Embryogenèse en images – Photographies de Lennart Nilsson

Lennart Nilsson a quitté la terre il y a quelques semaines. Quel meilleur moment que la Saint Valentin pour lui rendre hommage, lui qui a su capturer les premiers instants de la vie qui éclot, dans l’obscurité, bien au chaud, à l’abri de nos regards.

Le photographe suédois commence sa carrière au milieu des années 40. Une décennie plus tard, ce pionnier expérimente de nouvelles techniques de macro-photographie. Avec l’apparition d’endoscopes très fins dans les années 60, il fusionne virtuosité artistique et scientifique et ses photos font la couverture du magazine Life (vendu à 8 millions d’exemplaires !) et le tour du monde. Elles seront également publiées par Stern, Paris Match et The Sunday Times. Ses photographies in-utéro seront plus tard compilées dans l’ouvrage « A Child is born » [« Naître », préfacé par René Frydman dans son édition française], traduit dans de nombreuses langues et constamment réédité au fil des années.

Dans le tube de Fallope Lennart Nilsson EmbryognèseDans le tube de Fallope

Fécondation Lennart Nilsson EmbryiogenèseRencontre & Fécondation

L'ovule accueille le spermatozoïde Lennart Nilsson EmbryogenèseL’ovule accueille le spermatozoïde

Ses images nous transportent dans un fascinant voyage poétique à travers le corps humain et l’embryogenèse. Les organes et la genèse de la vie ressemblent à des paysages lunaires organiques. Nilsson photographiera également les cellules sanguines, les organes (cœur, cerveau, poumons…), ainsi que le virus du SIDA.

Grâce à ses innovations et son esprit pionnier, il pulvérise la frontière de la photographie. Son équipement sur mesure évolue au fil du progrès et devient de plus en plus sophistiqué : il utilise des objectifs grand-angle, des endoscopes équipés de fibres optiques, des filtres de couleur ainsi que des microscopes électroniques et l’échographie 3D.

Il sera récompensé pour la réalisation des documentaires « Le Miracle de la Vie » (1983) et « L’Odyssée de la vie » (1996), qui gagneront 3 Emmy Awards.

En 1970, ses clichés seront même envoyés dans l’espace à bord de la sonde Voyager, carte de visite de l’humanité pour qui ouvrirait la capsule…

1eres cellules d'un'être humain human egg in utero Lennart Nilsson EmbryogenèsePremières cellules d’un être humain

Lennart Nilsson s’auto-définit d’ailleurs comme « un photographe simplement passionné par l’humain. » « Je suis poussé par le désir d’illustrer les processus vitaux qui nous concernent tous au plus haut degré bien qu’il soient invisibles. Je veux rendre l’invisible, visible. Ces processus se déroulent à l’intérieur du corps humain ou dans toute vie qui existe sur terre. Je veux éduquer les gens et éveiller en eux un profond respect pour la vie. »

Le photographe se voyait comme « un messager entre le monde scientifique et le public« . Son travail exigeait à la fois l’implication consciencieuse d’un scientifique couplée à la patience et au tempérament d’un artiste.

Embryon 3 semaines in utero Lennart Nilsson EmbryogenèseEmbryon à 3 semaines

6e semaine, le placenta est formé in utero Lennart Nilsson Embryogenèse6e semaine, le placenta est formé

Foetus 11-12 semaines in utero Lennart Nilsson EmbryogenèseFoetus avec son placenta à 11-12 semaines

Pieds Jambes foetus in utero Lennart Nilsson EmbryogenèsePetites jambes

Embryon 2 mois in utero Lennart Nilsson EmbryogenèseEmbryon à 2 mois

Photos : Lennart Nilsson

Lennart Nilsson Photographe suédois 2015 by Nicho Södling Embryogenèse

Lennart Nilsson by Nicho Södling (2015), « Embryogenèse en images – Photographies de Lennart Nilsson »

Zanele Muholi : des mandalas avec le sang de ses lunes

Zanele Muholi est une artiste sudafricaine.

Activiste lesbienne, elle est très engagée contre les viols correctifs couramment perpétrés à l’encontre des femmes de sa communauté en Afrique du Sud.

– Zanele Muholi présente son projet « Isilumo siyaluma » (en anglais) –

Sa réponse à ces crimes de haines violents est artistique : depuis 2006, elle collecte et photographie le sang de ses menstruations pour créer une œuvre magnifique.

Elle a baptisé son projet « Isilumo siyaluma », une expression zoulou qui signifie « douleurs menstruelles ». C’est sa façon à elle d’exprimer sa colère. Chaque mandala est en effet un hommage à une victime de ces crimes haineux ou à une survivante.

Son œuvre ne se centre pas autour des douleurs menstruelles en soi, mais utilise le sang comme fil conducteur symbolique. Elle a choisi le sang de ses lunes, car il provient de l’espace sacré de nos utérus qui nous caractérise universellement en tant que femmes. C’est l’espace à travers lequel nous venons au monde, nous donnons la vie, et c’est ce même espace qui est violenté. Le sang devient alors celui des victimes et le « sang témoin » au moment de la réalisation des autopsies.

Zanele Muholi poursuivra son projet « aussi longtemps qu’elle saignera et que les corps des femmes seront violentés. »