Interview de Camille Sfez, auteure de « La Puissance du Féminin »

A travers les pages de ce blog, j’ai décidé de vous présenter régulièrement  une personne inspirante. C’est en marchant notre chemin que nous grandissons. Et c’est aussi en croisant celui d’autres  dont les quêtes et les expériences résonnent,  nous inspirent, nous nourrissent, nous boostent. Cela nous invite à avancer, créer, changer, et exprimer notre propre potentiel avec notre couleur unique. J’aime les parcours qui sortent des sentiers battus, ceux qui portent un regard neuf, différent sur le monde et nous encouragent à donner voix et forme à nos aspirations les plus profondes.

« Chaque être humain qui devient sa vision personnelle deviendra un modèle pour les autres qu’il en soit conscient ou non. » Jamie Sams.

La puissance du féminin Camille Sfez auteure livre

Camille Sfez est psychologue et anime des Cercles de Femmes depuis une dizaine d’années à Paris. Elle vient de publier son premier livre : « La puissance du féminin » aux éditions Leduc.s.

Camille, comment en es-tu venue à t’intéresser au féminin, y a–t-il eu un événement déclencheur ?

J’ai eu des modèles très caricaturaux chez mes parents. Du coup je me suis construite en me disant, « je veux être un homme ». J’étais une guerrière quand j’étais ado. Ma survie ça a été de me construire une carapace. Je sentais une grande sensibilité, mais je ne savais pas quoi en faire, c’était super dangereux pour moi.
Et puis j’ai commencé un travail sur moi et mon premier thérapeute m’a suggéré d’aller voir les Cercles de Femmes. Assez tôt dans ma vie et mon travail thérapeutique, je suis allée en Angleterre où les Cercles étaient en plein essor pour les découvrir.  C’était un besoin vraiment profond pour moi d’aller creuser ce que c’est au juste d’être une femme. Cette expérience des Cercles de Femmes m’a vraiment touchée et m’a donné plus tard envie de changer d’orientation et de devenir psy.
Je voyais et j’entendais des femmes qui vivaient et verbalisaient leurs émotions, le lien à leur corps. Je sentais la force du Cercle hyper palpable. J’ai vu l’effet (sur moi et sur les autres) de ces espaces où la parole des femmes se libère. A l’époque, en plus, il y avait un côté avant-gardiste en Angleterre : on parlait déjà ouvertement des menstruations et de la mooncup par exemple, de la fertilité naturelle, et il y avait déjà plus de conscience des thérapies alternatives, plus d’options pour l’accouchement aussi.

Cela faisait pleinement sens pour moi de contribuer à ce que les Cercles puissent vivre et se développer en France.

J’ai aussi reçu d’autres transmissions notamment avec Carol Anpo Wi et le Conseil des 13 Gardiennes. J’ai reçu cet enseignement amérindien comme une carte. Une autre étape a été la découverte du Tantra.

Ça fait une dizaine d’année que tu animes des Cercles de Femmes, est-ce que tu perçois des changements au cours de cette décennie ?

Il y a beaucoup plus de femmes jeunes. Lorsque j’ai commencé, j’étais la plus jeune dans les Cercles. Les femmes qui se rencontraient et se questionnaient avaient plutôt autour de la quarantaine. Elles étaient plus guerrières, sans doute plus blessées aussi.
Aujourd’hui les femmes qui viennent aux Cercles sont plus jeunes, beaucoup ont autour de 20-25 ans, sont déjà très conscientes de leurs cycles, curieuses et sensibles. Elles sont peut-être aussi moins blessées.

Les thèmes restent universels : les lunes, les grandes étapes de vie des femmes, notre identité multi-facette et comment elle s’intègre dans la relation  à l’autre, comment on prend notre place dans le monde, dans le couple. On parle beaucoup des hommes, de leur importance, leur valeur, la place qu’on leur fait dans la vie. Peut-être qu’on est moins dans l’opposition par rapport au masculin que la génération précédente.
Les femmes ont eu besoin de se construire contre le masculin. Aujourd’hui ce n’est plus l’axe.

Cercle de Femmes Tentes ROuges Moonlodges

Est-ce que tu as pu voir aussi des valeurs émerger, palper un changement plus sociétal ?

En Angleterre il y a un vrai sens de la communauté : les femmes donnent du temps aux autres, elles portent des projets ensemble, il y a un sens du service qui a émergé. J’aurai pu imaginer ou attendre cela en France, mais ce n’est pas le cas pour l’instant.

Ce que je vois, c’est que les femmes prennent le temps tous les mois de revenir, de se poser, de ralentir, de valoriser leur vulnérabilité, la capacité d’exprimer leurs besoins. L’équilibre change par rapport au discours ambiant de vitesse et performance. Et ça c’est précieux ! On entend un nouvel écho.

Dans le monde entrepreneurial aussi, les valeurs changent. Le leadership féminin émerge, une façon de manager plus authentique et avec un rythme différent : on n’est pas obligé de faire dans l’urgence, pas obligé de faire tout de suite, on peut prendre son temps, ralentir, valoriser notre intuition quand on fait des choix et ça c’est la connexion avec le Féminin – qu’on soit une femme ou un homme d’ailleurs !

Qu’est-ce que tu aimerais transmettre aux jeunes générations ?

Je suis étonnée que les choses soient déjà si séparées entre les petits garçons et les petites filles dès la maternelle (le fait de penser par exemple que le rose ou le violet c’est pour les filles). J’aimerais qu’il y ait moins d’étiquettes et que le genre ne soit pas ce qui délimite ce que les filles ou les garçons peuvent faire. Le véritable enjeu pour moi c’est la liberté : comment peut-on avoir plus de liberté dans nos modes de pensée, dans notre comportement, dans notre rapport à l’autre en réussissant  à se détacher de tous ces moules et ces carcans.

J’entends aussi beaucoup parler des adolescents dont l’éveil à la sexualité se fait par le porno dans cette culture de « faire pour l’autre », de coller à une image. J’aimerais que ces jeunes générations soient  plus connectées à leur plaisir et à leur désir.

Je  pense qu’il est nécessaire de valoriser aux yeux des petits garçons et des petites filles ce que c’est que le féminin. Je le constate dans les Cercles : il reste quand même de la honte, une gêne ; avoir ses lunes c’est un poids, un fardeau.
Souvent dans un cercle, les femmes font référence au fait de devoir se rappeler ou récupérer un transmission qu’elles n’ont pas reçue, comme si quelque chose s’était perdu : « on m’a pas appris, pas dit ce que c’est que d’être une femme, la valeur que ça avait », comme si ce lieu, ce temple du féminin depuis lequel on peut enseigner la valeur du corps et notre place dans la société n’existait plus. C’est comme si on avait posé un voile, oublié de nous raconter cette histoire-là.

J’aimerais qu’on puisse raconter aux enfants, notamment à propos de la sexualité par exemple, qu’on n’a pas les mêmes rythmes, pas les mêmes façons d’exprimer son désir. J’aimerais donner plus de clefs de compréhension, transmettre plus d’outils, de grilles de lecture aux enfants et aux ados pour qu’ils puissent décrypter et répondre à ces questions : qui suis-je, quelle est ma place dans le monde, par rapport à l’autre ? C’est quoi être une femme, pourquoi c’est différent d’être un homme ?

C’est le maillage de pensée qui vient soutenir la construction de l’identité. On a besoin de repères.
C’est ce que j’aime dans les Cercles : pouvoir observer comment la pensée se tisse. En effet, si l’on donne des repères « tout faits » on risque de répéter des stéréotypes. Or dans un Cercle, les femmes se répondent, chacune va donner sa vérité, sa couleur. On construit nos repères par résonance et en s’appuyant sur des outils. Connaître les archétypes, par exemple, c’est intéressant. Pas forcément pour s’identifier, mais pour les comprendre, en vivre les facettes, les incarner, jouer, comme une façon de s’explorer, de voir comment ça résonne en nous et comment on les intègre et on se transforme, on crée l’alchimie.

Quels sont les archétypes qui résonnent pour toi?

J’ai rencontré plusieurs archétypes comme la femme sauvage, la guérisseuse, la guerrière…

Ce travail pour moi sur les archétypes, c’est quelque chose d’extérieur qui va m’apprendre quelque chose sur moi.

J’ai aussi compris beaucoup sur le masculin et le féminin par le travail des plantes : certaines plantes sont masculines, d’autres féminines et elles viennent chacune à leur façon redresser, rééquilibrer nos polarités.

Pour moi, ce sont des axes, des outils pour voir comment ça danse à l’intérieur de nous, pour équilibrer et guérir nos polarités.

La danse hommage à Matisse Niki de Saint Phalle puissance du féminin

Quelles femmes ont influencé ton chemin, quelles ont été tes références ?

Il y a d’abord les femmes qui s’expriment dans mon livre : Carol Anpo Wi, Lise Coté, Marisa Ortolan, Alisa Starkweather & Maïtié Trelaün. Ces femmes m’ont marquée et ont chacune éclairé quelque chose en lien avec des facettes différentes.
Ma sage-femme qui m’a accompagnée dans ce passage sacré de ma vie est aussi une personne importante pour moi.
Je pense aussi à Marie Mottais qui est danseuse et travaille dans la nature autour des rituels.

Ça m’a accompagné  et soutenu de voir ces femmes qui avaient résolu, intégré, transformé certaines facettes.

Je suis aussi très inspirée par les femmes dans les Cercles qui partagent des vécus, des vérités qui résonnent, qui m’amènent des compréhensions, des prises de conscience.

Des hommes aussi m’ont inspirée : je me suis sentie en résonance avec leur transformation, leur nouvel équilibre.

Dans mon environnement familial, la sœur de  ma grand-mère était une femme différente. Critique de mode dans les années 50, elle était connectée à sa sensibilité, à son intuition, à son flair. Elle a eu une belle carrière et une reconnaissance sociale. Elle a été maman, mais la maternité est passée au second plan. Elle a dû faire un choix et elle a choisi sa carrière.

Ma grand-mère maternelle, parle aux arbres, aux oiseaux, elle est très connectée à la Nature.  Je me reconnais beaucoup en elle et je peux valoriser cette connexion aujourd’hui, mais ce n’était pas le cas quand j’étais petite.

En réalité je n’ai pas eu beaucoup de modèles de femmes inspirantes dans mon entourage direct. J’ai eu besoin de références alors j’en ai cherché dans la littérature, chez les artistes. J’ai été particulièrement fascinée et touchée par Frida Kahlo, Louise Bourgeois. Et surtout Niki de Saint Phalle. C’est la première qui m’a connectée à ce chemin du féminin : sa vision féministe, la réhabilitation de la déesse mère. Elle m’a fait m’interroger sur la  polarité féminine non reconnue, non valorisée. Toutes ces artistes à travers leur représentation des organes féminins et de leurs blessures m’ont ouvert à cette réflexion, à m’interroger sur ce que je pouvais faire de mes blessures du féminin, – pour moi.

 

A une femme qui n’a jamais été à un cercle, qu’est-ce que tu lui dirais sur le féminin profond ?

C’est une partie de nous à laquelle on a accès quand on est dans cet espace de silence et d’immobilité. On ne touche ce féminin, on ne peut l’entendre que lorsqu’on n’est plus dans l’agitation extérieure, dans le faire. « Qereb » en hébreu, veut dire « ventre » et aussi « proche de la Source ». Le féminin, c’est cette polarité mystérieuse à l’intérieur de nous, c’est ce réservoir d’énergie, cette eau matricielle d’où va émerger notre lumière. C’est en prêtant attention à cette partie de nous que l’on va pouvoir se connecter à nos rêves. Renouer avec son féminin, c’est renouer avec ces profondeurs d’où va émerger ce qui a du sens, ce qui est riche et qu’on a à amener à la lumière.

C’est aussi un chemin sur lequel on va se retrouver, se rassembler.

Comme dans l’histoire d’Isis & Osiris que j’aime bien raconter. Osiris est coupé en morceaux qui sont cachés dans toute l’Egypte, et Isis part à la recherche des morceaux de son double masculin pour les rassembler. Elle invente la momification à ce moment-là, puis elle chante sur lui et redonne ainsi vie à Osiris par son chant. Pour moi ce chemin du féminin, c’est aussi comment à chaque étape de ma vie j’ai mis de côté une partie de moi, j’ai abandonné mon pouvoir, une part de moi qui était « trop » : trop sensible, trop exubérante, trop ci, trop ça. Et à chaque fois qu’on s’est senties « trop », on a laissé une partie de nous à l’extérieur.

Renouer avec son féminin, c’est récupérer toutes ces facettes de nous, qu’on a mises de côté en ayant une fausse idée de ce que signifiait être une femme. Ce qu’on a abandonné lorsqu’on a cru qu’on devait choisir.

C’est un chemin de reconnexion à qui l’on est profondément.

J’aime cette citation d’Annie de Souzenelle : « La rencontre avec le féminin ne procède pas de l’acquisition d’un savoir, c’est la rencontre avec le mystère des choses »

J’aime aussi beaucoup l’expression amérindienne «  Marcher ce chemin de beauté » : comment à chaque instant je peux prendre soin de mon écologie intérieure. Que chaque pas que je fais ce soit avec la meilleure version de moi que je le fasse.

Isis by Alexandra Petracchi archétype féminin puissance du féminin

 Quel rêve aurais-tu envie de réaliser ?

J’ai un rêve pour l’humanité. J’aimerais qu’en tant qu’être humain, on se connecte davantage au sacré, aux différents règnes, aux lignées, aux autres. J’aimerais que l’humanité se rappelle de cette reliance, que chacun prenne soin de tous ces liens.

De quels accomplissements es tu fière ?

 J’avais envie d’être au service du féminin, d’éveiller sur ces espaces qui existent et nous font du bien, d’aider à ce qu’ils soient connus. Je suis heureuse d’être en train de le faire.

La façon dont sont nés mes enfants, c’est aussi un appui dans mon histoire. Cela m’a permis de faire confiance à mon corps et de prendre conscience de ma force intérieure.

Quel endroit aimerais-tu  découvrir sur la terre ?

J’ai un lien fort avec le Mexique. J’aimerais beaucoup aller en Egypte voir les pyramides !

Si tes organes de vie pouvaient te parler est-ce qu’ils te diraient quelque chose ?

J’essaie de les écouter. Je crois que c’est ma yoni qui me questionne sur le pouvoir. Cet organe me rappelle mon chemin pour rester centrée, être au centre de mon territoire. Pendant tout ce chemin pour renouer avec mon féminin, j’ai fait beaucoup de travail pour délimiter mon espace sacré. Maintenant, c’est comment occuper cet espace depuis mon centre, dans le juste équilibre.

Merci infiniment Camille pour ce petit-déjeuner délicieux, profond et joyeux !

Découvrez le livre en vidéo !

Vous trouverez le livre La Puissance du féminin en librairie ou online. Je vous encourage vraiment à aller faire un tour chez votre libraire, c’est aussi une forme d’écologie : (l’écologie de quartier, préserver ce tissu social, les liens de voisinage), et vous soutenez des choix littéraires plus engagés.

Pour + d’infos sur les Tentes Rouges de Paris c’est par ici.

Artwork :
La Danse, Niki de Saint Phalle
Isis  © by Alexandra Petracchi

Lait d’or

Le lait d’or est une boisson aux mille vertus, et aussi un grand plaisir de l’automne et de l’hiver. C’est un joli rituel de faire chauffer sa tasse le matin et de voir le soleil même par temps maussade.

Ce nectar doré est composé essentiellement de curcuma, très présent dans la cuisine et la pharmacopée ayurvédiques. Il a en effet des centaines de propriétés : anti-inflammatoire, anti-dépresseur, excellent pour la digestion ou pour soutenir notre système immunitaire, il aurait aussi des bienfaits pour préserver notre mémoire et prévenir le vieillissement cellulaire. Il lutte aussi contre le stress oxydatif ce qui a tapé dans l’œil des chercheurs qui bossent sur le cancer. Bref c’est un super allié. Mais pour optimiser l’absorption de la curcumine, la synergie avec le poivre noir est précieuse.

Deux étapes sont nécessaires pour fabriquer votre lait d’or.

Lait d'or ayurveda yoga plaisir santé

Ingrédients  pour la pâte de curcuma :
30g de curcuma en poudre
1/2 cc de poivre noir moulu
125 ml d’eau minérale (ou filtrée)

Délayez le curcuma et le poivre dans l’eau pour éviter les grumeaux et faites cuire à feu moyen (ça ne doit jamais bouillir pour que le curcuma conserve ses propriétés) tout en touillant tout le temps (ou presque). Cela prend plus ou moins de temps -selon le type de casserole- pour que le mélange épaississe, je reconnais que ça demande un peu de patience et de disponibilité. ça fait travailler notre esprit yogi 😉 et je vous rassure, ce n’est à faire qu’une seule fois pour avoir son lait d’or pendant 1 mois, alors ça vaut largement le coup ! On obtient donc une pâte homogène, lisse et épaisse qu’on laisse refroidir et qu’on met ensuite dans un pot en verre. Elle se conserve 1 mois au frigo. ça c’est fait !

Faire son lait d’or :
125 ml de lait végétal (riz, avoine ou celui que vous aimez)
1 cc d’huile de coco
1/2 cc ou 1 cc rase de pâte de curcuma
Option : sirop d’érable

Délayez la cuillerée de curcuma dans le lait, ajoutez l’huile de coco et faites chauffer sans porter à ébullition, sinon pfffiout évaporées les belles vertus du curcuma. Pour moi, le lait végétal apporte déjà suffisamment de sucre, mais si vous avez besoin vous pouvez ajouter un trait de sirop d’érable.

O sole mio ! ☀

Smoothie banane kaki

Smoothie banane kaki

Le kaki c’est ce fruit orangé quasi translucide quand il est mûr, avec une petite corolle, un vrai soleil sur les étals.  J’adore le kaki et son petit goût de noix. C’est un fruit très sucré quand il est archi-mûr, qui a un aspect sirupeux. Il pousse sur un plaqueminier, sur tout le pourtour méditerranéen, dans les pays du Moyen-Orient (notamment en Iran), en Asie du Sud-Est et … au Parc Monceau à Paris, eh oui ! Les canards sont super fans de leur chair sucrée et se les arrachent.

Origine et variétés du kaki

Originaire de Chine, le kaki est très prisé aussi au Japon (on a d’ailleurs adopté son nom japonais) et en Corée. C’est un Jésuite italien en vadrouille en Asie du Sud-Est qui en a glissé dans sa malle à la fin du XVIe siècle. L’arbre s’implante donc avec bonheur en Italie où il se plaît -et où il plaît aussi !-  et gagne assez timidement le reste de l’Europe méditerranéenne.

Il existe plusieurs variétés de kakis, pour la faire courte : les astringeants (c’est eux que j’aime !) et les autres, plus doux avec aussi moins de caractère.

Les astringents (en France on trouve le kaki Muscat, en Italie le Tipo) ont une couleur orange plus foncée et son plus petits. Ils se défont presque comme de la confiture quand il sont bien mûrs et c’est à ce moment-là qu’on se régale le plus. On les mange donc blets et sans la peau (ce détail est important car si on les mange verts ou sans ôter la peau, les tanins du fruit se polymérisent au contact de l’acide de l’estomac pour former des amas durs comme du bois et impossibles à digérer, appelés bézoards), mieux vaut être prévenu !

Les non astringents sont ceux que l’on trouve le plus souvent et dont je suis moins fan. Évidemment, ils sont moins fragiles, plus faciles à transporter, conserver, commercialiser, bref ils sont plus présentables, mais ils perdent leur grain de folie ! Ce sont les Persimon et les Sharon, orange clair, oblongs, plus gros, ils se mangent comme une pomme avec la peau si on veut (aucune inquiétude, pas de trucs bizarroïdes dans votre ventre)

Pourquoi ça nous fait du bien de manger des kakis?

D’abord parce que leur couleur orange nous indique du béta-carotène à gogo, ce qui permet la réparation de notre peau et de nos cellules, et puis il est aussi riche en anti-oxydants, vitamines C et en sucre (une bombe d’énergie !) ainsi qu’en potassium et fibres qui stimulent en douceur le transit intestinal. Les Chinois lui prêtent des vertus médicinales, notamment celle de réguler le Qi, notre énergie vitale.

Sa texture est particulièrement adaptée à la réalisation d’un smoothie, car il apporte un peu de consistance, de pulpeux, de douceur.

Ingrédients pour un grand verre :
1 banane mûre
10 cl de jus de pomme
10 cl de jus de carotte
3 grosses cuillerées de « gelée magique au kaki »

La gelée magique de kaki est inspirée du magnifique livre de Christophe Berg « Le grand livre de la cuisine crue ». Pour devenir magicien(ne) de la gelée, c’est tout simple : prenez un kaki bien mûr, enlevez sa peau, -s’il est archi-mûr à point il se délite littéralement donc vous pouvez y aller à la petite cuiller- et placez-le dans le blender. Versez par-dessus 300ml d’eau frémissante et mixez pendant au moins 30 secondes. Versez ensuite dans un bol : en refroidissant, le mélange se gélifie. Vous pouvez conserver cette gelée 2 jours au frigo. Pour ma part, si je ne l’utilise pas en totalité le jour-même, je la mets dans des bacs à glaçons au congélateur pour pouvoir l’utiliser au compte goutte et booster l’effet smoothie.

Et le smoothie, oui oui j’y viens !

Mixez tous les ingrédients de la recette ensemble et vous obtiendrez un smoothie à la texture veloutée couleur abricot.
Onctuosité et goût sucré de la banane, texture veloutée du kaki…c’est un concentré de douceur. Idéal pour commencer sa journée en se bichonnant.

Purger sa peine, faire Vipassana

Méditation en prison : l’expérience de Tihar en Inde

La méditation en prison, ça marche? Et si oui qu’est-ce qu’elle apporte, comment les gens se transforment en méditant?

C’est l’expérience qu’a voulu mener Kiran Bedi dans la prison de Tihar en Inde et que relate le documentaire ci-dessous.

Cette prison de haute sécurité, située à 7 km de New Dehli, est considérée comme la plus vaste prison d’Asie du Sud-Est avec plus de 12 000 prisonniers accusés des pires crimes et de nombreuses personnes prisonnières de la bureaucratie indienne, en attente de jugement. Assassins, bandits, terroristes, violeurs, pédophiles et psychopathes cohabitent derrière les barreaux de cette geôle dont l’évocation du nom ferait frémir.
Lorsque ce petit bout de femme a été nommé Directrice de l’établissement pénitentiaire en 1993, elle est arrivée avec des idées révolutionnaires et à la fois pleines de bon sens. En effet,  tant qu’à passer du temps enfermé, autant utiliser ce temps de façon constructive. Et comme le but est que les prisonniers se réinsèrent un jour dans la société, puissent trouver leur place et vivent harmonieusement avec les autres sans récidiver, cela paraît pertinent de mettre en place des outils qui les aident à évoluer, à mieux se connaître, à faire la paix avec eux-mêmes, leur histoire et les autres.

Kiran Bedi a donc nourri le projet de faire de Tihar un lieu de développement personnel, un ashram. Elle a d’abord apporté des changements aux conditions matérielles des détenus : facilités à la cantine, lecture, vêtements, radios, meilleurs soins médicaux, visites. Mais elle souhaitait également donner aux prisonniers une opportunité de devenir de meilleurs êtres humains. Elle voulait un changement plus profond que des changements matériels et leur permettre de faire face à leurs problèmes en prenant la responsabilité de leur vie et en sortant des rôles de bourreaux/victimes.

C’est alors que la méditation Vipassana est entrée en scène.

Vipassana kesako ?

Vipassana est une technique de méditation issue de la tradition bouddhiste, c’est celle qui aurait été enseignée par le Bouddha. Vipassana signifie « voir les choses telles qu’elles sont réellement ». C’est une méditation en silence -dont l’initiation dure 10 jours-, dans un cadre moral strict et qui consiste à observer en pleine conscience sa respiration et à maintenir son attention. Puis on observe et on accueille les sentiments, pensées, émotions qui émergent. Il ne s’agit pas de lutter contre cela, mais simplement de revenir à sa pleine attention lorsqu’on se laisse emporter par le flot des pensées. Au fur et à mesure on s’intériorise et l’esprit se calme. On observe les sensations physiques, corporelles, qui nous traversent sans être en réaction. On développe une écoute intérieure qui apporte des réponses.

Vipassana est également l’une des pratiques de méditation la plus étudiée par les scientifiques. D’ailleurs, l’une de ces études réalisée par l’Institut de Vipassana de Dehli (en 2002) s’est basée sur l’observation de l’expérience de Tihar et montre la réduction de la propension à la criminalité dans les prisons.

Introduction et effets de la méditation en prison

A Tihar, la méditation Vipassana a d’abord été introduite auprès des gardiens de prison. Le changement doit être global, nous sommes tous reliés et espérer que les prisonniers changent sans changer l’environnement et les hommes qui travaillent autour d’eux serait illusoire. Les effets ont immédiatement été ressentis par le personnel. Les gardiens ont observé la pacification de leurs émotions (notamment la colère, l’agressivité) et un état plus calme et positif. Puis des stages ont été organisés dans différents quartiers de la prison à une échelle de plus en plus grande. L’idée était de pouvoir maximiser l’impact de la méditation. Kiran Bedi est devenue la chef d’orchestre d’un cours de 1000 personnes avec S. N. Goenka. Là aussi, les prisonniers expérimentent immédiatement un mieux-être et une compréhension de leurs attitudes. Ils perçoivent la sortie du tunnel pour faire la paix en eux, avec leur passé, leur sentiment de culpabilité. Ils voient leur sentiment de compassion grandir et accèdent à leur capacité à pardonner et à se pardonner.

Le succès des cours est tel que le premier centre de Vipassana établi dans une prison est inauguré à Tihar en 1994, proposant des cours bimensuels à la population carcérale.

Tout ne se fait pas du jour au lendemain, c’est évidemment un long chemin, un processus. Car finalement, au delà de la réclusion derrière des barreaux, notre plus grand enfermement est intérieur, prisonniers de nos pensées, de notre passé, des croyances erronées et auto-jugements, otages de nos émotions, bref, de tout ce brouhaha intérieur qui génère une souffrance et un stress continus. Pour autant, l’important est de déclencher le changement, l’envie de travailler sur soi et de voir au fur et à mesure diminuer les émotions et attitudes négatives et toxiques ayant mené à l’irréparable. Garder une constance afin d’essayer d’enrayer les vieilles habitudes et les schémas obsolètes. Et comme toute prise de conscience, lorsqu’on remarque les changements dans notre façon de penser, dans notre comportement, on ne peut plus revenir en arrière.

C’est ce qui s’est produit à grande échelle à Tihar et qui a donné le feu vert à la mise en œuvre d’autres programmes similaires ailleurs dans le monde.

En France, l’association YEP (Yoga en Prison), favorise l’accès à des cours de yoga et de méditation en milieu carcéral. L’association L’Art de Vivre a également développé au niveau international le Programme SMART en prison associant des techniques de réduction du stress, prise en charge des traumas et gestion des émotions négatives.

Alors oui, si chacun de nous, dans ou hors les murs, a l’opportunité et les outils pour se transformer profondément, nous pouvons espérer vivre bientôt dans une société meilleure, dans un monde en paix. Notre paix intérieure est d’ailleurs la condition sinequanone pour la voir se refléter, se manifester dans le monde extérieur.

 

Risotto au radicchio & shiitakés

Le risotto, c’est comme les pâtes, on peut les décliner à l’infini selon les goûts et surtout selon les saisons.
J’ai choisi pour celui-ci d’utiliser des champignons shiitaké et de les marier au radicchio, salade d’hiver de la famille des endives.

J’ai découvert le radicchio grâce à mes amis italiens à Barcelone : on était un petit groupe à régulièrement organiser des dîners gourmets et chacun concoctait avec amour une partie du repas. Nos dîners oscillaient entre des « comfort food de toda la vida » autrement dit des incontournables et puis des essais un peu plus créatifs influencés par notre cher Ferran Adria. Nos dîners de Noël étaient de vrais banquets (on évoquera simplement le plat de lasagnes tellement énorme qu’on était obligé d’être à 2 pour le sortir du four). Bref, on s’est régalé pendant de longues années.
C’est comme ça que je me suis retrouvée un de ces soirs nez à nez avec un radicchio, que j’ai plutôt trouvé joli dans sa robe un peu bordeaux.  Mon ami m’annonce qu’il compte le cuire, un peu comme une confidence, et je me souviens de son sourire amusé devant mon incrédulité et ma franchise : « tu vas cuire de la salade ? » Eh oui, et il avait bien raison, parce qu’en plus le radicchio perd un peu de son amertume lorsqu’il est cuit et mélangé à l’onctuosité d’un risotto. En français on le nomme parfois trévise, mais Wikipedia nous dit que c’est pas très correct tout ça, alors restons en V.O. Originaire de la région de Venise, c’est une mine de fibres, vitamines et minéraux.

Petit aparté sur le shiitaké qui fait partie de la pharmacopée chinoise et japonaise depuis des millénaires. C’est un champignon qui a pour propriété de stimuler notre système immunitaire. Il est riche en antioxydants et acides aminées ainsi qu’en sélénium et en cuivre. Il contient également des vitamines du groupe B et a une action bénéfique sur le cholestérol.

Ingrédients pour 4 personnes :
250g de riz carnaroli (ou arborio)
1 cs d’huile d’olive
75cl de bouillon de légumes
85g de radicchio
35g de shiitakés
50g de parmesan
Quelques noisettes
Sel, poivre

Risotto radicchio shiitake hiver immunité healthy

Préparez votre bouillon de légumes en mélangeant 75 cl d’eau bouillante avec un bouillon cube de légumes bio.
Rincez rapidement le riz. Dans une casserole à fond épais ou une cocotte, placez le riz avec une cuillerée à soupe d’huile d’olive à feu moyen et remuez jusqu’à ce que les grains de riz deviennent un peu translucides. Puis petit à petit ajoutez le bouillon. Veillez à ce que le riz n’attache pas et que le bouillon couvre tout juste le riz. Dès que le bouillon est absorbé rajoutez-en.
Pendant ce temps, lavez le radicchio et les shiitakés et coupez-les en fines lamelles. Râpez le parmesan et réservez. Concassez quelques noisettes pour décorer les assiettes.
Lorsque la totalité du bouillon est quasiment absorbée, ajoutez le radicchio et les shiitakés et remuez à feu doux quelques minutes le temps que les champignons cuisent un peu. Puis juste avant de servir ajoutez le parmesan et sur chaque assiette quelques petits éclats de noisettes (sur la photo j’avais aussi mis des cranberries, mais c’est un peu too much !)
Poivrez et salez si besoin (après avoir goûté !)
Servez bien chaud.