Nous ne connaissons pas toujours l’histoire de notre arrivée au monde : dans quel contexte nous avons été conçus, mis au monde et accueillis. Or le scenario de ce début de vie ré-apparaît souventà chaque nouveau commencement de notre vie (démarrage de nouveaux projets professionnels, rencontres affectives…) ou lorsque nous traversons des difficultés (stress, ruptures, périodes de transitions inconfortables). Comme un écho à ces premières mémoires inscrites dans nos cellules, nous réagissons en répétant de façon inconsciente ce qui s’est joué à ces instants-là.
Lise Bartoli est psychologue clinicienne, psychothérapeute et hypnothérapeute. J’ai la chance de m’être formée auprès d’elle à l’HypnoNatal. Elle est l’auteure entre autre de « Dis moi comment tu es né, je te dirai qui tu es » (Ed. Payot), qui compile des cas qu’elle a accompagnés et qui par leur diversité peuvent entrer en résonance avec nos propres vécus. De ce fait, la lecture de ces pages est susceptible de réactiver des émotions fortes en lien avec notre vie intra-utérine et notre naissance (tristesse, peur, colère, culpabilité…)
Ce petit livre facile à lire est pour moi un incontournable.
D’une part pour prendre conscience des croyances ou modes de fonctionnement qui se sont ancrés en nous lors de nos premiers instants de vie et qui sont à l’origine de scenarii que nous rejouons dans différents domaines de notre vie. En prendre conscience nous permet ensuite de pouvoir réparer et changer le cours de nos vies : vivre avec davantage de sens, de liberté, plus connectés à nous-mêmes et aux autres.
D’autre part, ce livre est intéressant à découvrir lorsque nous faisons le choix de devenir à notre tour parents. Réaliser l’impact de la vie in-utéro et de la naissance sur les bébés aide à développer une communication intra-utérine plus consciente et plus connectée et encourage également à poser des choix éclairés pour vivre son accouchement et l’accueil de son bébé de la façon la plus respectueuse et sereine possible.
C’est un cadeau inestimable pour les générations à venir et pour le monde qu’ils construiront.
Et si vous n’avez jamais eu le récit de votre propre naissance, cela peut être l’occasion de questionner vos parents? Vous serez peut-être surpris de ce nouvel éclairage et des liens que vous pouvez faire avec votre histoire de vie.
Lennart Nilsson a quitté la terre il y a quelques semaines. Quel meilleur moment que la Saint Valentin pour lui rendre hommage, lui qui a su capturer les premiers instants de la vie qui éclot, dans l’obscurité, bien au chaud, à l’abri de nos regards.
Le photographe suédois commence sa carrière au milieu des années 40. Une décennie plus tard, ce pionnier expérimente de nouvelles techniques de macro-photographie. Avec l’apparition d’endoscopes très fins dans les années 60, il fusionne virtuosité artistique et scientifique et ses photos font la couverture du magazine Life (vendu à 8 millions d’exemplaires !) et le tour du monde. Elles seront également publiées par Stern, Paris Match et The Sunday Times. Ses photographies in-utéro seront plus tard compilées dans l’ouvrage « A Child is born » [« Naître », préfacé par René Frydman dans son édition française], traduit dans de nombreuses langues et constamment réédité au fil des années.
Dans le tube de Fallope
Rencontre & Fécondation
L’ovule accueille le spermatozoïde
Ses images nous transportent dans un fascinant voyage poétique à travers le corps humain et l’embryogenèse. Les organes et la genèse de la vie ressemblent à des paysages lunaires organiques. Nilsson photographiera également les cellules sanguines, les organes (cœur, cerveau, poumons…), ainsi que le virus du SIDA.
Grâce à ses innovations et son esprit pionnier, il pulvérise la frontière de la photographie. Son équipement sur mesure évolue au fil du progrès et devient de plus en plus sophistiqué : il utilise des objectifs grand-angle, des endoscopes équipés de fibres optiques, des filtres de couleur ainsi que des microscopes électroniques et l’échographie 3D.
Il sera récompensé pour la réalisation des documentaires « Le Miracle de la Vie » (1983) et « L’Odyssée de la vie » (1996), qui gagneront 3 Emmy Awards.
En 1970, ses clichés seront même envoyés dans l’espace à bord de la sonde Voyager, carte de visite de l’humanité pour qui ouvrirait la capsule…
Premières cellules d’un être humain
Lennart Nilsson s’auto-définit d’ailleurs comme « un photographe simplement passionné par l’humain. » « Je suis poussé par le désir d’illustrer les processus vitaux qui nous concernent tous au plus haut degré bien qu’il soient invisibles. Je veux rendre l’invisible, visible. Ces processus se déroulent à l’intérieur du corps humain ou dans toute vie qui existe sur terre. Je veux éduquer les gens et éveiller en eux un profond respect pour la vie. »
Le photographe se voyait comme « un messager entre le monde scientifique et le public« . Son travail exigeait à la fois l’implication consciencieuse d’un scientifique couplée à la patience et au tempérament d’un artiste.
Embryon à 3 semaines
6e semaine, le placenta est formé
Foetus avec son placenta à 11-12 semaines
Petites jambes
Embryon à 2 mois
Photos : Lennart Nilsson
Lennart Nilsson by Nicho Södling (2015), « Embryogenèse en images – Photographies de Lennart Nilsson »
Le Premier Cri, documentaire sorti en 2007 en salles, suit des femmes sur le point de donner naissance et pendant leur mise au monde tout autour du globe. Gilles de Maistre, le réalisateur, nous emmène sur les pas de ces femmes, ces couples, ces familles, au Mexique, en Amazonie, en Inde, en Sibérie, au Canada, au Vietnam, chez les Massaï¯ du Kenya, au Japon, avec les touaregs au coeur du Sahara et en France.
–> lien en bas de page pour visionner le film « Le Premier Cri »
Des images fortes, émouvantes et très belles, parfois aussi très dures. Variété des environnements de naissance et des choix (ou non-choix) des couples : hypermédicalisation en Russie et au Vietnam, accouchement accompagné par des sages-femmes traditionnelles en Afrique ou en Amazonie, AAA -Accouchement Auto-Assisté (ou free-birthing)- au Canada, naissance dans l’eau avec les dauphins au Mexique… Sans jugement ni parti pris, la caméra brasse l’éventail des possibles et montre également certains rituels qui peuvent accompagner ce passage.
Car, et c’est important de le souligner, Le Premier Cri nous offre un regard avant tout culturel sur la naissance. Et force est de constater que la culture fait souvent entrave à la physiologie.
Certaines séquences nous montrent le désarroi, la soumission ou la passivité des femmes face à des logiques des systèmes sanitaires, tandis que d’autres mettent en lumière leur pleine puissance.
Selon la sensibilité et l’histoire de chacune, certaines images peuvent être difficiles à regarder, notamment la césarienne d’office, les bras attachés en croix, de la jeune femme sibérienne « qu’on ne laisse plus accoucher comme le faisaient leurs grands-mères » et qui est séparé plusieurs heures de son bébé. Violence obstétricale, ni plus ni moins.
Certains rituels pratiqués immédiatement après la naissance sur les nouveaux-nés sont également relativement perturbateurs de la physiologie. En effet, bien que la transmission fasse partie intégrante de ce processus, tous les rituels aussi respectables soient-ils ne sont pas favorables au lien maman-bébé, primordial juste après la naissance. C’est l’illustration du discours de Michel Odent qui expose dans plusieurs de ses livres – notamment «Le Bébé est un Mammifère»- la mise en place de rituels ancestraux qui perturbent explicitement le lien d’attachement de la mère à l’enfant, en retardant notamment le peau-à -peau et la mise au sein.
Intéressant aussi de constater que ce moment est éminemment féminin dans les sociétés traditionnelles (la femme est accompagnée d’autres femmes de confiance de son entourage) et que dans les sociétés occidentales plus individualistes, où les mères sont relativement isolées, certains couples choisissent parfois de recréer cette tribu.
On recroise aussi avec plaisir le Dr Yochimura sur l’à®le d’Okinawa au Japon (protagoniste d’un autre documentaire très beau, Genpin) qui lui, accompagne les femmes dans le respect de la physiologie et de leur sensibilité.
Des images et une bande son magnifiques, qui en filigrane nous ouvrent les yeux sur l’importance du choix de son accouchement, de l’accompagnement et du respect de l’intégrité de chaque femme et chaque bébé qui viennent au monde.
Lucile Gomez a croqué cette série de vignettes en soutien aux sages-femmes de la maternité d’Orthez, qui a fermé en octobre 2014.
Avec beaucoup d’humour et de franc-parler, elle met en images l’évidence de la physiologie et l’absurdité de ne pas prendre en compte les besoins essentiels d’une femme qui accouche, c’est-à-dire lui donner du temps, l’encourager à être en mouvement et en position verticale pour profiter de la gravité et lui proposer un accompagnement empathique et bienveillant.
ça, c’est la « position gynécologique » ou « lithotomie » ou « decubitus dorsal », plein de mots froids et savants pour dire allongée sur le dos les 4 fers en l’air dans une position totalement humiliante…mais tellement banalisée.
Mais oui pourquoi?? La faute à qui? à Louis XIV qui a voulu voir l’un de ses enfants naître. Le Roi Soleil n’était pas vraiment du genre humble et s’émerveiller devant la puissance de la vie qui arrive en étant à 4 pattes ne lui a pas traversé l’esprit une seconde. Du coup, évidemment, on a rehaussé Madame. Voilà. Sauf que Louis XIV, il est mort depuis 3 siècles et qu’on pourrait peut-être évoluer et favoriser le confort et le bien-être des femmes au lieu de laisser perdurer ce non-sens ?
Et si ça vous intéresse de voir comment l’accouchement a peu à peu glissé de l’intimité des foyers pour avoir lieu à l’hôpital, vous pouvez lire ce brillant article de Marie accouhe là.
N’oubliez jamais que le jour de l’accouchement, c’est VOTRE jour, c’est vous la Reine!! et que comme le laisse entendre Marie-Hélène Lahaye dans son billet, c’est à nous de nous réapproprier ce passage initiatique.
Que se passe-t-il à l’intérieur du corps d’une femme enceinte?
Pour aider les mamans à visualiser comment les bébés se lovent à l’intérieur d’elles, une photographe hollandaise a initiée un projet de belly-painting. Leonie Versantvoort, spécialisée en portraits de femmes enceintes et nouveaux-nés a donc fait équipe avec une maquilleuse, Marieke van den Dungen-Crone. Par le biais de la peinture corporelle, elles ont recrée sur le ventre de la maman en devenir comme une fenêtre sur le bébé … une « échographie poétique » ?
Le belly-painting, art éphémère et pourtant tribal et ancestral, est une belle façon de garder un joli souvenir de son bidon de grossesse. Vous pouvez faire appel à une maquilleuse spécialisée et discuter avec elle du dessin que vous souhaitez voir apparaître : c’est une véritable co-création qui sublime le corps de la femme enceinte. C’est aussi un grand moment de détente pour la maman et le bébé qui souvent bouge sous le pinceau. Le papa et les autres enfants peuvent faire partie de cette oeuvre en ayant un motif dessiné sur leurs bras, leurs mains ou leur visage.
Je partage aujourd’hui le projet « Mettre au monde » de la photographe argentine Natalia Roca. La photo est le medium artistique que je préfère et qui me touche profondément. Et j’apprécie particulièrement lorsqu’un photographe pose son regard, à la fois humblement et avec toute la force de l’engagement, pour que les femmes du monde entier puissent nourrir leur imaginaire et puiser de la force dans des clichés inspirants, qui redonnent à la femme et au processus de l’accouchement toute leur puissance.
C’est exactement ce que réalise Natalia Roca à travers cette série où elle documente l’accouchement, à travers des clichés intimistes, à la lumière tamisée. Des clichés profondément émouvants, à la juste distance de l’intensité et l’intimité de l’accouchement, empreints d’un profond respect envers ces familles et le rythme de la physiologie.
29 décembre 2014
Projet « Mettre au monde »
« Je travaille sur ce projet depuis la naissance de mes enfants, depuis que je suis entrée en contact avec l’univers des accouchements respectés ou humanisés.
C’est un projet de témoignage d’accouchements, de portraits de familles qui ont choisi un environnement respectueux de leurs temps naturels et physiologiques pour le déroulement de l’accouchement, dans l’intimité, accompagnés par des doulas, des sages-femmes, des obstétricien(ne)s.
Ce projet est né pour diffuser le fait qu’un autre paradigme de l’accouchement est possible. Une façon de vivre intensément ce processus, pendant lequel la maman, le bébé et la famille sont les principaux protagonistes.
Les accouchements à domicile (AAD) sont présentés comme une alternative valable, un véritable choix.
Il y a une composante essentielle dans chacune de ces naissances : c’est la conscience de tout le processus. C’est saisissant!
Si nous sommes capables de simplement observer, cela nous apporte énormément de sagesse.
J’aime capter, enregistrer les accouchements, les naissances, je ne peux pas expliquer avec des mots ce que je ressens à ce moment-là, tout tremble, les larmes perlent, je n’ai jamais capté d’instant plus émouvant ni d’une vibration aussi élevée.
Je remercie la vie et chacune de ces familles, l’opportunité qu’ils m’ont donnée, cet espace-temps où je me situe pour être la témoin privilégiée du plus grand miracle : celui de naître. » Natalia Roca
« Trabajo en éste proyecto desde el nacimiento de mis hijos, de entrar en contacto con el universo de los partos respetados ó humanizados.
Es un proyecto de registro de partos, de retratos de familias que han parido en un entorno respetuoso, de sus tiempos naturales y fisiológicos para el desencadenamiento del parto, íntimo, acompañado por doulas, parteras, obstetras.
Este proyecto nace para difundir que es posible otro paradigma en el parto. Una manera de vivir intensamente ese proceso, donde fundamentalmente la madre, el bebé y la familia son los protagonistas.
Los partos en el hogar como una alternativa válida, una elección.
Hay un componente esencial en cada uno de éstos nacimientos; y es la conciencia en todo el proceso. Es asombroso.
Traen mucha sabiduría si somos capaces de observar.
Amo registrar partos, nacimientos, no puedo explicar con palabras lo que siento en ese momento, todo tiembla, las lágrimas brotan, no he registrado instante más conmovedor ni de más alta vibración.
Agradezco a la vida y a cada una de éstas familias, la oportunidad que me han brindado, éste lugar/tiempo que me ubicó para ser testigo privilegiada del milagro más grande: nacer. » Natalia Roca