Porridge de sarrasin – sans gluten

Le porridge est pour moi un souvenir d’enfance.

Ma mère, à l’époque où elle était étudiante, l’avait rapporté dans ses bagages après une année passée en Angleterre.
Au même titre que la semoule de blé, c’était notre plat unique les soirs où mes parents invitaient des amis à dîner.
Quelques raisins secs, ou du miel et un peu de lait froid, sobre et minimaliste. Rien à voir avec les bols débordants colorés et hyper-gourmands qui défilent sur Instagram aujourd’hui.
Et pourtant, malgré cette simplicité, c’était un petit bol tout doux et savoureux qui se mangeait facilement et avait paradoxalement le gout des soirées chaleureuses mêlé à l’excitation des jours de fête.
Ajoutons à cela que mon père nous vantait son pouvoir nutritif hors-pair : un bol au petit-déjeuner nous garantissait des victoires au lancer de tronc en Écosse. Même si j’étais souvent en kilt pendant mon enfance, je me voyais mal troquer mes stylos contre un « caber » et annoncer à mon institutrice que je migrais dans les Highlands en mode compétition! Mais j’aimais bien l’idée d’être une fille et me sentir investie d’une certaine puissance.

Revisiter le porridge, c’est un peu comme magnifier la madeleine de mon enfance : en garder l’essence tout en y ajoutant des petites touches gourmandes au gré de l’humeur et de la saison.

Comfort food d’hiver par excellence, il est parfait pour le petit-déjeuner, le brunch ou au goûter. Et à l’heure où j’écris, le Printemps a déjà pointé, mais la fraîcheur ambiante invite à faire gonfler les flocons pendant quelques jours encore. Je vous livre ici une recette sans gluten mais avec tellement de plaisir!

Ingrédients pour 1 personne :
– 20 g de flocons de riz
– 20 g de flocons de sarrasin
– 150 ml de lait de sarrasin + 50 ml (ou de noisette qui se marie aussi très bien avec le blé noir)
– 1 cs de purée de noisette
– 1 cc de pollen
– 1 abricot sec (ou une datte medjool)
– quelques lamelles de poire pochée ou cuite au four

Porridge sarrasin sans gluten

Dans une petite casserole versez les 150ml de lait avec les flocons et couvrez. Mélangez régulièrement à feu moyen jusqu’à ce que la préparation soit crémeuse.
Versez dans un bol et ajoutez les 50 ml de lait froid. Vous pouvez détendre légèrement le porridge. Moi j’aime bien quand il y a cette petite surface lactée, cela fait, je trouve, toute la différence. Le porridge va continuer à absorber le lait. Ajoutez ensuite l’abricot sec coupé en petits morceaux, la cuiller de pollen, celle de purée de noisette et les lamelles de poire.

Et voilà, on s’émerveille devant cette beautyfood et on passe à l’attaque 🙂

Le Printemps Ayurvédique

Le Printemps Ayurvédique

Le Printemps rime avec nouvel élan, expansion. Après les énergies dormantes de l’hiver, la sève circule à nouveau dans les végétaux tout comme l’énergie dans notre corps. C’est le moment de nettoyer nos intérieurs : nos lieux d’habitation et nos corps et de renouer avec nos projets créatifs, notre élan de vie. Comme une nouvelle naissance à nous-mêmes.

Côté météo, les beaux jours reviennent, le soleil se montre plus souvent et plus longtemps, les températures augmentent mais il reste encore beaucoup d’humidité dans l’air. Selon la loi des correspondances, ce qui est dehors est comme ce qui est dedans. On peut donc retrouver ce trop plein d’humidité dans notre corps.

Ayurveda est composé de « āyus » qui signifie « vie » et « veda » « savoir ou science », littéralement « science de la vie ». C’est la médecine traditionnelle de l’Inde qui aborde l’être et sa santé d’un point de vue global en considérant le corps, les émotions, le mental et l’esprit. Elle dispose d’une ample pharmacopée pour aider à rétablir l’équilibre et utilise également les massages, la science du yoga (postures, respiration, méditation, relaxation, mouvement) et l’alimentation.

En Ayurveda, le Printemps correspond au dosha Kapha -Eau et Terre-  de nature onctueuse, liquide, collante, fraiche et lourde. Kapha -lorsqu’il est équilibré-, correspond aux qualités d’ancrage, de stabilité, d’endurance, de soutien, de force, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel (générosité, sécurité, abondance).  Or la chaleur montante du Printemps vient liquéfier Kapha accumulé dans le corps pendant l’hiver. C’est la raison pour laquelle cette abondance de fluides dans le corps peut nous rendre sujets à divers refroidissements et allergies (rhume des foins) et entraîner la stagnation de la circulation lymphatique, de la fatigue ou une sensation de lourdeur.

Printemps Ayurveda Alimentation Detox Yoga Saisons Foie Vitalité Renouveau Tonus Respiration Pranayama Légumes de saison Mouvement Routines healthy Bien-être

Il est important en cette saison de stimuler le feu digestif et d’alléger notre corps. Pour cela, c’est très simple, la nature est en syntonie avec nos corps : consommez local et regardez ce que la saison nous apporte. Plutôt qu’une cure detox drastique, privilégiez les saveurs amères et astringentes (endives, artichauts, pissenlit, chicorée, salade trévise…). Evitez les aliments trop gras, trop lourds et trop sucrés. Mangez de préférence léger, chaud et des aliments cuits. Pour favoriser une bonne digestion, buvez de l’eau tiède au gingembre un peu avant le repas. Et bien sûr, incluez un peu d’exercice physique dans votre routine.

Le Yoga permet de cultiver un mouvement bénéfique pour le corps et de refaire circuler l’énergie de façon optimale, notamment grâce au pranayama (exercices de respiration, breathwork), à des pratiques douces (yin yoga) qui stimulent les méridiens du foie et de la vésicule biliaire, et des séries de postures qui mobilisent les trapèzes et psoas -où se logent de nombreuses toxines- et aident à sortir de la torpeur hivernale en insufflant tonus et vitalité.

 

Mahashivaratri – Transformer le poison en nectar

La nuit du 24 au 25 février, on célébrait Mahashivaratri en Inde, juste avant la Nouvelle Lune. Susana García Blanco est enseignante et formatrice de Yoga Anusara. C’était ma prof de yoga lorsque je vivais à Barcelone et je continue de suivre ses enseignements profondément inspirants avec enthousiasme et joie. Elle partage dans ce texte toute la symbolique de la veillée puissante et magique de Mahashivaratri.

Maha-Shivratri Poison Nectar Mantra Yoga
Existe-t-il une pratique yogique plus transformatrice que le mantra ? Le mantra est un outil énergétique qui travaille sur les plans les plus subtils de notre être. C’est la puissance de la Shakti, l’énergie créative de l’Univers, sa vibration, qui crée des formes soniques en nous, dissout les limitations, donne naissance à de nouvelles structures, transmute le noyau de notre être à tous les niveaux, du physique jusqu’au plus éthérique.

En Inde, la nuit de Mahashivaratri est un temps de jeun, de méditation, de chant. C’est un temps pleinement dédié à la Conscience dans sa forme sans forme comme Shiva, la Réalité Ultime. C’est une nuit de mantra. On dit que les effets de la répétition du mantra Om Namah Shivaya, de dissoudre les obstacles, nettoyer des schémas karmiques, manifester les désirs les plus profonds émanant de notre cœur, élargir notre conscience, se rappeler notre nature essentielle de présence et félicité, sont multipliés par mille. On considère qu’à ce moment particulier de l’année, il y a une énergie spéciale propice à la connexion spirituelle et que pour se synchroniser à ce courant d’énergie, il faut rester éveillé, la colonne vertébrale droite. A l’approche de l’une des nuits les plus magiques et puissantes de l’année, une nuit de transmutation, j’aimerais vous inviter, -même si vous ne restez pas éveillés toute la nuit- à prendre un temps pour vous, pour aller en vous et répéter le Maha mantra.

Il est intéressant de constater que, l’une des Fêtes spirituelles probablement les plus importantes en Inde, est une célébration de l’obscurité, la nuit juste avant que la lune ne disparaisse complètement. Pas si étrange cependant, si l’on pense que Shiva, dans les mythes, est celui qui embrasse toujours l’obscurité, ce qui est marginal, refoulé, pour nous enseigner que tout ce que Jung nommerait « l’ombre » sont des endroits de notre être où nous rencontrons notre vraie puissance. A condition que nous soyons capables de réaliser la transformation, bien sûr. Dans la belle et longue histoire mythologique où les Devas (les lumières, les divinités) et les Asuras (les démons) doivent baratter l’Océan de Lait – une métaphore de la pratique de yoga-, et après que l’Océan leur ait offert de multiples cadeaux comme de brillantes pierres précieuses et autres trésors, arrive un moment où depuis le fond de l’Océan, émerge le poison le plus toxique et le plus vénéneux qui soit.

Après les premiers instants de panique, prenant conscience que toute forme de vie pourrait disparaître de l’Univers, tous tombent d’accord pour appeler Shiva. Il arrive, posé et calme comme à l’accoutumé. Il prend le venin, l’avale et le garde dans sa gorge. Il n’est pas intimidé et ne permet pas non plus que la toxicité du poison entre profondément dans son corps. Il le retient dans sa gorge qui devient bleue. C’est de là que vient son nom Neelakantha « celui à la gorge bleue », la même couleur que celle du chakra de la gorge, Visudhi chakra. Le chakra du verbe, du langage, de la communication. Le pont entre le cœur et l’esprit. L’endroit de la vibration, du son. L’endroit du mantra.

Shiva avale le poison Pouvoir du mantra

Cette histoire révèle un grand enseignement tantrique. Shiva ne rejette jamais le poison, il ne le cache pas non plus au loin. Il le transforme en puissance sonique du mantra, en vibration, en pulsation. Il extrait du poison son essence, qui n’est rien d’autre que sa propre essence et la transmute en énergie.

Quel que soit le poison qui se trouve actuellement dans votre vie (et je suis sûre qu’il y en a plus d’un et certains d’entre eux peuvent être vraiment toxiques), prenez-le, acceptez-le, embrassez-le, et pendant cette nuit magique répétez simplement le mantra.

Om Namah Shivaya Mantra Mahashivaratri

Vous pouvez réciter le mantra à voix haute. Vous pouvez le répéter intérieurement en ressentant le son silencieux qui vibre en vous. Vous pouvez le chanter. Seul ou en compagnie. De quelque façon que ce soit, laissez le mantra et votre cœur se fondre l’un dans l’autre. Ressentez son pouvoir guérisseur multiplié par 1000 pendant Maha Shivaratri. Et comme me l’a enseigné Sally Kempton, répétez-le avec la conviction que « le mantra n’est rien d’autre que la Conscience Suprême qui imprègne l’Univers, qui n’est rien d’autre que vous-même ». Comme le poison. Un poison qui avec le barattage (la répétition du mantra) de l’Océan de lait (votre cœur) sera petit à petit transmuté en nectar.

 

par Susana García Blanco (traduction Brigitte Rietzler ~ Temesira)

Pour suivre le blog et les actualités de Susana García Blanco, c’est par ici : Rasa Lila Yoga

Source : Transformando el veneno en nectar // Transforming poison into nectar

Embryogenèse en images – Photographies de Lennart Nilsson

Lennart Nilsson a quitté la terre il y a quelques semaines. Quel meilleur moment que la Saint Valentin pour lui rendre hommage, lui qui a su capturer les premiers instants de la vie qui éclot, dans l’obscurité, bien au chaud, à l’abri de nos regards.

Le photographe suédois commence sa carrière au milieu des années 40. Une décennie plus tard, ce pionnier expérimente de nouvelles techniques de macro-photographie. Avec l’apparition d’endoscopes très fins dans les années 60, il fusionne virtuosité artistique et scientifique et ses photos font la couverture du magazine Life (vendu à 8 millions d’exemplaires !) et le tour du monde. Elles seront également publiées par Stern, Paris Match et The Sunday Times. Ses photographies in-utéro seront plus tard compilées dans l’ouvrage « A Child is born » [« Naître », préfacé par René Frydman dans son édition française], traduit dans de nombreuses langues et constamment réédité au fil des années.

Dans le tube de Fallope Lennart Nilsson EmbryognèseDans le tube de Fallope

Fécondation Lennart Nilsson EmbryiogenèseRencontre & Fécondation

L'ovule accueille le spermatozoïde Lennart Nilsson EmbryogenèseL’ovule accueille le spermatozoïde

Ses images nous transportent dans un fascinant voyage poétique à travers le corps humain et l’embryogenèse. Les organes et la genèse de la vie ressemblent à des paysages lunaires organiques. Nilsson photographiera également les cellules sanguines, les organes (cœur, cerveau, poumons…), ainsi que le virus du SIDA.

Grâce à ses innovations et son esprit pionnier, il pulvérise la frontière de la photographie. Son équipement sur mesure évolue au fil du progrès et devient de plus en plus sophistiqué : il utilise des objectifs grand-angle, des endoscopes équipés de fibres optiques, des filtres de couleur ainsi que des microscopes électroniques et l’échographie 3D.

Il sera récompensé pour la réalisation des documentaires « Le Miracle de la Vie » (1983) et « L’Odyssée de la vie » (1996), qui gagneront 3 Emmy Awards.

En 1970, ses clichés seront même envoyés dans l’espace à bord de la sonde Voyager, carte de visite de l’humanité pour qui ouvrirait la capsule…

1eres cellules d'un'être humain human egg in utero Lennart Nilsson EmbryogenèsePremières cellules d’un être humain

Lennart Nilsson s’auto-définit d’ailleurs comme « un photographe simplement passionné par l’humain. » « Je suis poussé par le désir d’illustrer les processus vitaux qui nous concernent tous au plus haut degré bien qu’il soient invisibles. Je veux rendre l’invisible, visible. Ces processus se déroulent à l’intérieur du corps humain ou dans toute vie qui existe sur terre. Je veux éduquer les gens et éveiller en eux un profond respect pour la vie. »

Le photographe se voyait comme « un messager entre le monde scientifique et le public« . Son travail exigeait à la fois l’implication consciencieuse d’un scientifique couplée à la patience et au tempérament d’un artiste.

Embryon 3 semaines in utero Lennart Nilsson EmbryogenèseEmbryon à 3 semaines

6e semaine, le placenta est formé in utero Lennart Nilsson Embryogenèse6e semaine, le placenta est formé

Foetus 11-12 semaines in utero Lennart Nilsson EmbryogenèseFoetus avec son placenta à 11-12 semaines

Pieds Jambes foetus in utero Lennart Nilsson EmbryogenèsePetites jambes

Embryon 2 mois in utero Lennart Nilsson EmbryogenèseEmbryon à 2 mois

Photos : Lennart Nilsson

Lennart Nilsson Photographe suédois 2015 by Nicho Södling Embryogenèse

Lennart Nilsson by Nicho Södling (2015), « Embryogenèse en images – Photographies de Lennart Nilsson »

Puissance féminine et connexion à notre utérus

La force de l’amour, c’est cela qui émane d’une femme lorsqu’elle est connectée au battement de son utérus

Interview d’Elisabeth Josephs-Serra, qui enseigne une danse tantrique destinée aux femmes

« J’ai 54 ans. Je suis née à Barcelone et je vis à cheval entre la Costa Brava et le Devon (Angleterre). Mariée, j’ai deux enfants. J’ai un master en Psychosynthèse. Nous avons besoin d’une politique qui unisse et non qui sépare. J’ai eu beaucoup de croyances, ce qui me reste aujourd’hui c’est l’expérience, c’est elle qui me guide. »

Lisabeth Josephs Serra, connexion utérus puissance féminine

La chamane
Sa propre quête de sens l’a menée sur divers sentiers, depuis des études formelles en psychothérapie jusqu’à passer dix ans en Inde auprès de différents maîtres. Elle a compris que le problème, c’était notre regard sur les choses : « Toute notre éducation est focalisée seulement vers l’extérieur. J’honore profondément les hommes, mais pas le patriarcat : une façon d’interpréter notre existence. Nous devons apprendre à regarder d’une façon viscérale et diriger nos pensées vers le cœur. Nous sommes tous nourrissants lorsque nous nous ouvrons au féminin, mais ce sont nous, les femmes, qui devons commencer ». Elle exerce comme chamane et travaille avec des groupes de femmes.

Qu’est-ce qu’il nous arrive, à nous, les femmes?
Nous avons perdu notre pouvoir authentique. Pendant des millénaires nous avons suivi le modèle de la soumission.

Ça c’est du passé.
Nous sommes présentes dans le monde culturel, économique et politique, mais en imitant et en agissant à partir du pouvoir reconnu, qui est le masculin immature.

Définissez-moi le masculin immature.
Le masculin immature, dans son besoin de dominer et contrôler, conséquence de la peur qui a pour origine la déconnexion par rapport à son féminin “c’est-à-dire la terre, l’intuition, le corps émotionnel, le profond, le sacré-, a dévalorisé la connexion avec les sentiments et les émotions. Les hommes ont peur des femmes parce qu’ils ont peur de leur propre féminin.

Actuellement beaucoup d’hommes sont tendres et s’impliquent dans leur foyer.
L’époque de la modernité discrédite le macho. La femme s’est masculinisée et l’homme s’est féminisé, mais son modèle est celui de l’enfant tendre, pas celui de l’homme qui prend soin.

Personne n’est à sa place?
Cela fait des millénaires que nous n’expérimentons aucun des archétypes authentiques -masculin et féminin- dans leur maturité. La souffrance que nous vivons actuellement (crise économique, écologique, politique, sociale…) est due à l’impasse relationnelle entre le féminin et le masculin.

Parlez-moi de ce féminin mature.
Le pouvoir féminin authentique se réalise grâce à la reconnexion et au réveil de l’utérus. Dans les traditions anciennes, les femmes sages savaient que leur utérus était le centre de leur pouvoir créateur à tous les niveaux.

Où nous place cette déconnexion?
Nous agissons depuis la peur, et nous ignorons notre véritable pouvoir érotique et sensuel. Si l’on n’est pas ancrée, on est comme un cerf-volant à la dérive, et cela nous met dans une situation de soumission ou de rébellion face au pouvoir masculin immature. Lorsque nous ne sommes pas enracinées nous manquons d’assurance et nous entretenons la fausse croyance d’avoir besoin d’un homme pour voir en lui le reflet de l’amour que nous sommes.

On veut qu’ils nous aiment, c’est logique.
A quel prix?…, en étouffant les émotions. La culture patriarcale a discrédité le pouvoir féminin. La menstruation a été considérée comme quelque chose d’impur que les femmes elles-mêmes cachent, alors qu’en réalité c’est le sang de la vie, il n’est en rapport ni avec la maladie, ni avec la mort. Grâce à ce processus cyclique “pré-ovulation, ovulation, pré-menstruation et menstruation »- on accède aux authentiques archétypes féminins.

De quoi s’agit-il?
Le cycle féminin est en lien avec les quatre saisons, qui correspondent au processus naturel de mort et résurrection. Il ne peut y avoir de création sans mort. Si nous, les femmes, nous pénétrions dans la sagesse de nos corps, nous saurions que pendant la pré-menstruation et la menstruation, nous nous libérons de nos parts d’ombre, ce qui nous permet de créer depuis une autre perspective. C’est comme une désintoxication physique et psychique.

Et que se passe-t-il pour les femmes qui n’ont plus d’utérus ou qui sont ménopausées?
Pendant nos années fertiles, nous vivons dans un état d’apprentissage de notre pouvoir. Lorsque nous arrivons à la ménopause nous avons intégré ce pouvoir en nous : nous sommes la femme sage.

De laquelle on a peur et de laquelle on s’écarte.
En tant que femme, nous sommes conditionnées à avoir peur de montrer notre potentiel authentique (inconsciemment tout du moins) pour ne pas blesser l’homme et qu’il ne nous abandonne pas ou ne nous agresse pas. Et physiquement, nous nous soumettons à une beauté cruelle (chirurgie esthétique etc.) pour paraître éternellement jeune, une fausse imitation de l’authentique beauté.

Qu’est-ce que l’authentique beauté?
La force de l’amour, c’est cela qui émane d’une femme lorsqu’elle est connectée au battement de son utérus et qui, indépendamment de l’âge, la maintient juteuse et sensuelle.

Juteuse et sans homme à ses côtés?
Oui nous sommes juteuses avec ou sans hommes à nos côtés, même si nous avons des maris, des compagnons et des amants. Récupérer le pouvoir féminin, c’est la clef pour sortir de l’isolement collectif.

De quel pouvoir me parlez-vous?
De l’amour bien compris : intuitif, érotique, tendre et féroce à travers lequel l’homme pourra se voir reflété et pourra récupérer sa dignité et sa présence ; c’est uniquement à ce moment-là que  l’on pourra établir le pont créatif et alchimique qui existe de façon authentique entre les deux.

L’amour féroce, ça a l’air agressif.
C’est cela que tant d’hommes craignent, ils ont peur de cette nécessaire furie féminine qui dit les vérités, qui défie le masculin immature, fruit de la peur de son propre féminin. Cette peur qui les déconnecte des émotions et les laisse dans le monde des idées, qui les prive de leur dignité et les remplit de honte et culpabilité d’utiliser un pouvoir qui n’est pas au service de la vie.

Comment nous connecter à notre utérus?
En portant notre attention vers ces parties (utérus et vagin) abandonnées à la science et à l’homme, nous entrons dans une merveilleuse aventure d’éveil à ce que notre intuition entrevoyait.

Mais quelle est la voie?
Pour moi, la voie la plus rapide est une danse qui nous connecte au mouvement en spirale et cyclique de l’univers, et qui nous permet de nous relier à nous-mêmes et d’avoir accès à la sagesse nécessaire à chaque instant. L’observation de notre processus cyclique nous permet d’éveiller les archétypes féminins et de guérir la blessure et la défiance entre femmes, héritage du patriarcat.

Source : La Contra de la Vanguardia – 17 oct 2012 (Ima Sanchís) ~ Traduction Brigitte Rietzler /// Temesira