Le rebozo, un soin au féminin

Les Mexicaines l’arborent depuis des siècles et ont même donné son nom à une technique de relaxation profonde, de plus en plus pratiquée en France. Pour comprendre sa puissance, nous avons testé le « soin rebozo » et découvert un patrimoine féminin universel.

 Rebozo Echarpe Châle Soin Rebozo Rituel de passage féminin
Le rebozo est un châle léger, porté depuis l’époque préhispanique par les Mexicaines. En coton, il protège du soleil et peut servir de panier, y compris pour porter son bébé. Popularisé au début du siècle dernier par l’artiste nationale Frida Kahlo, son utilisation reste courante au Mexique, où il est une fierté culturelle, toutes catégories sociales confondues. A la puberté, chaque jeune fille se voit offrir son propre rebozo, symbole de féminité.

Un héritage traditionnel

Dans un pays où la figure maternelle est sacrée, l’étoffe fait l’objet d’un soin post-natal très apprécié, qui utilise l’écharpe pour ceindre les membres, lentement. Après l’accouchement, la femme est invitée à rester allongée avec son bébé pour reposer leurs corps et encourager le lien mère-enfant. Ses sœurs, tantes, amies ou voisines s’occupent d’eux et prennent en charge les tâches quotidiennes. Au bout de quarante jours, la maman reçoit le soin rebozo, qui permet de nettoyer les toxines de la grossesse et vient marquer cette nouvelle étape de sa vie. Au Mexique, Laurence Kerbarh et Virginie Derobe ont rencontré des accoucheuses traditionnelles et appris à leurs côtés les gestes de ce soin ancestral. De retour en France, elles l’ont adapté et ouvert à toutes les femmes : « Ce soin s’adresse à toutes celles qui sont en train de passer un cap dans leur vie, qui traversent une épreuve ou un changement.» Après une naissance mais aussi face au deuil, à une séparation, un mariage ou une réorientation professionnelle, le soin rebozo est l’occasion d’un recentrage personnel. Donné par deux femmes à une troisième durant deux heures et demie, il est pensé comme une célébration du corps féminin et s’adaptera à la jeune fille qui vient d’avoir ses règles comme à la femme qui entre dans sa ménopause. Une bulle hors du temps, composée de trois étapes majeures, vers une décontraction totale.

Trois femmes, trois temps forts

D’abord il y a le massage à quatre mains. L’odeur de l’huile tiède et la juste pression synchronisée des praticiennes sont une invitation au relâchement. Contrairement à un modelage simple, lorsque quatre mains vous parcourent le corps, le cerveau n’est plus capable de suivre leurs mouvements et lâche prise complètement. Puis vient le temps de la montée en chaleur dans un bain chaud ou un hammam aromatisé aux plantes. Au Mexique, la chaleur a des vertus théapeutiques. Dans les villages, la plupart des familles utilisent encore le temazcal, une petite hutte à sudation de forme utérine, adossée à la maison. Une tisane astringente composée de romarin, de piment, de cannelle et de miel est proposée tout au long du soin. L’objectif est de chauffer le corps de l’intérieur et de l’extérieur pour dilater les tissus et détendre l’esprit. La transpiration se poursuit, la receveuse allongée sous plusieurs couvertures confortables. Emmailloté délicatement, le corps est enveloppé des pieds à la tête, dans un demi-sommeil.
Enfin, c’est le resserage proprement dit : les deux femmes vont placer et nouer le rebozo, en sept points clés du corps : tête, épaules, taille, bassin, mollets et pieds. Disposée de chaque côté de leur cliente, chacune tient un bout du châle qu’elle va tendre progressivement. L’effet est remarquable sur les muscles et les tensions. « C’est elle qui nous dit quand la pression lui suffit », précise Laurence. Parce qu’elle contacte notre mémoire corporelle, celle de l’enfant, contenu, qui s’abandonne, l’expérience est d’une grande force émotionnelle.
Le but : sentir ses contours et réunifier son schéma corporel pour se retrouver soi. La richesse du soin rebozo vient de ce mélange entre méthode et savoir-être intuitif. Une connaissance transmise de femmes à femmes qui trouve ses équivalents partout dans le monde

Post-accouchement

Les femmes qui viennent d’accoucher ont toutes en commun ce besoin d’être très fermement serrées au niveau du bassin, comme pour « se refermer ». Certaines communautés africaines encouragent le port d’un pagne serré sur le bas-ventre, sans oublier la ceinture de grossesse qui n’a pas que des avantages esthétiques en post-partum. Le soin rebozo est conçu comme un passage : on clôt une situation pour s’ouvrir à une autre. « Nous appelons intention l’état d’esprit dans lequel la personne vient nous voir quand elle prend rendez-vous, explique Laurence. L’intention lui permet de poser ses attentes et à nous de l’accompagner au plus près de l’énergie dans laquelle elle se trouve. Cela peut être aussi de s’offrir une pause, tout simplement.» Proposé par environ cent quarante praticiennes certifiées à travers la France, il est enseigné, entre autres, à l’Ecole de formation rebozo et s’ouvre aux professions médicales qui y voient un véritable outil. En serrages doux ou en bercements, ces quelques centimètres carrés de fibres naturelles intéressent déjà les sages-femmes et les éducateurs spécialisés. S’il fait une arrivée discrète en France depuis quelques années, sa formule séduit et les séances s’offrent même en cadeaux entre filles, vers le partage d’une féminité heureuse.

Pour trouver des praticiennes près de chez vous, consultez l’annuaire : www.rebozoaufeminin.fr 

Source : BioInfo « Le rebozo, un soin au féminin » – Lucile de la Reberdiere (22 Avril 2014)

Est-ce que je peux vraiment allaiter mes jumeaux pour les nourrir? Le récit de Marina pour "A Beautiful Body Project".

Marina raconte comment se dévoiler lors de la séance photo pour A Beautiful Body Project rimait pour elle au début avec l’exposition au grand jour des failles et des ratés de son corps. Hésitante à se faire tirer le portrait en tant que maman allaitante, titre dans son esprit réservé aux mères pratiquant l’allaitement exclusif, ces « vraies » mères allaitantes dont les bébés n’ont jamais vu un biberon ni goûté une goutte de lait artificiel.

Mais voila, l’allaitement, ça s’est pas vraiment passé comme ça pour elle.

Après être passée par les affres de l’infertilité, de la FIV, d’un accouchement déclenché qui se termine par une ventouse, elle a “appris à ne pas faire entièrement confiance à son corps”, comme s’il lui manquait cette sagesse maternelle innée que beaucoup de femmes ressentent. Malgré cela, elle était décidée à allaiter. Quelques minutes seulement après la naissance de son second fils, les deux garçons, déposés sur sa poitrine, ont commencé à téter. Enfin quelque chose qu’elle pouvait faire, un des processus du maternage que son corps était capable de faire.

Après 2 semaines pourtant, elle sent que quelque chose ne tourne pas rond. Pleurs incessants et perte de poids des bébés, bataille avec elle-même pour tenir son intention : supplémentation, extraction de lait, ses bébés au sein non-stop, des litres de tisanes pour produire du lait ingurgités…mais les pleurs des petits continuent. Elle aussi en  pleure, seule, enfermée dans sa salle de bain. Elle pleure ce corps défaillant pour elle, mais aussi pour ces deux beaux bébés qui dépendent d’elle pour être nourris.

Lorsque son mari leur donne leur premier biberon, elle en larmes tout du long. Le lait artificiel synonyme de baiser mortel de l’allaitement auquel elle croyait. Les petits dévorent le bib, s’endorment saouls de lait. Ce biberon de lait faisait ce que ses seins étaient incapables de faire. Elle déteste alors ses seins pour ne pas donner assez et elle-même pour ne pas être assez : un grand sentiment d’échec et de ressentiment envers son corps, qui ramène en bloc le souvenir de toutes ces années d’infertilité, faisant écho à la douleur et aux insécurités de cette période.

Depuis, elle a fait la paix avec son corps et avec l’histoire de son allaitement. Elle ressent toujours de temps à autre du ressentiment et de la culpabilité envers son corps qui n’a pas pu donner à ses petits l’allaitement exclusif qu’elle souhaitait pour eux. Marina apprend à aimer son corps pour tout ce qu’il fait, mais aussi pour ce avec quoi il a lutté. Elle chérit le miracle d’avoir pu concevoir ces 2 incroyables bébés en dépit de tout et dévoile sa fierté d’avoir pu les avoir si longtemps au sein : lorsqu’ils lèvent les yeux vers elle, leurs petits sourires à deux dents lui rappellent que ces moments sont précieux et qu’à leurs yeux, elle est cette « vraie » maman allaitante qui réussit et qu’ils aiment de façon inconditionnelle malgré ce qu’elle perçoit comme ses failles.

Ce n’est certes pas comme ça qu’elle avait envisagé la maternité. Ses seins n’ont pas tout pu apporter à ses bébés et ils adorent désormais les aliments solides. Mais ils s’endorment encore au sein en caressant son cou, ils rampent pour téter s’ils se sont fait mal ou qu’ils ont peur et ils se donnent la main et jouent avec les cheveux de l’autre lorsqu’ils sont au sein ensemble. Cette expérience lui a appris à aimer son corps allaitant, même s’il est un peu mou et manque de tonus. Elle chérit tous ces moments d’intimité et de complicité avec ses bébés et s’émerveille de toutes les petites choses que son corps a accomplies et continue de faire.

Photos et récit recueillis par Ashley Nayler, l’une des photographes thérapeutiques pour A Beautiful Body Project, basée dans l’Ontario (Canada).

Pour en savoir plus sur son travail, vous pouvez aussi la suivre sur Facebook/ashnaylerphotography

Source :  A Beautiful Body Project  ~Traduction Brigitte Rietzler // Temesira

 

 

La vision ayurvédique du post-partum

La naissance n’est que le tout début de la grande aventure qu’est la maternité. C’est après que tout commence. Et c’est souvent lors de cette étape que la plupart des femmes, dans notre monde occidental, se retrouvent bien seules. Elles étaient en pleine lumière pendant la grossesse, et c’est désormais le bébé qui est au centre de l’attention. Habituées à tout gérer, à « faire », à être performantes au boulot et en famille, cette étape de réceptivité et d’accueil n’est pas facile à vivre.

D’autant que les proches susceptibles de nous soutenir dans ce passage n’habitent pas forcément à côté, les amis sont chacun absorbés par leurs vies, et nous ne sommes pas non plus habituées à demander de l’aide.

Les familles sont devenues de petites entités-la responsabilité d’accompagner un enfant qui grandit repose principalement sur 2 personnes- alors qu’auparavant, la famille élargie et la communauté étaient plus présentes. Un proverbe africain dit d’ailleurs que « pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village. » Alors, construisons-nous la « tribu » qui nous convient, tissons des réseaux d’entre-aide, de soutien et de partage autour de nous afin de mieux vivre le post-partum et tous les passages de vie!

Pour s’inspirer, on peut observer que dans de nombreuses cultures traditionnelles (en Asie, en Afrique, en Amérique Latine), les femmes sont bichonnées par d’autres femmes de leur famille ou de leur entourage. Elles gèrent toute l’intendance, apportent leur soutien, prodiguent des massages, cuisinent, s’occupent des autres enfants…Présence, accompagnement et transmission permettent à la nouvelle maman de mieux vivre cette transition et de pouvoir pleinement établir le lien avec son bébé. Dans ces contrées,  la dépression post-partum n’existe tout simplement pas!

Shabd ‘Simran’ Adeniji est sage-femme. Elle a grandi en Inde et nous expose la vision ayurvédique du post-partum que je vous laisse découvrir :

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« J’adore partager la belle coutume indienne des relevailles pendant la période postnatale, période durant laquelle les mamans et leurs bébés restent à la maison pendant 40 jours après la naissance. Je connais bien cette tradition car j’ai grandi dans une communauté Sikh et ai vécu en Inde pendant 12 ans. En tant que mère et sage-femme ayant exercé pendant 8 ans en Nouvelle-Zélande, j’ai beaucoup de plaisir à voir la résurgence de cette pratique postnatale aux Etats-Unis, une tradition commune dans la plupart des pays non occidentaux.

 

Pourquoi 40 jours?

Bien que le laps de temps de cette étape varie, dans la plupart des communautés indiennes, la période des relevailles dure quarante jours ou environ six semaines, ce qui correspond au temps nécessaire à la plupart des femmes pour établir l’allaitement. Les relevailles sont également favorables à la convalescence physique et le niveau d’énergie remonte peu à peu afin de pouvoir revenir aux activités d’une vie normale. Un proverbe indien dit d’ailleurs que « les 40 premiers jours de vie auront un impact sur les 40 prochaines années de vie ».

Les quarante jours des relevailles permettent au corps de la femme de récupérer de l’intensité de l’accouchement : alors que les niveaux hormonaux changent drastiquement, l’utérus revient également à sa taille d’avant la grossesse, la production de lait s’établit et les incisions du périnée ou les césariennes cicatrisent.

Les femmes deviennent mères (même si ce n’est pas pour la première fois) en assimilant les événements liés à la naissance, en s’ajustant au manque de sommeil et en répondant aux nouvelles demandes de leur corps. Cette étape postnatale est exigeante physiquement, mais représente également une précieuse opportunité pour établir le lien avec le nouveau bébé et lui offrir une douce bienvenue en ce monde.

Que se passe-t-il pendant 40 jours?

Je me souviens très précisément des 40 jours chez moi avec ma fille nouvelle-née. En pleine lutte avec les défis de l’engorgement, tendre descente aux enfers, et les montagnes russes des changements hormonaux, j’avais besoin d’être nourrie par les autres. L’aide que mon mari et moi avons reçue nous a aidé à gagner en confiance en nous, en tant que nouveaux parents. Contrairement à ce que peuvent évoquer les relevailles, les femmes qui pratiquent cette tradition ne sont pas seules ni isolées, par conséquent leur niveau de stress et d’anxiété lié à cette nouvelle maternité baisse. Selon mon expérience, les femmes qui suivent cette pratique –y compris celles qui reçoivent de l’aide des autres- ont des taux plus bas de dépression post-partum.

L’intention primaire de 40 jours à huis clos est de fournir protection au nouveau-né délicat et sensible et de permettre à la mère de se reposer et de récupérer. En Inde, les mères sont encouragées à s’abstenir des tâches ménagères, de la préparation des repas, du nettoyage ou même de recevoir des invités. Elles peuvent profiter d’un temps souvent sous-évalué nécessaire à un repos profond et pour être avec leur nouveau-né. Sortir à l’extérieur comprend de courtes balades autour du pâté de maison pour les mamans, mais les bébés restent à la maison sauf en cas de besoin urgent de quitter la maison.

L’Ayurvéda, une médecine traditionnelle vieille de 5000 ans, considère cette période comme une étape sensible pour les mères, en particulier pour le système digestif- d’où l’accent mis sur des aliments simples et digestes. Traditionnellement, les mères reçoivent des massages à l’huile chaude tous les jours. On leur propose des aliments spécifiques mais simples et une variété de tisanes pour favoriser la convalescence et le rétablissement, booster leur immunité et améliorer la production de lait.

Comment recevoir de l’aide ?

Dans la culture traditionnelle indienne, les femmes vivent avec leur belle-famille. Après la naissance, les nouvelles mamans retournent chez leurs mères ou bien leurs mères s’installent temporairement chez elles. De nombreuses femmes proches sont habituellement disponibles pour apporter leur soutien pendant cette étape particulière. Dans nos sociétés, l’organisation post-partum requiert plus de créativité et de planification.

Certaines mamans peuvent compter sur une ou plusieurs personnes proches qui peuvent les aider pendant un temps. Pour d’autres, comme moi, la meilleure option a été de m’offrir les services de quelqu’un pour le ménage et la cuisine ainsi que de demander de l’aide à des amis proches pour d’autres types de soutien. Évidemment, c’est un engagement financier, mais pour mon mari et moi, cela a valu la peine. Je le vois comme un investissement pour le reste de ma vie et la vie de mon enfant.

 

Cherchez des personnes aidantes

Il est important de choisir des personnes aidantes qui sachent respecter l’espace sacré de ce moment. Les tâches peuvent comporter le filtrage des appels et des visiteurs, aider pour les lessives, préparer un « Badaam » épicé (recette à la fin de l’article), préparer des petits plats et des boissons chaudes tout au long de la journée, ou prodiguer un bon massage plantaire – comme l’a fait une amie pour moi pendant que j’allaitais mon bébé pour ce qui me semblait la millième fois de la journée. Les doulas du post-partum peuvent également remplir ce rôle en offrant leur soutien physique et émotionnel tout au long de ces 40 jours.

Dans notre communauté Sikh, un réseau constitué d’amis proches et membres de la famille apporte des repas à la fois simples et délicieux chaque jour pendant ces 40 jours. Un ami peut par exemple créer un « agenda des repas » qu’il coordonnera avec ceux qui s’engagent à cuisiner un repas par semaine pendant six semaines. Cela permet de respecter ces 40 jours pour la maman, même si aucun membre de la famille n’habite dans les environs. D’autres membres de la communauté prennent souvent en charge les autres enfants ou les animaux domestiques, ce qui est très aidant pendant cette période. Tout soutien qui réduit la pression sur la mère et la famille est un cadeau parfait pendant ces premières semaines.

Je sais bien que cela peut être un vrai défi pour les nouvelles mamans de s’organiser pour s’octroyer 40 jours de repos dans leurs vies occupées et stressantes. Certaines mamans ont besoin de retourner travailler ou ont d’autres enfants dont elles doivent s’occuper. Pour autant et malgré toutes ces circonstances, j’encourage les femmes à demander et à accepter de recevoir l’aide dont elles ont besoin pour se rétablir et créer le lien avec leur bébé. Ces premières semaines ne sont à nulle autre pareilles. Peut-être que tout le reste peut attendre pendant seulement 40 jours ? »

 

Recette de la boisson ayurvédique “Badaam”

Faites tremper 10 amandes toute une nuit

1 tasse de lait chaud
½ càc de Ghee (beurre clarifié)
1 càc de miel ou sirop d’érable
1 pincée de curcuma (optionnel)
Enlevez la peau des amandes. Mixez tous les ingrédients ensemble.

Faites chauffer le mélange à feu doux. Servez chaud.

 

Article écrit par Shabd ‘Simran’ Adeniji, sage-femme et éducatrice parentale à Santa Fe au Nouveau Mexique.

Vous pouvez également consulter sa page web : www.mynurturingsolutions.com

Source : Ayurvedic Postpartum by Peggy  O’Mara ~Traduction Brigitte Rietzler // Temesira

La naissance de notre “devenir mère”

Laura Gutman, psychothérapeute familiale et écrivaine argentine, aborde la période post-natale et le « devenir maman » à travers le prisme de la fusion émotionnelle maman-bébé. Elle invite chaque nouvelle maman à cheminer dans son propre labyrinthe intérieur, à regarder avec honnêteté ce qu’elle vit et les aspects non-résolus de son passé qui resurgissent, afin de pouvoir s’en libérer et de trouver les ressources qui lui permettront de mieux prendre soin de l’enfant qui vient au monde.

 

Qui ne se souvient pas d’avoir passé son enfance à s’entraîner avec ses poupées à bercer, calmer, habiller, déshabiller, gronder et endormir un bébé? Et pourtant, lorsqu’un “vrai” bébé, le notre en l’occurrence, fait irruption dans notre vie d’adulte, quelle surprise de constater que le petit monstre que nous avons dans les bras et qui se borne à hurler aux pires moments est à mille lieux du bébé dont nous avons tant rêvé. Et que non, les bébés ne font pas que manger et dormir ! En réalité nous nous retrouvons prisonnières d’un être vorace, bougon, aux besoins intenses et aux demandes impossibles à combler. 

Cette surprise, justement, ne viendrait-elle pas de notre ignorance du phénomène de “fusion émotionnelle” quand, en tant que femme, nous entrons dans l’étape de la maternité ? Pour bien aborder ce concept, il est nécessaire de s’ouvrir au fait que la réalité n’est pas seulement constituée d’éléments visibles, concrets et palpables, mais aussi de mondes subtils, de champs émotionnels, perceptifs, intuitifs et spirituels qui, bien qu’invisibles, tirent pourtant le fil de notre vie consciente.

Concernant la dyade maman-bébé, il est important de comprendre que les deux appartiennent au même territoire émotionnel -telles deux gouttes d’eau dans l’océan-, et que cette union sans limites précises perdure, malgré la séparation des corps dès l’accouchement et la naissance du petit.

“Fusion émotionnelle” entre maman et bébé signifie que nous sentons la même chose, percevons la même chose, et ce, quelle que soit l’origine de la sensation, que le sentiment appartienne au présent, au passé ou au futur, car ces frontières temporelles n’existent pas dans le monde émotionnel. De fait, en tant que mère, quand un son trop fort nous est intolérable, s’il y a trop de gens autour de nous et que cela nous angoisse, ou que nos seins se remplissent quelques secondes avant qu’il ne se réveille, c’est que nous “ressentons comme un bébé”. De même, le bébé “ressent comme sa maman” lorsqu’il exprime à travers les pleurs ou une maladie, chaque situation émotionnelle face à laquelle nous nous sentons démunies : l’exigence du partenaire, les difficultés économiques, l’absence ou l’éloignement de notre propre mère, les pertes affectives, etc.

Le plus impactant de toute cette prise de conscience liée à la “fusion émotionnelle”, est que l’enfant vit le vécu de notre propre enfance comme s’il était le sien, s’actualisant et se manifestant dans son corps. Notamment ces vécus que nous avons “oubliés”, passés “dans l’ombre”. La véritable difficulté de la jeune mère n’est finalement pas tant de s’occuper correctement du bébé, que de se confronter à sa propre douleur face à la résurgence de ses peines de petites filles non cicatrisées. Devenir réellement adulte, c’est prendre conscience que nous avons désormais à notre disposition toutes les ressources émotionnelles pour assumer pleinement notre vécu et les choix que nous avons pu faire.

Concrètement, pourquoi ne pas faire l’essai aujourd’hui -quand nous n’arrivons pas à calmer  notre bébé en lui offrant le sein, en le berçant, en lui parlant, ou en l’emmenant se promener-, de nous remémorer une situation douloureuse ou non résolue de notre enfance, en rapport avec le lien avec nos parents ? En réussissant à faire remonter un vécu significatif, nous pourrons peut-être identifier et nommer avec des mots simples cette douleur, cette souffrance, colère ou honte que l’enfant perçoit en nous. En lui disant la difficulté ou le désaccord que nous vivons actuellement avec notre partenaire, les soucis concernant le manque de travail, le ras-le-bol des malentendus avec la voisine, ou même l’angoisse sourde pour cette amie qui a émigré. Force sera de constater qu’il se calmera. Parce qu’il saura de quoi il s’agit.

Et quoi de plus précieux, pour chacune d’entre nous, que de prendre conscience de certains sentiments que nous avions écartés parce qu’ils nous semblaient vieux, obsolètes ou sans valeur. Ainsi nos enfants -miroirs de l’âme maternelle- nous aident à nous reconnaître telles que nous sommes et nous invitent à donner la priorité à ce que nous avons à régler avec nous-mêmes. Nos bébés pleurent nos peines, vomissent nos ras-le-bol, se recouvrent de nos intoxications émotionnelles et se rendent malades de nos incapacités à nous regarder avec honnêteté.

Cela ne veut pas dire que nous devons avoir une vie exemplaire, ni que nous sommes “coupables” de ce qui arrive à nos enfants. L’acte de materner est au contraire une opportunité pour nous, les femmes, de découvrir le moyen de nous connecter à notre monde émotionnel richissime, de nous comprendre et de nous respecter. Le fait que notre enfant soit confronté à nos désirs et fantasmes refoulés nous oblige à nous poser des questions existentielles, intimes, authentiques et profondément féminines.

Non, nous ne devenons pas mères d’office au moment où nous accouchons de l’enfant. C’est lorsque nous vivons un moment de désespoir, de folie et de solitude au milieu de la nuit avec notre enfant dans les bras, quand la logique et la raison ne nous sont d’aucune aide, que nous nous retrouvons coupées de toute notion du temps, que la fatigue est sans fin et qu’il ne nous reste plus qu’à nous en remettre à cet enfant qui exprime notre moi profond et que nous ne pouvons pas faire taire, c’est alors que nous pouvons dire que notre mère intérieure est née.

Laura Gutmanhttp://www.lauragutman.com.ar/

Article publié dans la revue « Rêve de Femmes » n°28 – Automne 2012, p.22-23 ~ traduit par Brigitte Rietzler // Temesira

Illustration « Fusión » © Lorena Franzoni

 

Le soin rebozo : un soin ancestral venu du Mexique

Reprenant le nom d’un châle au tissage assez robuste pour supporter le poids du corps, le soin rebozo est une technique de relaxation, de recentrage, voire de «passage», destiné aux femmes et dispensé par des femmes. Après un accouchement, au moment de la ménopause ou encore suite à une séparation amoureuse, le soin rebozo aide à se réconcilier avec son corps, à se recentrer et à regrouper ses énergies, pour par exemple passer une étape sensible tout en douceur. Explications sur ce soin venu d’ailleurs.

Le rebozo, kesako?

L’écharpe rebozo trouve ses origines au Mexique, où elle constitue un accessoire quasi quotidien des femmes. Portage des bébés, hamac, baluchon, châle vestimentaire, son utilité est multiple et sa robustesse lui confère praticité et durabilité.

Instrument essentiel des sage-femmes traditionnelles, l’écharpe est utilisée au moment de l’accouchement, pour bercer et balancer la femme, soulageant ainsi ses douleurs, et l’apaisant de façon à ce qu’elle soit plus sereine pour affronter ce moment-clé de sa vie.
L’écharpe sert aussi à faire des mouvements d’enserrage et de manipulation non-intrusive, pour déplacer un bébé mal positionné par exemple; on appelle alors cette technique la “sobeada” (du verbe espagnol ‘sobar’, pétrir).

Aujourd’hui le rebozo est un symbole de fierté des femmes mexicaines, quelles que soient leurs origines sociales. Dès la puberté, chaque femme acquiert son propre rebozo, qui matérialise sa féminité.

Si cette écharpe se prête à de multiples usages, elle donne aussi son nom à un soin particulier : le soin rebozo.

Le soin rebozo

Le soin rebozo est pratiqué par des femmes pour les femmes. Il s’adresse aux mères et futures mères, mais aussi à toutes celles qui traversent une étape, une épreuve ou un changement dans leur vie de femme. Bien entendu, celles qui souhaitent simplement s’offrir une pause, se recentrer et se relaxer, peuvent également recourir à ce soin.

Traditionnellement au Mexique, la femme est invitée pendant les quarante jours qui suivent l’accouchement à rester allongée avec son bébé pour reposer leur corps et encourager le lien mère-enfant. Pendant cette période, les femmes de sa communauté vont prendre soin d’elle et du bébé en apportant des repas, en massant la maman, et en prenant en charge ses travaux quotidiens.
Après ces 40 jours, qui marquent la sortie de la phase fusionnelle de la mère avec son bébé, et son retour à sa vie de femme, d’amante et d’épouse, la jeune maman reçoit le soin rebozo, qui va marquer le retour aux travaux quotidiens et à la vie sociale. Là encore ce sont les femmes qui vont soutenir cette femme devenue mère.
L’objectif majeur de ce soin traditionnel mexicain est, pour chacune, de retrouver l’unité de son schéma corporel, de se réapproprier son corps de femme et de retrouver sa vitalité.

 

Les 3 étapes du soin rebozo

Tout d’abord la femme reçoit un massage à quatre mains et aux huiles essentielles. D’une durée d’environ quarante-cinq minutes, il s’agit d’un massage holistique, qui a pour objectif de détendre son corps et ses muscles, et de lui faire prendre conscience de chaque parcelle de sa peau.
Une fois massée et détendue, la femme est placée dans un bain de chaleur (traditionnellement une hutte à sudation ; aujourd’hui plutôt un bain de vapeur ou un hammam). Ouverture des pores et sudation : c’est le moment pour le corps de retrouver son lien à la Terre, à la Nature, à l’essentiel; c’est l’instant du retour à soi-même dans un cocon de chaleur humide.
Enfin, les practiciennes passent l’écharpe rebozo autour du corps de la femme, et resserrent progressivement sept parties du corps, opérant ainsi le rapatriement des énergies et le recentrage physique et mental de la femme.
L’atmosphère du soin est calme, détendue, et la femme est cajolée, écoutée, accueillie. Les practiciennes sont à l’écoute. Après le soin, la femme peut ouvertement revenir sur son expérience et le vécu qu’elle a souhaité traiter.
Une boisson chaude à base de plantes est offerte tout au long du soin, pour favoriser l’élimination, la détoxination et l’épuration.

 

Quand faire appel au soin rebozo?

Après un accouchement, la femme qui a “ouvert” son corps pour donner naissance à l’enfant, peut ressentir le besoin de se recentrer, et éprouver des difficultés à reconquérir son espace personnel et à le refermer. Elle sent son énergie dispersée, et peut sentir une fatigue intense, et une sensation de perte de contrôle. Le soin rebozo va favoriser un moment de recentrage, et de reprise de possession de son corps. Il pourra aussi opérer la transition entre la mère et la femme, renouant avec sa vie personnelle et sa vie sexuelle.

Au moment de la ménopause, le soin rebozo pourra permettre à la femme, perturbée par cette étape souvent perçue comme la fin de sa féminité et l’adieu à la fertilité, de se réconcilier avec son corps, de se recentrer sur la vie en mouvement en elle, d’accepter cette nouvelle peau, de mieux ressentir et vivre ce passage, et de l’assimiler comme une nouvelle étape dans sa vie de femme.
En cas de divorce, de perte d’emploi, ou tout autre changement important, la femme peut se sentir sans ressource, éparpillée. Le soin rebozo va lui permettre de prendre du temps pour elle, de prendre soin d’elle, de se retrouver, de se recentrer, de rassembler son énergie, de mieux faire face à la situation.
… Mais aussi à tous moment de célébration! Une bonne idée cadeau pour un enterrement de vie de jeune fille par exemple, à retenir!
Moment “à soi”, donc, et d’accès privilégié à son corps et à son être intérieur, le soin rebozo est préconisé à tout moment, que cela soit à une étape-clé de sa vie, ou tout simplement pour privilégier un rendez-vous… avec soi!

Julie L. pour NovaFemina