Allaitement maternel, le lien qui libère – par Coline Enlart

En attendant d’avoir lu le dernier livre de France Guillain « J’allaite mon enfant » (Ed. La Plage), je partage l’article très pertinent de Coline Enlart, publié dans Top Nature (mars-avril 2018).
En effet, par ce blog, j’ai envie de vous apporter toutes sortes de ressources qui abordent le devenir maman sous toutes ses coutures.  On voit passer beaucoup d’infos sur les réseaux sociaux ou dans les magazines, parfois difficile à retrouver ou qui, trop vite, se diluent dans la masse : on finit par perdre le fil. Cet article est précieux, je souhaitais qu’il reste accroché quelque part sur la Toile, ici 🙂
Coline Enlart est journaliste, « tendanceuse » BIO et fondatrice dudit magazine top, que vous  trouverez dans vos magasins bio (Naturalia) ou aussi ici en pdf. Egalement au sommaire du bimestriel ce printemps, découvrez des recettes pour les veggies kids et l’interview de  Shantala Shivalingappa, danseuse virtuose que j’adore, qui parle de son choix d’être vegan.

Et pour en revenir à France Guillain, elle est l’auteure entre autre du Bain dérivatif, qui permet d’agir sur l’inflammation, mère de nombreux problèmes de santé. J’ai aussi une petite pensée pour elle les matins où je me prépare un Miam Ô Fruits, l’un de mes petits-déjeuners incontournable depuis déjà quelques années. Sans plus attendre, voici l’article qui vous permettra de la découvrir un peu plus au passage :

Aujourd’hui, nombreuses sont les femmes qui considèrent que l’allaitement n’est pas compatible avec leur vie active et leur autonomie. Dans son nouveau livre, France Guillain anticipe leur questionnement et leur donne les clés d’un allaitement réussi et d’une maternité active.

France Guillain n’est pas tombée de la dernière pluie. Aux antipodes de ces auteurs de livres de compilation qui ne font que rassembler des lieux communs au titre de conseils pratiques, elle sait de quoi elle parle et ses guides s’avèrent nourris par l’expérience. Une soixantaine de livres au total dont aujourd’hui J’allaite mon enfant, longtemps après son ouvrage emblématique Le bain dérivatif qui met en lumière une technique naturelle aussi révolutionnaire qu’accessible puisqu’elle ne demande qu’un peu d’eau pour être appliquée.
Aux yeux de France Guillain, l’allaitement se présente comme une évidence : elle a elle-même allaité ses cinq enfants alors que sa vie ne se résume pas vraiment à un long fleuve tranquille, plutôt à une expédition sur les terres de la découverte et de l’ouverture d’esprit. Vingt ans de tour du monde à la voile ponctués de diplômes et de recherches scientifiques en même temps que de naissances d’enfants : France Guillain ne s’en laisse pas conter et le récit de son parcours révèle une détermination sans faille au cœur de laquelle les méthodes naturelles font figure de repères et ont tout à gagner car elle sait les utiliser avec intelligence, les conseiller avec discernement. Son expérience de l’allaitement traduit une vraie connaissance des fondamentaux tels que l’argile verte, l’alimentation saine, les bains dérivatifs, évidemment, et tous ces gestes de bienveillance quotidienne envers notre corps et celui de notre enfant que nous, femmes autonomes et sereines, avons appliqués au fil de nos années d’engagement personnel envers la grossesse, la naissance et la petite enfance.

J'allaite mon enfant Livre Editions La Plage France Guillain Allaitement maternel Féminisme

NOUS NE SOMMES PAS DES FONCTIONS

Le préambule de France Guillain est clair et net : l’amour maternel ne se mesure pas à la manière de nourrir son enfant. Nous ne sommes pas des fonctions, assène-t-elle d’emblée et cette prise de parole a le mérite de bien camper les frontières de la maternité. Que personne ne s’aventure à faire de l’auteur une égérie exaltée aux attributs idéologiques : ce n’est pas son propos. A travers un allaitement naturel à la demande, il ne s’agit pas de servir la soupe à quelque mouvement bien-pensant que ce soit, fût-elle BIO et de saison. Le pouvoir aux femmes et aux bébés !

La mère, et la mère seule, doit décider d’allaiter ou non son bébé au sein. Les critères de cette décision doivent être examinés à la lumière d’éléments objectivables et non de diktats sociaux qui ne peuvent que réduire l’autonomie des femmes, qu’ils orientent le choix dans un sens ou dans l’autre.
Non, la maman ne peut pas ignorer que le lien de corps entre elle et son bébé, ce maternage favorisé par l’allaitement permet de tisser un attachement profond sur lequel les bases de la sécurité intérieure se construisent. Et plus tard, l’autonomie : comme un lien qui libère.
Pas plus qu’elle ne peut ignorer que le colostrum du lait maternel (liquide épais et jaunâtre faisant office de « lait des premiers jours »), encourage fortement le bon fonctionnement du système immunitaire de l’enfant à coup d’immunoglobulines qui vont jouer à long terme un rôle anti-infectieux très important. Des protéines, donc, mais également des vitamines et des minéraux : un trésor à l’état brut. Chez France Guillain, les cinq enfants, des filles, ont été allaitées, en mer ou à terre, entre un an et un an et demi, qu’elle eût à travailler comme tout le monde ou à barrer son bateau, pas comme tout le monde. Comme elle le dit elle-même : « Une des merveilles avec le lait maternel, c’est que les bébés ne sont pas malades ou vraiment si peu que l’on ne se fait pas de souci pour leur santé. Pas de diarrhées, pas de constipation, l’essentiel est que la maman se nourrisse avec intelligence. Et qu’elle mastique bien des produits frais, naturels. » Nous ne sommes pas réductibles à des fonctions, nous sommes libres, nous avons le choix : à nous de nous donner les moyens de ce choix sans nous placer a priori dans le spectre obscur de l’esclavage et de la soumission, alimenté tant par des lobbys que par les idées reçues.

Allaitement France Guillain j'allaite mon bébé Féminisme John Dowland

ET LE FÉMINISME ?

La décision de l’allaitement maternel pose de vraies questions sur le rapport à son enfant que l’on entend privilégier sur la durée. Avant toute chose, à quels mécanismes inconscients fait appel cette décision, tant en terme d’histoire familiale que de projection sociale ? Comme le souligne France Guillain, trois types de compétences définissent l’allaitement maternel pour les mammifères que nous sommes : l’instinct, les compétences archaïques et les compétences acquises. Alors que, fortes de leur pouvoir tentaculaire, les idées reçues persistent à mettre à mal des données scientifiques, physiologiques et psychologiques en faveur de l’allaitement maternel, de nombreuses femmes prouvent que l’on peut parfaitement mener une vie professionnelle, une vie conjugale et une vie personnelle équilibrées tout en favorisant le développement affectif de son bébé par l’allaitement. N’en déplaise aux féministes de pacotille qui envahissent les réseaux sociaux de leur discours inféodé aux stéréotypes dominants, le féminisme est affaire d’autonomie durable, pas d’infantilisme normatif, et il s’accommode fort bien de la liberté d’allaiter. France Guillain passe ainsi en revue ces idées convenues tout en donnant immédiatement au « problème » qu’elles soulèvent la solution concrète qui leur tord gentiment le cou, de l’allaitement qui abime la poitrine aux seins trop petits pour allaiter, en passant par l’absence de bouts de seins et autres craintes dites féminines. Quant à la psychanalyse mal comprise qui culpabiliserait systématiquement les femmes qui allaitent sou prétexte qu’elles étouffent leur enfant (???), nous avons ainsi connaissance de ses limites : il ne s’agit pas là de psychanalyse mais encore une fois de discours social inversé. Un assujettissement de plus.

LES BONS ACIDES GRAS

Obstétricien, ancien chef du service de chirurgie et de la maternité pilote de Pithiviers puis sage-femme à domicile en Angleterre, le docteur Michel Odent a écrit avant tout le monde, en 1990, un ouvrage très documenté sur l’importance pour le développement du cerveau de l’enfant, des acides gras essentiels contenus dans le lait maternel. Ainsi que le rappelle France Guillain dans son livre, l’allaitement maternel favorise des connexions synaptiques dans le cerveau du bébé qui ne seraient jamais activées autrement, et ce sont les acides gras polyinsaturés présents dans le lait maternel qui expliquent ces connexions. Ils interviendraient non seulement au niveau du développement cérébral et rétinien, mais aussi au niveau de la synthèse des médiateurs de l’inflammation et des médiateurs vasculaires. Sur ce point réside sans doute l’un des arguments les plus déterminants en faveur de l’allaitement maternel en terme de santé pour l’enfant. Dans ce sens, l’OMS préconise aujourd’hui un an d’allaitement. Et personne ne songerait à reprocher à l’OMS de défavoriser les lobbys des laits maternisés ! Précisons cependant au passage qu’en cas d’impossibilité de mettre en place un allaitement confortable et joyeux, ce sont bien évidemment des laits maternisés certifiés BIO qu’il convient de choisir.

Sachant qu’un allaitement au sein se prépare avant la naissance du bébé, les solutions naturelles s’imposent au fil des jours à la maman qui apprend à les connaître. Argile verte, bains dérivatifs, huiles de massage pour les seins, tisanes galactogènes, alimentation biologique complète privilégiant les céréales, légumineuses, graines germées, huiles de première pression, fruits séchés, fruits et légumes frais de saison, et limitant sérieusement les apports de produits laitiers conventionnels ainsi que la consommation de gluten : l’allaitement ne sera qu’un jeu d’enfant qui apportera une joie profonde au bébé, à la maman et à son compagnon, ou sa compagne.

L’ACCOUCHEMENT

Les conditions d’accouchement déterminent en grande partie les conditions d’allaitement. Plus la future maman se trouve stressée par le contexte hospitalier, l’encombrement de la maternité, la précipitation de l’obstétricien, la surcharge de travail des infirmières…, moins l’évidence de l’allaitement s’imposera à elle si elle se sent insécurisée et par conséquent vulnérable à la pression extérieure. Non, il ne faut pas accepter de biberon « en attendant » aux tous premiers instants sur terre du bébé. Oui, il faut lui laisser le temps de prendre le sein quand il est allongé sur le ventre de sa maman, au moment de sa naissance. Oui, il est préférable de le garder contre soi, en peau à peau, lorsqu’il voit le jour. Oui, un petit bain avec la complicité du papa s’avère bienvenu au plan sensoriel pour compenser la brutalité de la sortie du ventre maternel… Oui, génial obstétricien précurseur, puis écrivain et photographe, Frédérick Leboyer voyait juste lorsqu’il disait que la naissance doit être pratiquée sans violence… Oui la douceur de l’accueil dans le cadre de l’accouchement enfante un sentiment de sécurité durable pour le bébé et favorise l’autonomie affective de l’adulte qu’il sera bientôt… C’est en lien avec tous ces paramètres que l’allaitement s’inscrit harmonieusement. Oui, l’allaitement désiré est une merveille. Le bébé est un mammifère, répétait Michel Odent. Oui, nous sommes des mammifères, heureuses de prendre dans la société la place que nous choisissons et d’offrir cette autonomie à nos bébés à travers une naissance sans violence et un allaitement qui célèbre la plénitude.

Crédits Photos : John Dowland

A LIRE :
– Attendre bébé autrement, Catherine Piraut-Rouet & Emmanuelle Sempers-Gendre, Ed. La Plage
– Elever son enfant autrement, Catherine Dumonteil-Kremer Ed. La Plage
– Pour une naissance sans violence, Frédérick Leboyer, Ed. Seuil (collection Points)
– Shantala, Frédérick Leboyer, Ed. Seuil
– Le Bébé est un mammifère, Michel Odent, Ed. L’Instant Présent

J’ajoute :
– Quels laits pour mon bébé, Candice Levy, Ed. Souffle d’Or
– La page de France Guillain

RESSOURCES ALLAITEMENT :
– Véronique Darmangeat, conseillère en allaitement IBCLC et formatrice : Centre Allaitement et blog A tire d’Ailes
– Carole Hervé, Question d’allaitement, conseillère en allaitement IBCLC (Carole se déplace à domicile, propose également des consultations par Skype/Facetime, et in English if needed)
– La Leche League

Photos d’accouchements – Natalia Roca

Je partage aujourd’hui le projet « Mettre au monde » de la photographe argentine Natalia Roca. La photo est le medium artistique que je préfère et qui me touche profondément. Et  j’apprécie particulièrement lorsqu’un photographe pose son regard, à la fois humblement et avec toute la force de l’engagement, pour que les femmes du monde entier puissent nourrir leur imaginaire et puiser de la force dans des clichés inspirants, qui redonnent à la femme et au processus de l’accouchement toute leur puissance.

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C’est exactement ce que réalise Natalia Roca à travers cette série où elle documente l’accouchement, à travers des clichés intimistes, à la lumière tamisée. Des clichés profondément émouvants, à la juste distance de l’intensité et l’intimité de l’accouchement, empreints d’un profond respect envers ces familles et le rythme de la physiologie.

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29 décembre 2014
Projet « Mettre au monde »

« Je travaille sur ce projet depuis la naissance de mes enfants, depuis que je suis entrée en contact avec l’univers des accouchements respectés ou humanisés.

C’est un projet de témoignage d’accouchements, de portraits de familles qui ont choisi un environnement respectueux de leurs temps naturels et physiologiques pour le déroulement de l’accouchement, dans l’intimité, accompagnés par des doulas, des sages-femmes, des obstétricien(ne)s.

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Ce projet est né pour diffuser le fait qu’un autre paradigme de l’accouchement est possible. Une façon de vivre intensément ce processus, pendant lequel la maman, le bébé et la famille sont les principaux protagonistes.

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Les accouchements à domicile (AAD) sont présentés comme une alternative valable, un véritable choix.

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Il y a une composante essentielle dans chacune de ces naissances : c’est la conscience de tout le processus. C’est saisissant!

Si nous sommes capables de simplement observer, cela nous apporte énormément de sagesse.

J’aime capter, enregistrer les accouchements, les naissances, je ne peux pas expliquer avec des mots ce que je ressens à ce moment-là, tout tremble, les larmes perlent, je n’ai jamais capté d’instant plus émouvant ni d’une vibration aussi élevée.

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Je remercie la vie et chacune de ces familles, l’opportunité qu’ils m’ont donnée, cet espace-temps où je me situe pour être la témoin privilégiée du plus grand miracle : celui de naître.  » Natalia Roca

Pour accéder à  la page web de l’artiste : http://www.nataliaroca.com

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Version española :

29 diciembre, 2014
Proyecto Dar a luz

« Trabajo en éste proyecto desde el nacimiento de mis hijos, de entrar en contacto con el universo de los partos respetados ó humanizados.

Es un proyecto de registro de partos, de retratos de familias que han parido en un entorno respetuoso, de sus tiempos naturales y fisiológicos para el desencadenamiento del parto, íntimo, acompañado por doulas, parteras, obstetras.

Este proyecto nace para difundir que es posible otro paradigma en el parto. Una manera de vivir intensamente ese proceso, donde fundamentalmente la madre, el bebé y la familia son los protagonistas.

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Los partos en el hogar como una alternativa válida, una elección.

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Hay un componente esencial en cada uno de éstos nacimientos; y es la conciencia en todo el proceso. Es asombroso.

Traen mucha sabiduría si somos capaces de observar.

Amo registrar partos, nacimientos, no puedo explicar con palabras lo que siento en ese momento, todo tiembla, las lágrimas brotan, no he registrado instante más conmovedor ni de más alta vibración.

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Agradezco a la vida y a cada una de éstas familias, la oportunidad que me han brindado, éste lugar/tiempo que me ubicó para ser testigo privilegiada del milagro más grande: nacer. » Natalia Roca

Vidéo Naissance respectée de Xoan à l’hôpital, Espagne – 28.07.2011-

Merci à ces parents de partager leur belle expérience si émouvante et intime. On le voit : les besoins d’une femme en travail peuvent parfaitement être respectés en milieu hospitalier. A condition que la future maman demande ce dont elle a besoin et que le personnel médical sache l’accueillir et l’accompagner sans intervenir à tout prix.

« Grâce à cette vidéo, nous souhaitons revivre et partager la meilleure expérience de nos vies et également soutenir et promouvoir l’accouchement « humanisé » et respectueux de la mère, la famille et l’enfant.
Nous entendons par « accouchement humanisé » celui qui a lieu de façon naturelle, en respectant les temps et les besoins de la mère et de son bébé dans un cadre agréable et paisible. C’est le droit de la femme de mettre au monde de cette façon et d’exiger que ce droit s’applique. En Espagne on peut présenter un projet de naissance, qui ne garantit malheureusement pas que ses différents points soient respectés. Certains hôpitaux respectent cependant les recommandations de l’OMS. »

Voici notre expérience :

Pendant l’accouchement, la maman n’a eu ni rasage du pubis, ni lavement, ni pose de voie veineuse. Elle a pu boire et manger pendant toute la dilatation et a pu adopter la position de son choix. Elle n’a eu ni péridurale, ni forceps, ni ventouse, ni épisiotomie. Le bébé n’a été séparé de sa maman à aucun moment et on ne lui a administré aucune injection ni appliqué aucun onguent. »

 

AAD d’Eden par le siège – Video

Rares sont les femmes qui ont assisté à un accouchement avant de passer elles-mêmes par cette expérience.

Nous n’avons pas beaucoup d’images positives de la naissance ni de représentations puissantes de ce moment intense et unique. C’est pour nourrir cet imaginaire que j’ai décidé de partager au fil de mes découvertes, des images d’accouchements et de naissances au cours desquels les mamans et leurs bébés ont été respectés, où les femmes ont pu poser des choix éclairés, où elles ont été accompagnées par des personnes qui croyaient en elles et avaient confiance en leurs corps et dans les processus physiologiques.

NAISSANCE D’EDEN SHANIR, le 30 mars 2012 en siège décomplété, à la maison, envers et contre tous – Récit de de Johanna Shanir

« J’ai eu la chance de tomber enceinte du 1er coup.
Nous avons planifié un Accouchement A Domicile avec une sage-femme fantastique!
Tout était parfait lors des contrôles de routine.
Mais Eden était toujours en siège.

J’ai tout essayé!

Puis à 35 semaines, une écho a estimé que j’avais peu de liquide amniotique.
A l’hôpital, ils voulaient me faire une césarienne immédiatement et ont joué la carte de la peur, nous parlant de bébé mort et j’en passe!
Mais nous étions bien informés et nous avons signé une décharge pour pouvoir rentrer chez nous.
Mon bébé bougeait vigoureusement et cela me disait bien plus que n’importe quelle écho!

Puis nous avons pu demander un deuxième avis.
J’ai fait un test de réactivité fœtale qu’Eden a très bien supporté.

Mais en tant que primipare avec un bébé en siège, aucun hôpital ne me laissait l’opportunité de pouvoir essayer un accouchement par voie basse.
Je suis moi-même née en siège par voie basse, alors ça ne me faisait pas vraiment peur, mais ma sage-femme n’a pas eu l’autorisation d’assister mon AAD par le siège…

Nous ne sommes jamais retournés à l’hôpital, sommes rentrés chez nous et avons continué à prendre soin de mon bidon et je n’ai même plus essayé de retourner Eden.
Je sentais que c’était ce qu’il voulait.

Et nous avons trouvé un médecin qui a accepté avec joie d’assister mon accouchement par le siège à la maison!
Notre docteur croit en la naissance physiologique, par voie basse, et se fie davantage aux mouvements du fœtus qu’à n’importe quel critère d’analyse biophysique.

Après quelques nuits de fausses contractions, la phase active du travail a commencé à la fin d’une soirée. J’ai essayé de me reposer pendant la nuit, mais c’était dur, et au petit matin, j’ai réalisé que c’était le grand jour!
Notre médecin est arrivé chez nous.

J’ai passé une partie du travail dans la piscine et sur mon ballon. Ça avançait bien et mon mari a commencé à filmer!
J’ai eu le meilleur soutien du monde grâce à ces deux hommes merveilleux.

A un certain moment, j’ai perdu les eaux, et bien sûr, il y avait beaucoup de liquide amniotique.

J’ai commencé à avoir envie de pousser.
Alors mon médecin a suggéré de m’assoir sur les toilettes pendant un petit moment, ce que j’ai fait, et ça a aidé Eden à descendre jusqu’à avoir les fesses appuyées.

Lorsqu’Eden a été sur le point d’arriver, je suis passée dans la position à 4 pattes sur notre lit.
D’abord, un cliché hallucinant des fesses d’Eden qui émergent et où on le voit faire pipi dans la lumière de la chambre.
Yoram a commencé à filmer au moment où Eden était en train de sortir.

On peut avoir l’impression que notre médecin le manipulait beaucoup, mais en réalité il n’a pas du tout aidé avant la dernière poussée et le passage de la tête, et il l’a fait d’une manière très douce!

Un pur émerveillement…

Le lendemain, nous sommes allés à l’hôpital pour remplir les papiers afin d’obtenir les allocations naissance.
Cette fois-ci ils nous ont vraiment fait peur!

Sans aucune explication, ils ont affirmé qu’ils avaient entendu un souffle anormal au niveau de son cœur et qu’il fallait qu’on reste jusqu’au lendemain pour voir le cardiologue.
Nous somme donc restés une nuit. Heureusement, nous avons eu une chambre et j’ai même pu dormir avec Eden dans mon lit malgré les règles de l’hôpital.
Le lendemain matin, il s’est avéré qu’aucun cardiologue ne viendrait ce jour-là et comme on avait les idées un peu plus claires, on a décidé qu’on n’attendrait pas à l’hôpital pour ça. Nous avons encore une fois signé une décharge et sommes rentrés chez nous!

Je me suis informée sur les souffles au cœur chez les nourrissons…
J’ai appris que beaucoup de nourrissons ont des souffles au cœur anodins juste après la naissance, pour des raisons naturelles, et qu’ils disparaissent avec le temps.

A l’hôpital, Eden avait un souffle systolique d’une intensité 2/6.
Deux jours plus tard, nous sommes allés chez notre pédiatre et le soufflé était descendu à 1/6, un souffle anodin pour lequel il n’y a pas besoin de cardiologue mais simplement de quelques contrôles supplémentaires avec notre pédiatre à mesure qu’Eden grandit.

J’étais intellectuellement préparée à ce que nous pouvions rencontrer au sein du système de soins conventionnel, mais pas émotionnellement.
Ces événements m’ont apporté beaucoup d’humilité et en même temps ont renforcé ma conviction que notre société a besoin de changer sa façon d’aborder la naissance.

Ce n’est pas une maladie et cette étape ne devrait pas être abordée comme telle, à moins qu’il n’y ait de vraies raisons.

La Paix sur la terre commence avec la naissance ♥ »

Pourquoi pas à la maison? – Documentaire américain sur l’AAD

« Pourquoi pas à la maison? » – Documentaire américain sur l’Accouchement A Domicile (AAD) : le choix de nombreux professionnels de santé.

Un nombre croissant de professionnels de santé américains (médecins, sages-femmes, infirmières…) choisissent l’AAD (l’Accouchement à Domicile).

Jessicca Moore a décidé de réaliser un documentaire à ce sujet, intitulé « Why not Home » (eh oui, pourquoi pas à la maison??)

Un documentaire dans lequel ces professionnels -qui assistent des accouchements en milieu hospitalier mais optent pour l’AAD à titre personnel-, explorent les risques, la sécurité et l’expérience de la naissance aux États-Unis.

Why Not Home? from Jessicca Moore on Vimeo.

4 millions de bébés naissent chaque année aux États-Unis.
Environ 99% à l’hôpital.
Pourquoi pas à la maison?

« L’AAD ne correspond pas à la norme culturelle de la société dans laquelle nous vivons. » – Nancy, infirmière sage-femme

« Je pensais que les gens qui accouchaient chez eux étaient fous. » – Michelle, Médecine Familiale & Obstétrique

« Je crois que ça fait tellement longtemps que les bébés ne naissent plus à la maison aux États-Unis qu’on a en quelque sorte oublié » – Roby, gynécologue-obstétricienne

« Il n’y a pas tellement d’AAD, car ce n’est pas un choix qui est soutenu dans ce pays » – LeAnn, infirmière sage-femme

« Notre environnement véhicule l’idée que l’hôpital est l’endroit où les gens accouchent et que c’est un lieu sûr » – Michelle

« Les États-Unis sont une société orienté vers le profit, or faire des profits n’équivaut pas à des naissances sécurisées » – Nancy

« Je pense qu’en tant qu’obstétricienne, j’étais profondément consciente de ce qui pouvait mal tourner pendant un accouchement » – Roby

« La culture de la peur est très ancrée dans la vision de la naissance » – LeAnn

« Dans beaucoup de cultures, les femmes ont vu des naissances avant d’accoucher elles-mêmes. Mais ici, ce n’est pas le cas. » – Carrie, infirmière sage-femme

« La croyance dominante aux États-Unis et en Occident est que la naissance est douloureuse et les femmes en ont très peur. » – Heidi, infirmière en salle de travail

« On veut des bébés, mais pas forcément l’expérience de la mise au monde qui va avec. » – LeAnn

« Si vous vous autorisez à vivre cette expérience, vous en sortirez triomphante et cela se reflètera dans tous les aspects de votre vie »

 

LES 10 RAISONS DE JESSICCA MOORE DE FAIRE CE FILM :

– Je ne suis pas satisfaite de la façon dont les médias brossent le portrait des mamans qui choisissent l’AAD et des professionnels qui les accompagnent.
– Une narration visuelle est une façon puissante d’influencer les comportements.
– Je suis pour que les femmes aient le choix.
– Je veux que les femmes et leurs familles prennent leur décisions en sentant leur puissance et non depuis la peur.
– Je valorise l’autonomie.
– Je veux que mes enfants aient accès aux options qui garantissent la sécurité de l’accouchement et protègent leur autonomie.
– La naissance ne devrait pas faire peur.
– Je pense que la naissance est un rite de passage puissant.
– Je veux que les  femmes sachent que la naissance physiologique est possible et a un impact sur les mamans et les bébés.
– Je veux que les femmes et leurs familles soient soutenues dans leurs choix du lieu où elles souhaitent donner naissance, et non jugées.

 

Pour participer au co-financement du film, c’est ici

La page du projet « Why not Home »