Mar 30, 2018
En attendant d’avoir lu le dernier livre de France Guillain « J’allaite mon enfant » (Ed. La Plage), je partage l’article très pertinent de Coline Enlart, publié dans Top Nature (mars-avril 2018).
En effet, par ce blog, j’ai envie de vous apporter toutes sortes de ressources qui abordent le devenir maman sous toutes ses coutures. On voit passer beaucoup d’infos sur les réseaux sociaux ou dans les magazines, parfois difficile à retrouver ou qui, trop vite, se diluent dans la masse : on finit par perdre le fil. Cet article est précieux, je souhaitais qu’il reste accroché quelque part sur la Toile, ici 🙂
Coline Enlart est journaliste, « tendanceuse » BIO et fondatrice dudit magazine top, que vous trouverez dans vos magasins bio (Naturalia) ou aussi ici en pdf. Egalement au sommaire du bimestriel ce printemps, découvrez des recettes pour les veggies kids et l’interview de Shantala Shivalingappa, danseuse virtuose que j’adore, qui parle de son choix d’être vegan.
Et pour en revenir à France Guillain, elle est l’auteure entre autre du Bain dérivatif, qui permet d’agir sur l’inflammation, mère de nombreux problèmes de santé. J’ai aussi une petite pensée pour elle les matins où je me prépare un Miam Ô Fruits, l’un de mes petits-déjeuners incontournable depuis déjà quelques années. Sans plus attendre, voici l’article qui vous permettra de la découvrir un peu plus au passage :
Aujourd’hui, nombreuses sont les femmes qui considèrent que l’allaitement n’est pas compatible avec leur vie active et leur autonomie. Dans son nouveau livre, France Guillain anticipe leur questionnement et leur donne les clés d’un allaitement réussi et d’une maternité active.
France Guillain n’est pas tombée de la dernière pluie. Aux antipodes de ces auteurs de livres de compilation qui ne font que rassembler des lieux communs au titre de conseils pratiques, elle sait de quoi elle parle et ses guides s’avèrent nourris par l’expérience. Une soixantaine de livres au total dont aujourd’hui J’allaite mon enfant, longtemps après son ouvrage emblématique Le bain dérivatif qui met en lumière une technique naturelle aussi révolutionnaire qu’accessible puisqu’elle ne demande qu’un peu d’eau pour être appliquée.
Aux yeux de France Guillain, l’allaitement se présente comme une évidence : elle a elle-même allaité ses cinq enfants alors que sa vie ne se résume pas vraiment à un long fleuve tranquille, plutôt à une expédition sur les terres de la découverte et de l’ouverture d’esprit. Vingt ans de tour du monde à la voile ponctués de diplômes et de recherches scientifiques en même temps que de naissances d’enfants : France Guillain ne s’en laisse pas conter et le récit de son parcours révèle une détermination sans faille au cœur de laquelle les méthodes naturelles font figure de repères et ont tout à gagner car elle sait les utiliser avec intelligence, les conseiller avec discernement. Son expérience de l’allaitement traduit une vraie connaissance des fondamentaux tels que l’argile verte, l’alimentation saine, les bains dérivatifs, évidemment, et tous ces gestes de bienveillance quotidienne envers notre corps et celui de notre enfant que nous, femmes autonomes et sereines, avons appliqués au fil de nos années d’engagement personnel envers la grossesse, la naissance et la petite enfance.
NOUS NE SOMMES PAS DES FONCTIONS
Le préambule de France Guillain est clair et net : l’amour maternel ne se mesure pas à la manière de nourrir son enfant. Nous ne sommes pas des fonctions, assène-t-elle d’emblée et cette prise de parole a le mérite de bien camper les frontières de la maternité. Que personne ne s’aventure à faire de l’auteur une égérie exaltée aux attributs idéologiques : ce n’est pas son propos. A travers un allaitement naturel à la demande, il ne s’agit pas de servir la soupe à quelque mouvement bien-pensant que ce soit, fût-elle BIO et de saison. Le pouvoir aux femmes et aux bébés !
La mère, et la mère seule, doit décider d’allaiter ou non son bébé au sein. Les critères de cette décision doivent être examinés à la lumière d’éléments objectivables et non de diktats sociaux qui ne peuvent que réduire l’autonomie des femmes, qu’ils orientent le choix dans un sens ou dans l’autre.
Non, la maman ne peut pas ignorer que le lien de corps entre elle et son bébé, ce maternage favorisé par l’allaitement permet de tisser un attachement profond sur lequel les bases de la sécurité intérieure se construisent. Et plus tard, l’autonomie : comme un lien qui libère.
Pas plus qu’elle ne peut ignorer que le colostrum du lait maternel (liquide épais et jaunâtre faisant office de « lait des premiers jours »), encourage fortement le bon fonctionnement du système immunitaire de l’enfant à coup d’immunoglobulines qui vont jouer à long terme un rôle anti-infectieux très important. Des protéines, donc, mais également des vitamines et des minéraux : un trésor à l’état brut. Chez France Guillain, les cinq enfants, des filles, ont été allaitées, en mer ou à terre, entre un an et un an et demi, qu’elle eût à travailler comme tout le monde ou à barrer son bateau, pas comme tout le monde. Comme elle le dit elle-même : « Une des merveilles avec le lait maternel, c’est que les bébés ne sont pas malades ou vraiment si peu que l’on ne se fait pas de souci pour leur santé. Pas de diarrhées, pas de constipation, l’essentiel est que la maman se nourrisse avec intelligence. Et qu’elle mastique bien des produits frais, naturels. » Nous ne sommes pas réductibles à des fonctions, nous sommes libres, nous avons le choix : à nous de nous donner les moyens de ce choix sans nous placer a priori dans le spectre obscur de l’esclavage et de la soumission, alimenté tant par des lobbys que par les idées reçues.
ET LE FÉMINISME ?
La décision de l’allaitement maternel pose de vraies questions sur le rapport à son enfant que l’on entend privilégier sur la durée. Avant toute chose, à quels mécanismes inconscients fait appel cette décision, tant en terme d’histoire familiale que de projection sociale ? Comme le souligne France Guillain, trois types de compétences définissent l’allaitement maternel pour les mammifères que nous sommes : l’instinct, les compétences archaïques et les compétences acquises. Alors que, fortes de leur pouvoir tentaculaire, les idées reçues persistent à mettre à mal des données scientifiques, physiologiques et psychologiques en faveur de l’allaitement maternel, de nombreuses femmes prouvent que l’on peut parfaitement mener une vie professionnelle, une vie conjugale et une vie personnelle équilibrées tout en favorisant le développement affectif de son bébé par l’allaitement. N’en déplaise aux féministes de pacotille qui envahissent les réseaux sociaux de leur discours inféodé aux stéréotypes dominants, le féminisme est affaire d’autonomie durable, pas d’infantilisme normatif, et il s’accommode fort bien de la liberté d’allaiter. France Guillain passe ainsi en revue ces idées convenues tout en donnant immédiatement au « problème » qu’elles soulèvent la solution concrète qui leur tord gentiment le cou, de l’allaitement qui abime la poitrine aux seins trop petits pour allaiter, en passant par l’absence de bouts de seins et autres craintes dites féminines. Quant à la psychanalyse mal comprise qui culpabiliserait systématiquement les femmes qui allaitent sou prétexte qu’elles étouffent leur enfant (???), nous avons ainsi connaissance de ses limites : il ne s’agit pas là de psychanalyse mais encore une fois de discours social inversé. Un assujettissement de plus.
LES BONS ACIDES GRAS
Obstétricien, ancien chef du service de chirurgie et de la maternité pilote de Pithiviers puis sage-femme à domicile en Angleterre, le docteur Michel Odent a écrit avant tout le monde, en 1990, un ouvrage très documenté sur l’importance pour le développement du cerveau de l’enfant, des acides gras essentiels contenus dans le lait maternel. Ainsi que le rappelle France Guillain dans son livre, l’allaitement maternel favorise des connexions synaptiques dans le cerveau du bébé qui ne seraient jamais activées autrement, et ce sont les acides gras polyinsaturés présents dans le lait maternel qui expliquent ces connexions. Ils interviendraient non seulement au niveau du développement cérébral et rétinien, mais aussi au niveau de la synthèse des médiateurs de l’inflammation et des médiateurs vasculaires. Sur ce point réside sans doute l’un des arguments les plus déterminants en faveur de l’allaitement maternel en terme de santé pour l’enfant. Dans ce sens, l’OMS préconise aujourd’hui un an d’allaitement. Et personne ne songerait à reprocher à l’OMS de défavoriser les lobbys des laits maternisés ! Précisons cependant au passage qu’en cas d’impossibilité de mettre en place un allaitement confortable et joyeux, ce sont bien évidemment des laits maternisés certifiés BIO qu’il convient de choisir.
Sachant qu’un allaitement au sein se prépare avant la naissance du bébé, les solutions naturelles s’imposent au fil des jours à la maman qui apprend à les connaître. Argile verte, bains dérivatifs, huiles de massage pour les seins, tisanes galactogènes, alimentation biologique complète privilégiant les céréales, légumineuses, graines germées, huiles de première pression, fruits séchés, fruits et légumes frais de saison, et limitant sérieusement les apports de produits laitiers conventionnels ainsi que la consommation de gluten : l’allaitement ne sera qu’un jeu d’enfant qui apportera une joie profonde au bébé, à la maman et à son compagnon, ou sa compagne.
L’ACCOUCHEMENT
Les conditions d’accouchement déterminent en grande partie les conditions d’allaitement. Plus la future maman se trouve stressée par le contexte hospitalier, l’encombrement de la maternité, la précipitation de l’obstétricien, la surcharge de travail des infirmières…, moins l’évidence de l’allaitement s’imposera à elle si elle se sent insécurisée et par conséquent vulnérable à la pression extérieure. Non, il ne faut pas accepter de biberon « en attendant » aux tous premiers instants sur terre du bébé. Oui, il faut lui laisser le temps de prendre le sein quand il est allongé sur le ventre de sa maman, au moment de sa naissance. Oui, il est préférable de le garder contre soi, en peau à peau, lorsqu’il voit le jour. Oui, un petit bain avec la complicité du papa s’avère bienvenu au plan sensoriel pour compenser la brutalité de la sortie du ventre maternel… Oui, génial obstétricien précurseur, puis écrivain et photographe, Frédérick Leboyer voyait juste lorsqu’il disait que la naissance doit être pratiquée sans violence… Oui la douceur de l’accueil dans le cadre de l’accouchement enfante un sentiment de sécurité durable pour le bébé et favorise l’autonomie affective de l’adulte qu’il sera bientôt… C’est en lien avec tous ces paramètres que l’allaitement s’inscrit harmonieusement. Oui, l’allaitement désiré est une merveille. Le bébé est un mammifère, répétait Michel Odent. Oui, nous sommes des mammifères, heureuses de prendre dans la société la place que nous choisissons et d’offrir cette autonomie à nos bébés à travers une naissance sans violence et un allaitement qui célèbre la plénitude.
Crédits Photos : John Dowland
A LIRE :
– Attendre bébé autrement, Catherine Piraut-Rouet & Emmanuelle Sempers-Gendre, Ed. La Plage
– Elever son enfant autrement, Catherine Dumonteil-Kremer Ed. La Plage
– Pour une naissance sans violence, Frédérick Leboyer, Ed. Seuil (collection Points)
– Shantala, Frédérick Leboyer, Ed. Seuil
– Le Bébé est un mammifère, Michel Odent, Ed. L’Instant Présent
J’ajoute :
– Quels laits pour mon bébé, Candice Levy, Ed. Souffle d’Or
– La page de France Guillain
RESSOURCES ALLAITEMENT :
– Véronique Darmangeat, conseillère en allaitement IBCLC et formatrice : Centre Allaitement et blog A tire d’Ailes
– Carole Hervé, Question d’allaitement, conseillère en allaitement IBCLC (Carole se déplace à domicile, propose également des consultations par Skype/Facetime, et in English if needed)
– La Leche League
Mar 16, 2014
La naissance n’est que le tout début de la grande aventure qu’est la maternité. C’est après que tout commence. Et c’est souvent lors de cette étape que la plupart des femmes, dans notre monde occidental, se retrouvent bien seules. Elles étaient en pleine lumière pendant la grossesse, et c’est désormais le bébé qui est au centre de l’attention. Habituées à tout gérer, à « faire », à être performantes au boulot et en famille, cette étape de réceptivité et d’accueil n’est pas facile à vivre.
D’autant que les proches susceptibles de nous soutenir dans ce passage n’habitent pas forcément à côté, les amis sont chacun absorbés par leurs vies, et nous ne sommes pas non plus habituées à demander de l’aide.
Les familles sont devenues de petites entités-la responsabilité d’accompagner un enfant qui grandit repose principalement sur 2 personnes- alors qu’auparavant, la famille élargie et la communauté étaient plus présentes. Un proverbe africain dit d’ailleurs que « pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village. » Alors, construisons-nous la « tribu » qui nous convient, tissons des réseaux d’entre-aide, de soutien et de partage autour de nous afin de mieux vivre le post-partum et tous les passages de vie!
Pour s’inspirer, on peut observer que dans de nombreuses cultures traditionnelles (en Asie, en Afrique, en Amérique Latine), les femmes sont bichonnées par d’autres femmes de leur famille ou de leur entourage. Elles gèrent toute l’intendance, apportent leur soutien, prodiguent des massages, cuisinent, s’occupent des autres enfants…Présence, accompagnement et transmission permettent à la nouvelle maman de mieux vivre cette transition et de pouvoir pleinement établir le lien avec son bébé. Dans ces contrées, la dépression post-partum n’existe tout simplement pas!
Shabd ‘Simran’ Adeniji est sage-femme. Elle a grandi en Inde et nous expose la vision ayurvédique du post-partum que je vous laisse découvrir :
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« J’adore partager la belle coutume indienne des relevailles pendant la période postnatale, période durant laquelle les mamans et leurs bébés restent à la maison pendant 40 jours après la naissance. Je connais bien cette tradition car j’ai grandi dans une communauté Sikh et ai vécu en Inde pendant 12 ans. En tant que mère et sage-femme ayant exercé pendant 8 ans en Nouvelle-Zélande, j’ai beaucoup de plaisir à voir la résurgence de cette pratique postnatale aux Etats-Unis, une tradition commune dans la plupart des pays non occidentaux.
Pourquoi 40 jours?
Bien que le laps de temps de cette étape varie, dans la plupart des communautés indiennes, la période des relevailles dure quarante jours ou environ six semaines, ce qui correspond au temps nécessaire à la plupart des femmes pour établir l’allaitement. Les relevailles sont également favorables à la convalescence physique et le niveau d’énergie remonte peu à peu afin de pouvoir revenir aux activités d’une vie normale. Un proverbe indien dit d’ailleurs que « les 40 premiers jours de vie auront un impact sur les 40 prochaines années de vie ».
Les quarante jours des relevailles permettent au corps de la femme de récupérer de l’intensité de l’accouchement : alors que les niveaux hormonaux changent drastiquement, l’utérus revient également à sa taille d’avant la grossesse, la production de lait s’établit et les incisions du périnée ou les césariennes cicatrisent.
Les femmes deviennent mères (même si ce n’est pas pour la première fois) en assimilant les événements liés à la naissance, en s’ajustant au manque de sommeil et en répondant aux nouvelles demandes de leur corps. Cette étape postnatale est exigeante physiquement, mais représente également une précieuse opportunité pour établir le lien avec le nouveau bébé et lui offrir une douce bienvenue en ce monde.
Que se passe-t-il pendant 40 jours?
Je me souviens très précisément des 40 jours chez moi avec ma fille nouvelle-née. En pleine lutte avec les défis de l’engorgement, tendre descente aux enfers, et les montagnes russes des changements hormonaux, j’avais besoin d’être nourrie par les autres. L’aide que mon mari et moi avons reçue nous a aidé à gagner en confiance en nous, en tant que nouveaux parents. Contrairement à ce que peuvent évoquer les relevailles, les femmes qui pratiquent cette tradition ne sont pas seules ni isolées, par conséquent leur niveau de stress et d’anxiété lié à cette nouvelle maternité baisse. Selon mon expérience, les femmes qui suivent cette pratique –y compris celles qui reçoivent de l’aide des autres- ont des taux plus bas de dépression post-partum.
L’intention primaire de 40 jours à huis clos est de fournir protection au nouveau-né délicat et sensible et de permettre à la mère de se reposer et de récupérer. En Inde, les mères sont encouragées à s’abstenir des tâches ménagères, de la préparation des repas, du nettoyage ou même de recevoir des invités. Elles peuvent profiter d’un temps souvent sous-évalué nécessaire à un repos profond et pour être avec leur nouveau-né. Sortir à l’extérieur comprend de courtes balades autour du pâté de maison pour les mamans, mais les bébés restent à la maison sauf en cas de besoin urgent de quitter la maison.
L’Ayurvéda, une médecine traditionnelle vieille de 5000 ans, considère cette période comme une étape sensible pour les mères, en particulier pour le système digestif- d’où l’accent mis sur des aliments simples et digestes. Traditionnellement, les mères reçoivent des massages à l’huile chaude tous les jours. On leur propose des aliments spécifiques mais simples et une variété de tisanes pour favoriser la convalescence et le rétablissement, booster leur immunité et améliorer la production de lait.
Comment recevoir de l’aide ?
Dans la culture traditionnelle indienne, les femmes vivent avec leur belle-famille. Après la naissance, les nouvelles mamans retournent chez leurs mères ou bien leurs mères s’installent temporairement chez elles. De nombreuses femmes proches sont habituellement disponibles pour apporter leur soutien pendant cette étape particulière. Dans nos sociétés, l’organisation post-partum requiert plus de créativité et de planification.
Certaines mamans peuvent compter sur une ou plusieurs personnes proches qui peuvent les aider pendant un temps. Pour d’autres, comme moi, la meilleure option a été de m’offrir les services de quelqu’un pour le ménage et la cuisine ainsi que de demander de l’aide à des amis proches pour d’autres types de soutien. Évidemment, c’est un engagement financier, mais pour mon mari et moi, cela a valu la peine. Je le vois comme un investissement pour le reste de ma vie et la vie de mon enfant.
Cherchez des personnes aidantes
Il est important de choisir des personnes aidantes qui sachent respecter l’espace sacré de ce moment. Les tâches peuvent comporter le filtrage des appels et des visiteurs, aider pour les lessives, préparer un « Badaam » épicé (recette à la fin de l’article), préparer des petits plats et des boissons chaudes tout au long de la journée, ou prodiguer un bon massage plantaire – comme l’a fait une amie pour moi pendant que j’allaitais mon bébé pour ce qui me semblait la millième fois de la journée. Les doulas du post-partum peuvent également remplir ce rôle en offrant leur soutien physique et émotionnel tout au long de ces 40 jours.
Dans notre communauté Sikh, un réseau constitué d’amis proches et membres de la famille apporte des repas à la fois simples et délicieux chaque jour pendant ces 40 jours. Un ami peut par exemple créer un « agenda des repas » qu’il coordonnera avec ceux qui s’engagent à cuisiner un repas par semaine pendant six semaines. Cela permet de respecter ces 40 jours pour la maman, même si aucun membre de la famille n’habite dans les environs. D’autres membres de la communauté prennent souvent en charge les autres enfants ou les animaux domestiques, ce qui est très aidant pendant cette période. Tout soutien qui réduit la pression sur la mère et la famille est un cadeau parfait pendant ces premières semaines.
Je sais bien que cela peut être un vrai défi pour les nouvelles mamans de s’organiser pour s’octroyer 40 jours de repos dans leurs vies occupées et stressantes. Certaines mamans ont besoin de retourner travailler ou ont d’autres enfants dont elles doivent s’occuper. Pour autant et malgré toutes ces circonstances, j’encourage les femmes à demander et à accepter de recevoir l’aide dont elles ont besoin pour se rétablir et créer le lien avec leur bébé. Ces premières semaines ne sont à nulle autre pareilles. Peut-être que tout le reste peut attendre pendant seulement 40 jours ? »
Recette de la boisson ayurvédique “Badaam”
Faites tremper 10 amandes toute une nuit
1 tasse de lait chaud
½ càc de Ghee (beurre clarifié)
1 càc de miel ou sirop d’érable
1 pincée de curcuma (optionnel)
Enlevez la peau des amandes. Mixez tous les ingrédients ensemble.
Faites chauffer le mélange à feu doux. Servez chaud.
Article écrit par Shabd ‘Simran’ Adeniji, sage-femme et éducatrice parentale à Santa Fe au Nouveau Mexique.
Vous pouvez également consulter sa page web : www.mynurturingsolutions.com
Source : Ayurvedic Postpartum by Peggy O’Mara ~Traduction Brigitte Rietzler // Temesira
Sep 4, 2013
Laura Gutman, psychothérapeute familiale et écrivaine argentine, aborde la période post-natale et le « devenir maman » à travers le prisme de la fusion émotionnelle maman-bébé. Elle invite chaque nouvelle maman à cheminer dans son propre labyrinthe intérieur, à regarder avec honnêteté ce qu’elle vit et les aspects non-résolus de son passé qui resurgissent, afin de pouvoir s’en libérer et de trouver les ressources qui lui permettront de mieux prendre soin de l’enfant qui vient au monde.
Qui ne se souvient pas d’avoir passé son enfance à s’entraîner avec ses poupées à bercer, calmer, habiller, déshabiller, gronder et endormir un bébé? Et pourtant, lorsqu’un “vrai” bébé, le notre en l’occurrence, fait irruption dans notre vie d’adulte, quelle surprise de constater que le petit monstre que nous avons dans les bras et qui se borne à hurler aux pires moments est à mille lieux du bébé dont nous avons tant rêvé. Et que non, les bébés ne font pas que manger et dormir ! En réalité nous nous retrouvons prisonnières d’un être vorace, bougon, aux besoins intenses et aux demandes impossibles à combler.
Cette surprise, justement, ne viendrait-elle pas de notre ignorance du phénomène de “fusion émotionnelle” quand, en tant que femme, nous entrons dans l’étape de la maternité ? Pour bien aborder ce concept, il est nécessaire de s’ouvrir au fait que la réalité n’est pas seulement constituée d’éléments visibles, concrets et palpables, mais aussi de mondes subtils, de champs émotionnels, perceptifs, intuitifs et spirituels qui, bien qu’invisibles, tirent pourtant le fil de notre vie consciente.
Concernant la dyade maman-bébé, il est important de comprendre que les deux appartiennent au même territoire émotionnel -telles deux gouttes d’eau dans l’océan-, et que cette union sans limites précises perdure, malgré la séparation des corps dès l’accouchement et la naissance du petit.
“Fusion émotionnelle” entre maman et bébé signifie que nous sentons la même chose, percevons la même chose, et ce, quelle que soit l’origine de la sensation, que le sentiment appartienne au présent, au passé ou au futur, car ces frontières temporelles n’existent pas dans le monde émotionnel. De fait, en tant que mère, quand un son trop fort nous est intolérable, s’il y a trop de gens autour de nous et que cela nous angoisse, ou que nos seins se remplissent quelques secondes avant qu’il ne se réveille, c’est que nous “ressentons comme un bébé”. De même, le bébé “ressent comme sa maman” lorsqu’il exprime à travers les pleurs ou une maladie, chaque situation émotionnelle face à laquelle nous nous sentons démunies : l’exigence du partenaire, les difficultés économiques, l’absence ou l’éloignement de notre propre mère, les pertes affectives, etc.
Le plus impactant de toute cette prise de conscience liée à la “fusion émotionnelle”, est que l’enfant vit le vécu de notre propre enfance comme s’il était le sien, s’actualisant et se manifestant dans son corps. Notamment ces vécus que nous avons “oubliés”, passés “dans l’ombre”. La véritable difficulté de la jeune mère n’est finalement pas tant de s’occuper correctement du bébé, que de se confronter à sa propre douleur face à la résurgence de ses peines de petites filles non cicatrisées. Devenir réellement adulte, c’est prendre conscience que nous avons désormais à notre disposition toutes les ressources émotionnelles pour assumer pleinement notre vécu et les choix que nous avons pu faire.
Concrètement, pourquoi ne pas faire l’essai aujourd’hui -quand nous n’arrivons pas à calmer notre bébé en lui offrant le sein, en le berçant, en lui parlant, ou en l’emmenant se promener-, de nous remémorer une situation douloureuse ou non résolue de notre enfance, en rapport avec le lien avec nos parents ? En réussissant à faire remonter un vécu significatif, nous pourrons peut-être identifier et nommer avec des mots simples cette douleur, cette souffrance, colère ou honte que l’enfant perçoit en nous. En lui disant la difficulté ou le désaccord que nous vivons actuellement avec notre partenaire, les soucis concernant le manque de travail, le ras-le-bol des malentendus avec la voisine, ou même l’angoisse sourde pour cette amie qui a émigré. Force sera de constater qu’il se calmera. Parce qu’il saura de quoi il s’agit.
Et quoi de plus précieux, pour chacune d’entre nous, que de prendre conscience de certains sentiments que nous avions écartés parce qu’ils nous semblaient vieux, obsolètes ou sans valeur. Ainsi nos enfants -miroirs de l’âme maternelle- nous aident à nous reconnaître telles que nous sommes et nous invitent à donner la priorité à ce que nous avons à régler avec nous-mêmes. Nos bébés pleurent nos peines, vomissent nos ras-le-bol, se recouvrent de nos intoxications émotionnelles et se rendent malades de nos incapacités à nous regarder avec honnêteté.
Cela ne veut pas dire que nous devons avoir une vie exemplaire, ni que nous sommes “coupables” de ce qui arrive à nos enfants. L’acte de materner est au contraire une opportunité pour nous, les femmes, de découvrir le moyen de nous connecter à notre monde émotionnel richissime, de nous comprendre et de nous respecter. Le fait que notre enfant soit confronté à nos désirs et fantasmes refoulés nous oblige à nous poser des questions existentielles, intimes, authentiques et profondément féminines.
Non, nous ne devenons pas mères d’office au moment où nous accouchons de l’enfant. C’est lorsque nous vivons un moment de désespoir, de folie et de solitude au milieu de la nuit avec notre enfant dans les bras, quand la logique et la raison ne nous sont d’aucune aide, que nous nous retrouvons coupées de toute notion du temps, que la fatigue est sans fin et qu’il ne nous reste plus qu’à nous en remettre à cet enfant qui exprime notre moi profond et que nous ne pouvons pas faire taire, c’est alors que nous pouvons dire que notre mère intérieure est née.
Laura Gutman – http://www.lauragutman.com.ar/
Article publié dans la revue « Rêve de Femmes » n°28 – Automne 2012, p.22-23 ~ traduit par Brigitte Rietzler // Temesira
Illustration « Fusión » © Lorena Franzoni –
Juil 20, 2013
La naissance du bébé de Kate & William est imminente. La date du terme originellement (certes non-officiellement) annoncée était le 13 Juillet. Elle est dépassée d’une semaine. So what ?
Peut-être Kate n’a-t-elle pas dévoilé la “vraie” date du terme ? C’eût été son droit, histoire de se protéger et s’épargner une pression difficile à supporter en fin de grossesse, se donner quelques jours de répit alors que le monde entier serait aux aguets. Pourtant, on voit bien que c’est peine perdue. L’excitation est à son comble et les spéculations vont bon train. Les journalistes sont sur le qui-vive et les lecteurs de tabloids bouillent et trépignent : une véritable fièvre mondiale qui fait monter la chaleur estivale d’un cran. Même Camilla et la Reine Elizabeth ne cachent plus leur impatience.
L’attente dans nos sociétés occidentales du “tout-tout de suite”, n’est pas chose facile. Nous ne savons plus être en fluidité avec le temps, les rythmes de vie, pour accepter en lâchant prise ces jours et ces secondes qui passent, riches d’enseignements et propices à la maturation. Oui, ces espaces temporels que sont les transitions sont sans cesse tronqués, manipulés, accélérés.
Qui a dit que les transitions étaient faciles à vivre ? Moments suspendus, fragiles, où surgit l’inconfort et où nos vulnérabilités sont mises à jour. Où l’on semble parfois perdre pied, et cherchons des repères qui sont en réalité à trouver par nous-mêmes, à réinventer. Moments délicats, qui préfigurent les grandes transformations intérieures, dans lesquels s’immiscent le doute, l’envie de fuir et qui nécessitent une présence à soi et à l’instant la plus entière et la plus authentique qui soit, des espaces de silence pour écouter notre voix intérieure, une patience bienveillante, et parfois un accompagnement aimant pour traverser ces mues le plus respectueusement et le plus harmonieusement possible et pouvoir ainsi accueillir le nouveau et …naître, ou renaître.
On semble bel et bien avoir oublié qu’une naissance n’est pas un instant t, mais bien un processus, un passage, avec son avant et son après, avec toute sa gamme de transitions, de reculs et d’avancées, de transformations intérieures, pour lesquelles le temps est indispensable.
Non, la date du terme n’est pas une date de péremption.
Chaque bébé, chaque maman, chaque corps se met en mouvement à son rythme, lorsqu’il est prêt. Il s’agit de rythmes intérieurs, archaïques, qui dépassent notre simple contrôle humain, des rythmes inspirés par la sagesse de la vie. Chaque corps de mère a le même potentiel, la même capacité que celui des autres mammifères à se mettre en mouvement pour donner la vie lorsque le moment est venu.
Si seulement quelqu’un pouvait, comme le dit si bien Milli Hill –blogueuse, doula et fondatrice du Mouvement pour une Naissance Positive -, réconforter, encourager Kate et toutes les mamans en attente en leur murmurant un seul mot, ‘Zwischen’, que je vous laisse découvrir dans l’article suivant, publié dans le Best Daily du 18 juillet 2013.
Brigitte Rietzler – Temesira
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Le mot qui aiderait la duchesse Kate qui a dépassé son terme.
“Elle est lovée sur le canapé, dans l’attente, une boule de bébé et d’émotions. Un amas de livres sur la grossesse, l’accouchement, les prénoms de bébés, l’allaitement…plus un mot ne peut être absorbé…Il est temps de se dépêcher et d’attendre. Ce n’est pas un endroit confortable, mais pourtant pleinement nécessaire.
Les derniers jours de grossesse -qui s’étirent parfois sur des semaines agonisantes- sont un lieu, un temps, un événement, une phase à part. C’est un temps entre deux. Pas ici, pas là non plus. Votre vieux soi et votre nouveau soi sont en équilibre sur la brèche d’une grossesse. Un pied dans votre vieil univers, un pied dans votre nouvel univers.
Ne devrait-on pas inventer un mot pour cet état d’être, un mot qui décrive le temps et le lieu où les mères s’attardent, attendant d’être appelées vers l’avant ? ”
Je ne peux cesser de penser à Kate Middleton cette semaine. Quelqu’un comme moi qui a vécu deux “longues” grossesses sait ce que c’est que de dépasser le terme, et je ne peux qu’imaginer la pesanteur de la pression supplémentaire due au fait de porter un futur monarque.
Je me demande ce que je dirais à Kate, si je pouvais lui faire passer un message. Est-ce que je lui enverrais une sélection d’articles et des statistiques sur le déclenchement ? Lui suggérerais d’abandonner la clinique Lindo en faveur d’un lieu plus intime comme Berkshire? Ou bien je lui conseillerais vivement de chercher une sage-femme ou une doula pour apporter un peu d’expertise féminine à la situation? Non – à ce stade elle a déjà fait ses choix, et poser davantage de questions ne ferait qu’ajouter du poids à ses angoisses.
Mon message serait simple : un seul mot – Zwischen…
Zwischen – un mot allemand qui signifie “entre”, utilisé par la sage-femme américaine Jana Studelska dans son magnifique message aux femmes enceintes appelé « The Last Days of Pregnancy: A Place of In-Between » (“Les derniers jours de la grossesse : un lieu entre deux”), duquel est extrait la citation qui ouvre cet article.
Il s’agit d’un écrit rassurant, pas seulement pour Kate, mais pour toute femme qui attend son bébé. En fait, à chaque fois qu’il est partagé sur les réseaux sociaux, on dirait qu’il parle aux femmes de telle sorte que cela leur apporte une énergie positive dont elles ont grand besoin à un moment de leur vie qui peut souvent être plutôt négatif.
Se sentant “rondes, gonflées et larmoyantes”, selon les mots de Studelska, les femmes qui attendent leurs bébés ne sont “ni ici, et pas encore là-bas” – le temps de préparation est fini, mais la phase suivante, celle de la naissance et du maternage paraît ne jamais arriver.
Celles qui deviennent maman pour la première fois en particulier flottent anxieusement sur le seuil entre un univers et le suivant, et le temps d’attente peut paraître inquiétant et accablant.
J’aurais aimé avoir lu les mots empreints de sagesse de Studelska au moment où j’attendais anxieusement mon premier bébé :
‘J’invoque les Zwischen prénataux comme une opportunité d’offrir du réconfort et également de la protection. Je vois bien comme il est facile d’exploiter et d’abuser de ce temps. Un déclenchement programmé est séduisant, avec ses promesses de contrôle. Des familles inquiètes et confuses peuvent se trouver brutalement face à une crise de confiance. Nous ne sommes pas dans une culture qui attend les choses, et nous ne croyons pas en la naissance normale; attendre un bébé peut sembler une véritable absurdité. Nommer ce moment invite la femme à se tourner vers son intériorité, à écouter et développer sa propre intuition. Ce qui s’avère être aussi un puissant terrain d’entrainement pour le maternage.’
Studelska, à propos du Zwischen, dit également : “C’est un temps entre deux, où l’ouverture commence. Nommer ce temps lui donne sa dimension, une expérience plus proche de l’émerveillement que de l’endurance.”
Pour ma part, ma première attente de l’accouchement a été un temps d’endurance ponctué de très peu d’émerveillement, et c’est seulement maintenant, rétrospectivement, que je me rends compte à quel point les jours de cette dernière ligne droite étaient incroyables. La vie était sur le point de changer au point de ne pas la reconnaître. La naissance et la maternité allaient me réinventer – d’un jour à l’autre.
Et maintenant, lorsque dans un rire complice, je croise le regard de ma fille de 5 ans, je suis souvent ébahie d’avoir porté une personne aussi incroyable dans mon corps, et m’émerveille de l’immense privilège qu’il m’a été donné de vivre.
Ce moment de Zwischen aurait dû être chargé d’émerveillement, mais au lieu de cela, comme beaucoup de femmes, je me suis sentie victime de l’énorme pression de voir chaque jour qui passe comme un “échec” alors que l’accouchement ne se mettait pas en route.
Cette pression est déjà présente pour Kate, avec des spéculations grandissantes sur un possible déclenchement, et certains commentateurs qui n’hésitent pas à aller jusqu’au point d’envisager qu’une césarienne soit inévitable. Et il se peut qu’ils aient raison –car si nous insistons pour considérer les derniers jours de grossesse comme un dysfonctionnement, alors nous troquons tout espoir d’émerveillement contre la recherche du contrôle – et l’augmentation de la probabilité d’une césarienne – sur laquelle une intervention médicale peut déboucher.
Alors, pour Kate, et pour toutes les femmes en attente, et également pour leurs docteurs et leurs obstétriciens, je dis : restons dans l’émerveillement. Ne nous soucions pas des angoisses de dates du terme ou de statistiques discutables, et si nous sentons que nous avons besoin de “faire quelque chose”, asseyons-nous sur nos mains un peu plus longtemps.
Chaque personne impatiente d’avoir des nouvelles de l’arrivée du bébé royal n’a besoin que d’un mot – pour nous exhorter à embrasser le mystère de se trouver à un point critique, à avoir confiance que tout se passe comme cela devrait se passer, et à donner à Kate et à toutes les femmes-dans-l’attente le soutien et la patience qu’elles méritent.
Seulement un mot, chuchoté avec confiance, pour laisser le bébé ET la maman naître lorsqu’ils seront prêts : Zwischen.
© Milli Hill
Milli Hill est auteure freelance et fondatrice du “ Positive Birth Movement ”, Mouvement pour une Naissance Positive.
Article du Best Daily du 18 Juillet 2013, traduit par Brigitte Rietzler – Temesira
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