommes à cet instant t et le respect de notre Être dans son ensemble ?

Chaque étape du processus est nécessaire. Tout sur le chemin est source d’apprentissage. Le yoga est avant tout une discipline qui permet d’accéder à une meilleure connaissance de soi.

Permettez-vous de ne plus vous juger et d’ouvrir cette porte sur vous, sur votre immensité et les trésors qui vous habitent, peu importe votre niveau de souplesse !

Eduquer avec lenteur, par Ibone Olza

Ibone Olza est psychiatre infanto-juvénile et périnatale, chercheuse et auteure. Elle est aussi mère de 3 enfants. Les enjeux autour de l’enfance, la nature ou notre santé lui tiennent particulièrement à cœur.

Co-fondatrice de l’association espagnole El Parto Es Nuestro qui œuvre pour le respect des droits des parturientes et « l’humanisation » des conditions d’accouchement, elle est également à l’origine du forum de soutien aux femmes ayant vécu une césarienne (Apoyocesáreas, le cousin de Césarine). Apoyocesáreas est une véritable grotte intime et chaleureuse au sein de laquelle des femmes, liées par une histoire similaire, osent mettre en mots les émotions qui découlent de leurs accouchements traumatiques : elles se dévoilent, se soutiennent, se réparent, trouvent les mots bienveillants, encourageants, vibrants, véritable baume au cœur et à l’âme, pour dépasser cet écueil, renaître à elles-mêmes et ainsi reconnecter à leur puissance féminine.

J’ai envie de partager aujourd’hui son éloge à la lenteur, si importante dans les moments-clés du tout début de la vie :

Entre 3 et 4 h du matin, à l’heure la plus sombre de la nuit, quand l’aube ne se laisse pas encore deviner, c’est à cette heure de la nuit qu’il y a le plus de naissances. C’est ce qu’a mis en évidence une étude qui analysa l’heure de naissance parmi plus d’un demi-million (601222 pour être exacte) d’accouchements spontanés au Royaume-Uni au début des années 70. L’heure à laquelle le plus grand nombre de bébés a vu le jour se situe entre 3 et 4h du matin, un horaire pendant lequel la femme est tranquille, protégée et dans un état émotionnel paisible et endormi selon les conclusions des auteurs de l’étude (1).

Évidemment, c’était en d’autres temps, avant que la hâte et la peur ne dominent les accouchements et ne s’emparent des salles de naissance. Actuellement, peu de bébés pourront bénéficier d’un accouchement spontané et respecté. De plus en plus, les bébés sont extraits de l’utérus avant l’heure. Sous de nombreux prétextes, les accouchements sont déclenchés et les césariennes programmées la plupart du temps sans aucune urgence médicale, simplement depuis le point de vue que « de toute façon le bébé est formé alors autant le sortir puisqu’il n’a plus rien à faire ici dedans ». On décide de la date d’accouchement en fonction d’agendas complètement étrangers aux besoins du bébé. Le nouveau-né arrive au monde avec ce message d’accueil : « il n’y a pas de temps à perdre ».

Lourde erreur, car l’accouchement, c’est le bébé qui le déclenche lorsqu’il est prêt à naître et ce qui évolue le plus pendant les derniers jours de grossesse, c’est justement son cerveau (et celui de sa maman qui se prépare pour l’expérience amoureuse la plus intense!). La maturité cérébrale et neurologique des nouveaux-nés à terme nés d’accouchements spontanés est supérieure à ceux qui sont extraits 2 ou 3 semaines avant terme…Cet exemple illustre à merveille comment la hâte et l’impatience se sont imposées dans nos vies, et ce avant même de naître, et à quel point il est difficile voire impossible de respecter les rythmes de notre nature tout au long de notre croissance. Gloria Lemay, sage-femme canadienne, l’explique très bien lorsqu’elle dit « Assister un accouchement, c’est comme cultiver des roses. Tu dois t’émerveiller devant celles qui viennent de s’ouvrir et fleurissent sous le premier baiser du soleil, mais jamais il ne te viendrait à l’esprit de tirer sur  les pétales des boutons fermés pour les forcer à fleurir uniquement lorsque que cela te convient ». Peut-être que cette image de destruction qui correspond à la tentative d’ouvrir en force un bouton de rose peut nous aider à comprendre pourquoi la hâte cause tant de préjudices, lors des accouchements, mais également au cours de tout le développement de nos petits.

Si la grossesse et l’accouchement sont gouvernés par le calendrier et l’horloge, les mois qui suivent la naissance sont habituellement plutôt dirigés par un autre instrument : la balance. Les grammes que le bébé gagne les premières semaines et les premiers mois servent à attribuer une note comme s’il s’agissait d’un examen : plus le bébé prend de poids et plus vite il le prend, mieux c’est. Injonction paradoxale dans un monde où l’obésité infantile est devenue depuis quelques temps un grave –et silencieux- problème de santé. Avec une montre et une balance en main, c’est facile de faire tomber à l’eau de nombreux allaitements les toutes premières semaines de vie. Et pendant ce temps, une légion de publicités ciblant les nouveaux parents vantent tous type de gadgets et produits pour le nouveau-né ou le bambin qui fait ses premiers pas. Vu de l’extérieur, on pourrait penser qu’il est impossible d’éduquer un enfant sans avoir à acheter et accumuler un nombre incalculable d’objets.

Je travaille là où les mères pleurent. Parfois, elles viennent avec leurs enfants, d’autres fois elles les portent dans leur ventre. Elles s’assoient en face de moi dans le cabinet de consultation de psychiatrie infantile, et commencent à me raconter tout ce qui les préoccupe, et souvent les larmes perlent toutes seules. Lorsqu’elles remarquent l’humidité qui déborde de leurs paupières et glissent sur leurs joues, beaucoup s’excusent, comme si pleurer était une entorse à la bonne éducation. Et souvent, les petits qui pendant ce temps jouaient avec le train, la pâte à modeler ou la maison de poupées que je mets à disposition dans le cabinet, s’approchent de leur maman pour la caresser à leur façon. Les mères sourient alors qu’elles essaient de dissimuler leurs larmes et les enfants retournent jouer tranquillement. La séquence passe souvent inaperçue pour les adultes présents dans le cabinet.

 Les mères et parfois aussi les pères pleurent parce qu’ils sentent qu’ils ne font pas les choses bien. Le problème, c’est que souvent, ils font trop d’efforts. Ils travaillent trop d’heures pour finalement arriver à la maison trop fatigués et ainsi, souvent, ils souhaitent que le temps vole. J’ai tellement envie que l’accouchement arrive, que tout ça passe vite, le plus tôt sera le mieux. Que les enfants grandissent, qu’ils entrent à la garderie ou au collège ou à la fac. Qu’ils soient déjà grands, qu’ils aillent aux toilettes seuls ou dorment d’une traite toute la nuit. Pour pouvoir se reposer de tant d’efforts. Je les écoute, en prenant le temps, tout en cherchant les mots pour leur expliquer l’importance de freiner, de ralentir, de s’arrêter. Des mots qui ne sont presque plus utilisés pour parler d’éducation et que nous devrions pourtant récupérer.

John Bowlby, psychiatre infantile qui a formulé avec brio la théorie de l’attachement l’avait déjà introduit de la façon suivante en 1951 : “Nous considérons essentiel pour la santé mentale, que le bébé et le petit enfant expérimentent une relation chaleureuse, intime et continue avec la mère (ou le substitut maternel permanent), dans laquelle tous deux trouvent satisfaction et plaisir.” Par « essentiel », il précisa qu’il s’agissait ni plus ni moins de la survie de l’espèce humaine.

Plaisir, faire plaisir. Satisfaction et jouissance mutuelles. Délice, débordement, jouissance. Délectation : procurer le plaisir des sens ou de l’esprit. Faire plaisir, plaire, amuser, jouir. Délice : plaisir sensuel ou spirituel. Faire plaisir : procurer de la joie ou du plaisir à quelqu’un. Trouver ou avoir du plaisir ou de la satisfaction à faire quelque chose. Avec plaisir, avec beaucoup de plaisir, c’est seulement ainsi que l’on peut éduquer en douceur.

Contempler, avec sérénité. Respirer profondément et faire confiance. Savoir que l’accouchement arrivera et comme le disait Koosterman en 1922 : « Une femme en bonne santé qui met au monde spontanément réalise un travail qui ne peut être amélioré. » Recevoir son bébé sur sa peau, et contempler comment il rampe de façon spontanée et avance vers le sein pour commencer à téter, mais avant ou après, il fait une pause pour regarder calmement sa maman les yeux dans les yeux. Éduquer en savourant, avec lenteur, à l’ancienne, comme quelqu’un qui prépare des confitures ou fait braiser des poivrons un après-midi de septembre. Se donner le temps sans qu’il soit écrit, pour capter l’odeur du lait maternel caillé qui reste imprégné sur ses petits vêtements ou sur les nôtres. Les premiers sourires et la douceur des menottes presque rondes. Allonger les heures comme si c’était des jours et les jours comme si c’était des semaines. Essayer d’imprimer sur nos rétines ce regard rond et si pur. Contempler nos enfants endormis au petit matin, sentir comment leur poitrine se soulève au rythme de la respiration. Être là et rester, avoir confiance. Écouter les histoires familiales, les raconter aux plus petits, récupérer la transmission orale de nos vies et celles de nos ancêtres. Leur parler de leurs arrières grands-parents, de notre enfance, de ce monde qui n’existe plus que dans notre mémoire.

Passer de longs après-midis sans rien faire à part flemmarder pendant que nos enfants courent ou jouent, inventent et explorent. Manger avec eux, petit-déjeuner avec eux, dormir avec eux, être présent. Des privilèges gratuits que pourtant très peu semblent s’autoriser à s’octroyer. Avec la hâte et le stress, l’éducation devient bel et bien une énorme course d’obstacles. Les garderies ne font pas leur pub en annonçant des activités empreintes de plaisir comme aller au parc, regarder des insectes ou aider un adulte à cuisiner. Au lieu de cela, on leur offre des cours d’anglais et des supposés programmes de stimulation cognitive qui soi-disant leur assurent un avenir triomphal. Stressés depuis leur plus jeune âge, la seule façon qu’ont certains petits d’être autorisés à ne rien faire de toute la matinée, est de tomber malades.

Et pourtant, l’éducation a peu en commun avec la production industrielle dans laquelle elle se trouve submergée. Bien au contraire, c’est une œuvre issue de l’artisanat le plus délicat. Tout doucement, les liens les plus solides et durables se construisent, ceux qui donnent comme fruit des adultes sûrs d’eux-mêmes et pourvus d’une énorme capacité d’aimer. En tant que mères et pères, nous devrions nous arrêter beaucoup plus souvent pour regarder autour de nous et nous demander avec honnêteté combien de ce que nous faisons au quotidien est réellement indispensable, en quoi cela contribue à notre bien-être intime, et qu’est-ce qui implique un stress inutile et maladif. A mesure que nous oserons nous détacher de la hâte et arrêterons de fuir, nous sentirons comment tout est en réalité beaucoup plus facile, plus simple, et infiniment plus beau que ce que l’on pressentait. Éduquer avec lenteur, c’est simplement s’autoriser à vivre en respirant profondément, en contemplant le miracle de la vie à travers nos enfants, qui sans stress, s’épanouissent de façon beaucoup plus solide que ce que nous pensons.

 (1)    Cité par Adrian MacFarlane dans “Psychologie de la Naissance”

 

Source : « Criar despacio », Ibone Olza  ~ Traduction : Brigitte Rietzler // Temesira