Au mois de février en Inde, c’est le festival de Saraswati-Puja, en l’honneur de la déesse du même nom.
Saraswati – les arts, la science, la création
Comme toutes les déités et archétypes, elle possède un certain nombre de qualités et nous renvoie à la façon dont nous manifestons ces qualités et aptitudes dans nos vies.
Dans le panthéon hindou, Saraswati est la déesse de la sagesse, de l’intuition, de la connaissance, des arts (notamment la musique) et de l’expression. Elle régit toute forme de créativité et représente l’énergie créative qui circule de façon fluide en chacun de nous. Elle est en lien avec le Verbe créateur, le son et la puissance du mantra.
Sa couleur est le blanc, symbole de pureté. Elle est souvent représentée assise sur un lotus ou un cygne blancs, elle-même vêtue de blanc. Le lotus représente la lumière, la connaissance, la vérité. Le cygne symbolise la capacité de discernement (entre le bien et le mal), la beauté et l’envol.
Les 4 bras de la déesse correspondent aux quatre aspects de la personnalité humaine dans le travail d’apprentissage : l’esprit, l’intellect, la vivacité d’esprit et l’ego.
Elle tient dans ses mains un veena (cet instrument de musique qui ressemble à un luth), un mala (associé au pouvoir de la méditation), un livre qui représente les textes sacrés (Vedas).
Comment l’invoquer?
Rituel (puja) – Péparez un petit autel avec une étoffe blanche et disposez dessus ou à côté des objets en lien avec Saraswati : une image ou statue de la déesse, des fleurs (blanches ou jaunes -couleur associée à la connaissance et la sagesse), des bougies, livres, instruments de musique, pinceaux, votre Journal, ce pour quoi vous vous connectez au pouvoir de l’intuition, des cristaux en lien avec le chakra de la gorge (par exemple une amazonite, agathe à dentelle blanche, lapis lazuli…).
Les célébrations de Ganesh Chaturthi battent leur plein : elles ont lieu cette année du 25 août au 5 septembre.
Nouveaux commencements
Ces fêtes sont célébrées chaque années à peu près à la même époque, les dates fluctuant selon la Lune.
Elles honorent le dieu à tête d’éléphant, Ganesh, appelé aussi Ganapati ou Vinayeka -Ganesh a 108 noms différents! L’un d’eux est le Seigneur des Nouveaux Commencements. En effet, Ganesh est invoqué lors des nouveaux départs, des nouvelles phases de vie, de nouveaux partenariats. Il nous invite à aller de l’avant, à poser un nouveau pas, à franchir le seuil de ces nouvelles expériences qui se présentent à nous.
Une énergie en parfaite synchronie avec notre Rentrée !
Naissance de Ganesh
C’est l’anniversaire de Ganesh. Qui dit anniversaire, dit naissance. Et les légendes circulent sur l’origine de cette déité. Il y en a 2 que j’aime particulièrement.
La première est une transmission de mes profs Susana García Blanco & Susanna Harwood-Rubin (qui elles-mêmes on étudié auprès de Douglas Brooks, éminent spécialiste de l’Hindouisme et des Religions diplômé d’Harvard).
La déesse Parvati se sentait un peu seule. Son mari Shiva, était parti dans les montagnes se retirer pour méditer et pratiquer ses rituels yogiques depuis déjà fort longtemps et la déesse se languissait. Alors qu’elle prenait un bain, elle se reconnecta à son pouvoir de création (après tout elle était bien déesse, non?) et tout en gommant sa peau et en chantant, elle se façonna un fils pour lui tenir compagnie. Lorsqu’il grandit un peu, Parvati lui donna pour mission de garder le seuil de la porte afin qu’elle ne soit pas dérangée par des visiteurs inopportuns. Ganesh prenait sa mission très à cœur. Un jour Shiva revint enfin, avec l’envie folle de retrouver sa belle et se heurta au jeune enfant lui barrant l’entrée. Fou de rage, il le décapita avec son trident. Parvati alertée entra dans une grande fureur et Shiva se sentit bien penaud en se rendant compte qu’il s’agissait de son propre fils. Avec Vishnu, Brahma et Indra, il partit dans la forêt en quête d’une nouvelle tête pour réparer la situation. Le premier être qu’ils croisèrent fut un éléphant, qui reconnaissant la présence des dieux s’agenouilla pour offrir sa tête. C’est ainsi que Ganesh eut une tête d’éléphant collée sur son corps de bébé.
La deuxième version que je partage avec vous, je l’ai découverte au fil de ma lecture de « Promenade avec les dieux de l’Inde » de Catherine Clément, et elle m’a beaucoup parlé par son lien avec le sang menstruel versé en offrande. Parvati dépose son sang menstruel dans le Gange, une femme démone l’avale et accouche d’un enfant à cinq têtes. On en enlève quatre et il reste Ganesh.
Crédit Photo : Reuters
Les festivités de Ganesh Chaturthi
Pendant ce festival, des sanctuaires éphémères colorés sont installés pour célébrer des rituels. On y place des murtis (statues ou représentations symboliques de la divinité) dont la taille varie de quelques centimètres à une vingtaine de mètres selon l’ampleur de la cérémonie (familiale ou organisée par une communauté plus importante). La présence de Ganesh est invoquée par des chants et des mantras et le dieu est ensuite vénéré pendant 10 jours par des prières et des offrandes (miel, fleurs d’hibiscus, parfums, vêtements, nourriture…). A l’issu des cérémonies, c’est l’immersion dans les flots, toujours avec des offrandes : l’esprit de Ganesh est libéré de la murti.
Bien sûr, les gourmands attendent les Modaks (ou modakas) -dont Ganesh raffole-, ces petites friandises à base de farine de riz, fourrées de jaggery (sucre de palme), noix de coco et fruits secs. La coupelle de modaks est censée contenir 21 petites douceurs.
Ganesh attrape un modak
Modaks à la vapeur
L’écologie est également de la fête. Traditionnellement les statues de Ganesh étaient réalisées en argile ou en papier-mâché, mais pour des formats plus volumineux, c’est le plâtre qui l’a peu à peu remplacée. Imaginez les dégâts après cette immersion collective d’éléphants dans les cours d’eau ! 😮 L’état du Tamil Nadu l’a donc officiellement interdit : on revient aux traditions et on innove avec d’autres matériaux bio ou de la noix de coco.
La nuit du 24 au 25 février, on célébrait Mahashivaratri en Inde, juste avant la Nouvelle Lune. Susana García Blanco est enseignante et formatrice de Yoga Anusara. C’était ma prof de yoga lorsque je vivais à Barcelone et je continue de suivre ses enseignements profondément inspirants avec enthousiasme et joie. Elle partage dans ce texte toute la symbolique de la veillée puissante et magique de Mahashivaratri.
Existe-t-il une pratique yogique plus transformatrice que le mantra ? Le mantra est un outil énergétique qui travaille sur les plans les plus subtils de notre être. C’est la puissance de la Shakti, l’énergie créative de l’Univers, sa vibration, qui crée des formes soniques en nous, dissout les limitations, donne naissance à de nouvelles structures, transmute le noyau de notre être à tous les niveaux, du physique jusqu’au plus éthérique.
En Inde, la nuit de Mahashivaratri est un temps de jeun, de méditation, de chant. C’est un temps pleinement dédié à la Conscience dans sa forme sans forme comme Shiva, la Réalité Ultime. C’est une nuit de mantra. On dit que les effets de la répétition du mantra Om Namah Shivaya, de dissoudre les obstacles, nettoyer des schémas karmiques, manifester les désirs les plus profonds émanant de notre cœur, élargir notre conscience, se rappeler notre nature essentielle de présence et félicité, sont multipliés par mille. On considère qu’à ce moment particulier de l’année, il y a une énergie spéciale propice à la connexion spirituelle et que pour se synchroniser à ce courant d’énergie, il faut rester éveillé, la colonne vertébrale droite. A l’approche de l’une des nuits les plus magiques et puissantes de l’année, une nuit de transmutation, j’aimerais vous inviter, -même si vous ne restez pas éveillés toute la nuit- à prendre un temps pour vous, pour aller en vous et répéter le Maha mantra.
Il est intéressant de constater que, l’une des Fêtes spirituelles probablement les plus importantes en Inde, est une célébration de l’obscurité, la nuit juste avant que la lune ne disparaisse complètement. Pas si étrange cependant, si l’on pense que Shiva, dans les mythes, est celui qui embrasse toujours l’obscurité, ce qui est marginal, refoulé, pour nous enseigner que tout ce que Jung nommerait « l’ombre » sont des endroits de notre être où nous rencontrons notre vraie puissance. A condition que nous soyons capables de réaliser la transformation, bien sûr. Dans la belle et longue histoire mythologique où les Devas (les lumières, les divinités) et les Asuras (les démons) doivent baratter l’Océan de Lait – une métaphore de la pratique de yoga-, et après que l’Océan leur ait offert de multiples cadeaux comme de brillantes pierres précieuses et autres trésors, arrive un moment où depuis le fond de l’Océan, émerge le poison le plus toxique et le plus vénéneux qui soit.
Après les premiers instants de panique, prenant conscience que toute forme de vie pourrait disparaître de l’Univers, tous tombent d’accord pour appeler Shiva. Il arrive, posé et calme comme à l’accoutumé. Il prend le venin, l’avale et le garde dans sa gorge. Il n’est pas intimidé et ne permet pas non plus que la toxicité du poison entre profondément dans son corps. Il le retient dans sa gorge qui devient bleue. C’est de là que vient son nom Neelakantha « celui à la gorge bleue », la même couleur que celle du chakra de la gorge, Visudhi chakra. Le chakra du verbe, du langage, de la communication. Le pont entre le cœur et l’esprit. L’endroit de la vibration, du son. L’endroit du mantra.
Cette histoire révèle un grand enseignement tantrique. Shiva ne rejette jamais le poison, il ne le cache pas non plus au loin. Il le transforme en puissance sonique du mantra, en vibration, en pulsation. Il extrait du poison son essence, qui n’est rien d’autre que sa propre essence et la transmute en énergie.
Quel que soit le poison qui se trouve actuellement dans votre vie (et je suis sûre qu’il y en a plus d’un et certains d’entre eux peuvent être vraiment toxiques), prenez-le, acceptez-le, embrassez-le, et pendant cette nuit magique répétez simplement le mantra.
Vous pouvez réciter le mantra à voix haute. Vous pouvez le répéter intérieurement en ressentant le son silencieux qui vibre en vous. Vous pouvez le chanter. Seul ou en compagnie. De quelque façon que ce soit, laissez le mantra et votre cœur se fondre l’un dans l’autre. Ressentez son pouvoir guérisseur multiplié par 1000 pendant Maha Shivaratri. Et comme me l’a enseigné Sally Kempton, répétez-le avec la conviction que « le mantra n’est rien d’autre que la Conscience Suprême qui imprègne l’Univers, qui n’est rien d’autre que vous-même ». Comme le poison. Un poison qui avec le barattage (la répétition du mantra) de l’Océan de lait (votre cœur) sera petit à petit transmuté en nectar.
par Susana García Blanco (traduction Brigitte Rietzler ~ Temesira)
Pour suivre le blog et les actualités de Susana García Blanco, c’est par ici : Rasa Lila Yoga
Diwali, la Fête des lumières, est le fil conducteur de notre pratique de yoga cette semaine. Au moment d’entrer dans les mois les plus sombres de l’année, accueillons la lumière et la chaleur dans nos vies. Accueillons la clarté pour mieux nous connaitre, illuminer nos parts d »ombres et commencer nos processus de transformation intérieure. Une pratique pour ouvrir nos cœurs et embrasser notre lumière intérieure.
La première fois que j’ai célébré Diwali, je ne faisais pas encore de yoga. C’était à Leicester en Angleterre, j’avais quinze ans…en plein voyage scolaire d’adolescents! Ces lumières qui dansaient partout, à chaque fenêtre, dans les écoles ; les femmes en sari colorés, la joie et l’ambiance de fête et d’offrande qui imprégnaient toute la ville m’ont laissé un souvenir émerveillé, un peu hors du temps, vaporeux…
Les origines de Diwali
Diwali (ou Divali) vient du mot Sanskrit Deepavali qui signifie littéralement « rangée de lumière ».
La fête de Diwali remonte à l’épopée du Ramayana. Lorsque Rama, roi exilé d’Ayodhya (l’une des sept villes sacrées des Hindous), retourna en son royaume après avoir vaincu le démon Ravana et sauvé sa femme, Sita, il fut accueilli par la population dans une ville illuminée par des lampes « dip », disposées en rangées « avali » dans les rues (d’où le nom composé Dipavali, contracté en Divali ou Diwali).
Au fil des siècles, ce « festival des Lumières » a également été associé avec la célébration des moissons et l’abondance, c’est un temps pour exprimer la gratitude. Il est aujourd’hui célébré par les Hindous à travers le monde et marque pour la plupart d’entre eux le début de la Nouvelle Année. Historiquement, cette fête symbolise la victoire du Bien sur le Mal et célèbre les Lumières et la Vie tant sur un plan personnel qu’au niveau de la communauté. C’est un temps de réjouissance et de fête entre amis et en famille. On fait un grand nettoyage chez soi, les maisons sont décorées avec de petites lampes de terre cuite et on prépare de délicieux plats que l’on partage entre tous. On remet aussi les compteurs à zéro et on règle les différends.
Sur un plan personnel, Diwali est un temps de retour à soi, pour allumer les lampes de la connaissance et de la vérité dans nos cœurs et nos esprits afin de dissiper les forces obscures et l’ignorance en nous, et permettre que notre nature brillante et notre bonté rayonnent. Lakshmi, la déesse de la prospérité, est la principale déité associée au festival. Pendant Diwali on lui demande assistance pour cultiver et accumuler l’abondance spirituelle : compassion, pardon et bienveillance.
Diwali est un temps pour réfléchir et faire le point sur nos pensées, nos mots, nos actions de l’année passée. C’est un temps pour reconnaitre et mieux comprendre nos préjugés, nos comportements négatifs et nos mauvaises habitudes afin de pouvoir commencer un processus d’auto-transformation. C’est un temps pour découvrir comment nous pouvons devenir plus aimants, bienveillants, respectueux et compétents dans nos relations : à nous-mêmes et aux autres. Et comme toute abondance -qu’elle soit matérielle ou spirituelle-, devrait être partagée avec ceux qui ont moins de chance, Diwali est aussi un moment pour réfléchir aux différents moyens à notre portée pour soutenir les autres et contribuer au monde en rayonnant de toute notre lumière.
Comme la flamme d’une lampe qui danse toujours vers le haut, Diwali est par-dessus tout un temps pour célébrer et apprécier la vie et se réjouir de l’année à venir avec des résolutions pleines de sens et de passion. Selon les mots de Gandhi, Diwali est un rappel et une opportunité d’ « être le changement que nous voulons voir dans le monde » !
Méditation
Allumez une bougie et contemplez la flamme quelques minutes. Respirez profondément. Fermez les yeux et visualisez l’éclat de la flamme au niveau de votre cœur. Continuez à respirer profondément. Méditez sur votre éclat inné, votre bonté intrinsèque et votre complétude. Laissez votre cœur s’ouvrir pleinement et embrassez votre lumière intérieure.
Mantra
OM SHREEM MAHA LAKSHMIYEI NAMO NAMAHA
Exploration Personnelle
Prenez le temps d’écrire dans votre journal :
1. Faites une liste de toutes les valeurs négatives qui empêchent votre lumière intérieure de briller pleinement (la colère, l’envie, la paresse par exemple…) et engagez-vous ici et maintenant à poser un petit pas vers ce que vous voulez nourrir à la place.
2. Faites une liste des qualités qui nourrissent votre lumière intérieure (comme la compassion, la bienveillance, la générosité) et engagez-vous à cultiver dès à présent ces qualités un peu chaque jour dans votre vie.
3. Identifiez quelques voies simples de transformation pour partager votre lumière intérieure et votre richesse de cœur avec les autres. Écouter vraiment et pleinement ce que les autres répondent à notre « ça va? », sourire aux personnes que l’on croise dans nos petites courses de tous les jours (dans les transports, dans la queue du cinéma ou du supermarché) et souhaiter le meilleur en silence pour chaque personne que l’on croise dans la rue! Engagez-vous à mettre en place l’un de ces petits gestes dans le quotidien en commençant ici et maintenant.
En tant que yogis, nous aspirons à nous alléger grâce à notre pratique purificatrice d’asanas ou de pranayama. Lorsque nous levons le voile des apparences, nous rencontrons la lumière éclatante en nous – notre Être authentique ou Atman. C’est cette Lumière que nous reconnaissons lorsque nous nous saluons mutuellement avec le mot « Namaste ».
De façon similaire, lorsque nous nous retrouvons face à notre côté obscur ou que nous expérimentons des moments sombres dans nos vies, nous recherchons la clarté et la lumière de la sagesse – c’est un message universel à toutes les célébrations de fin d’année en lien avec la symbolique de la Lumière.