Naître fille, devenir femme – Rencontre avec Estelle Penain

Estelle Penain est auteure et artiste multifacette : interprète, poétesse, slameuse, compositrice, peintre. Son livre Naître fille devenir femme m’a profondément touchée. L’ouvrage inclus un album musical (10 titres d’électro slam). EstElle a également crée un récital inspiré du livre et des chansons du CD pour porter son message sur scène et le partager au coeur du vivant .
J’aime sa plume, authentique, percutante, vibrante. C’est avant tout le récit d’une quête : l’auteure se met en mouvement pour partir à la rencontre d’elle-même. Elle parcourt ce chemin initiatique, descend dans ses profondeurs à la rencontre de ses ombres, y puise sa force afin de les transformer en or, se connecte à sa pleine puissance de vie, de femme, à l’amour et à la paix intérieure. C’est une succession d’expériences et de prises de conscience à la fois personnelles et intimes et qui résonnent aussi à un niveau plus universel. Les obstacles sur sa route deviennent des opportunités de croissance, qui la rapprochent de son essence.
L’ endométriose est en ce sens un révélateur qui lui permet d’embrasser pleinement ses polarités et la mène vers une réconciliation intérieure. L’histoire d’une résilience au féminin.

Merci infiniment EstElle pour ton temps précieux et ton témoignage inspirant.

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EstElle, comment est né ton livre ?

Au départ, j’avais écrit un roman initiatique, c’était une biofiction. Je ne voulais pas trop parler de l’ endométriose, puis j’ai accepté en voyant que cela pourrait aider des femmes et mes éditrices m’ont encouragée à en faire une biographie. Cela a été une vraie démarche, une mise à nu à laquelle je ne m’attendais pas. Moi qui venais d’une famille pudique dans ce que l’on se raconte, cela m’a demandé de passer un cap. La vulnérabilité était totale. L’ endométriose aussi d’ailleurs m’a mise face à cette vulnérabilité. Comme si toute ma vie me montrait que j’avais besoin de dépasser ça, de le transformer. C’était comme faire sauter un plafond de verre, ces limites qu’on se met, qu’on s’érige en tant que femmes.

Passer de faire de la musique dans un groupe à chanter seule, cela fait aussi partie de cette démarche, de revenir à mon essence et de dépasser ma peur, de pouvoir me montrer dans mon entièreté, dans mon imperfection humaine et ne plus avoir peur de cette vulnérabilité.

Qu’est-ce qui t’a mise sur la route du féminin ?

Je n’ai pas choisi consciemment d’aller à la rencontre de mon féminin, mais plusieurs événements de ma vie m’ont mise en route dans cette direction.
Inconsciemment c’est la dépression, mon burn-out au retour de New York. C’était nécessaire que je parte et que je renaisse. Il fallait que je coupe et que je reparte sur quelque chose de neuf et New York m’a apporté ce renouveau. Les rencontres que j’y ai faites m’ont connectée à quelque chose qui était déjà là, à cette transe, ce mouvement de vie.
Je me suis vue tellement mal à mon retour, que j’ai commencé à travailler sur moi. Ça a été le début de ma quête, en 2000.
De manière consciente, c’est lorsque j’ai été au Pérou et que je suis revenue au cœur de qui je suis. Puis le troisième déclic, ça a été l’ endométriose, car même en traversant toutes ces étapes, j’étais encore une guerrière qui traversait l’esprit. Et l’ endométriose m’a amenée à traverser le féminin d’une autre façon, d’une manière douce, à être une bonne mère pour moi.

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Qu’est-ce que ta quête t’a révélée, quel est ton constat aujourd’hui et vers quoi as-tu envie d’aller ?

Tout le monde est merveilleux et je ne le dis pas en mode bisounours. Je pense que l’être humain est foncièrement bon. Mais on est catapulté dans une société qui nous fait croire le contraire. On est en résistance avec notre véritable nature, en nostalgie de la belle âme au fond de nous. On croit qu’il faut être prédateur ou prédatrice pour pouvoir avancer dans ce monde. Évidemment, cela s’explique : nous vivons dans une société basée sur les valeurs du patriarcat, des valeurs de lutte, de combat, un monde guerrier. Ces valeurs conditionnent totalement notre façon de nous mouvoir dans la vie. Nous obtenons de la considération et de la reconnaissance en échange d’un effort constant et douloureux. L’une des croyances engrammée par la majorité n’est-elle pas celle qu’  « il faut en chier pour réussir » ?
Pourquoi ne pourrions-nous pas évoluer, réussir dans la douceur ?
De nombreuses femmes sont en train de prendre conscience que nous ne pouvons pas vivre dans ce rôle faussé de la superwoman.
Pour ma part, je n’ai plus envie d’être une guerrière, je veux bien être une guerrière pacifique, je ne veux pas être une wonderwoman.
Désormais, j’ai envie de vivre les choses dans la fluidité.
J’ai envie d’être dans ce flux du donner et recevoir.

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Regarder les enfants m’inspire beaucoup : ils sont.
On s’impose énormément de choses, on se met la pression, or finalement c’est la société dans laquelle on vit avec toutes ces injonctions de performance basées sur la compétition qui impose cela… et qui a oublié d’Être.

Evidemment il faut bien agir dans la vie, mais il me semble que notre action doit venir d’un autre lieu. Un lieu plus en lien avec notre féminin profond. Avant d’agir, on a besoin d’abord d’accueillir l’information. J’en suis à un stade où je pense que toute l’information nous arrive, mais si tu ne l’écoutes pas, si tu es tout le temps dans l’action, dans l’agitation, comment est-ce possible de la capter ?

Nous les femmes, nous amenons le Cercle, à la fois la forme et le chaudron de transformation qu’il représente. Il y a une facilitatrice, mais chacune de nous a quelque chose à apporter et sa parole résonne pour les autres. On peut initier. Il n’y a plus ce côté hiérarchique avec d’un côté ceux qui savent et de l’autre ceux qui ne savent pas.
Il y a tellement à faire pour nous les femmes, pour nous réapproprier notre puissance. La question est qu’est-ce qu’on fait du Vivant ? Chacune à notre niveau, chacune avec nos talents.

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En ce moment, ce que je dis à la fin du livre, c’est que je me trouve dans une étape d’acceptation. Je pars du principe que cette réalité est une école : on est tous là pour apprendre et on passe tous par des étapes. Il y a des moments où on est bien et d’autres où l’on est moins bien.
Accepter tout, c’est reconnaître ce qui est, avec l’ombre et la lumière, prendre tout comme une expérience de vie. Avec le recul, je vois aussi les enseignements que les moments durs ou tragiques de ma vie m’ont apportés. Sur le moment, c’est certain que c’est très dur à vivre et accepter. Mais avec le recul, je vois qu’il n’y a rien à rejeter. La vie est une succession d’expériences bonnes ou mauvaises. C’est à nous d’en faire quelque chose d’enrichissant en étant acteurs et actrices de nos vies.

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Qu’est-ce que tu aurais envie de dire à des femmes qui se mettent en chemin ?

Super, allez-y ! S’il y a quelque chose que j’aurais voulu qu’on me dise au moment où je me suis mise en chemin, c’est « Fais-toi confiance, fais-toi confiance à 2000 % ».
Comment faire lorsqu’on n’a pas confiance en soi ? En écoutant ce qui se passe à l’intérieur, même si ce qui émerge est inconfortable. Ce n’est pas mal pour autant.
C’est bien d’aller chercher des réponses à l’extérieur, ça peut te conforter dans ta voie, dans tes choix, ça peut te donner confiance là où toi tu n’as pas confiance, mais la personne qui saura toujours ce qui est bon pour elle, c’est toi ! Chercher des maîtres, c’est super. Par rapport à mon histoire j’avais besoin d’une autorité qui me valide. Mais en réalité toutes les réponses sont en nous. Le fait qu’on soit recouverts de voiles obscurcis par des injonctions éducatives nous empêche de bien voir la route, mais c’est à nous de découvrir notre route et ça, personne ne peut le faire à notre place !
Je peux donner mon témoignage, mais je ne sais pas pour les autres, je ne saurai pas la route qu’il faut que tu prennes. Elle est unique pour chacun.

Tout ce qu’on vit est une pépite. Observe ! Tout le monde peut t’apprendre quelque chose. Et pas uniquement des maîtres. Le chemin de chacun peut être inspirant.
La clef c’est de s’écouter, d’écouter nos envies, nos désirs profonds et d’y aller. Tout le monde a une histoire intéressante à raconter. Chacun a son talent, son mode d’expression et c’est chacun qui sait ce qui est juste pour soi.

Que dirais-tu aux femmes qui ont de l’ endométriose ?

Je leur dirai que souffrir de ses règles, ce n’est pas normal. Moi on m’avait toujours dit que c’était normal, mais non. Et je ne parle pas d’inconfort, mais de véritable souffrance. Il faut aller voir ce qui se passe.
Actuellement, la médecine allopathique n’a pas encore de vraie solution thérapeutique pour soigner l’ endométriose à part la ménopause artificielle et la chirurgie.

A nouveau, la clef, c’est de s’écouter.
Je ne peux pas donner de conseil aux autres, je ne suis pas médecin et je ne me prononcerai pas à la place d’une femme. Justement, au contraire, je pense qu’il est important que les femmes réussissent à s’écouter, à aller en elles et entendre ce que leur dit leur petite voix, leur intuition. Certaines m’ont confié avoir instinctivement confiance en leur capacité d’auto-guérison. C’est à elles de discerner. Et pour pouvoir discerner il faut s’écouter, avoir de l’espace pour entendre.
Croyez en vous, essayez plusieurs choses et donnez-vous un délai raisonnable pour aviser.

Mon parcours n’est pas universel. Tous les témoignages sont intéressants car comme nous, la maladie est unique et n’évolue pas de la même façon pour chacune. Nos décisions vont dépendre du stade d’évolution de la maladie et aussi du chemin que chacune a parcouru.
C’est important de faire ce qui est juste pour soi et ce qui nous rassure, et de ne négliger aucune piste.

Pour ma part, j’ai essayé de trouver d’autres façons de soutenir et guérir mon corps et je me suis donné deux ans suite au diagnostic. C’est sans doute parce que j’avais fait du chemin et que j’avais accès à d’autres ressources que j’ai dit non à la chirurgie en premier ressort. Bien sûr, j’avais peur, mais je savais qu’il y avait des solutions complémentaires pour accompagner mon processus de guérison : alimentation, massages, acupuncture, plantes, bains dérivatifs par exemple.

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J’ai aussi cherché à comprendre sur un plan émotionnel pourquoi ça m’arrivait.
En ce sens, je pense que faire un travail transgénérationnel est essentiel. Regarder ce qu’il s’est passé dans nos lignées nous apprend beaucoup sur nous, sur notre histoire et aussi sur ce que nos corps expriment.
Chacun travaille sur ses enjeux à sa façon, moi j’ai vu l’ endométriose comme une porte de compréhension plus globale sur ma vie, une opportunité pour transmuter ces legs du féminin blessé des générations antérieures.
A ce sujet, j’aurais adoré qu’on me dise dès le début : « on va travailler sur la conception même ». On gagne des années pour comprendre son histoire. Et si tu as la chance d’avoir tes parents, tu peux leur poser des questions.

Je me rends compte aussi que tous les rituels que j’ai mis en place m’aident et me soutiennent, notamment le yoga, la méditation et puis aussi le lien à ma créativité, être sur scène.

Prendre le temps d’accueillir et vivre nos émotions quelles qu’elles soient, même celles qui sont taboues pour la société, comme la colère, la tristesse ou le deuil, est aussi essentiel. On ne peut pas faire l’impasse et se dire tout de suite « ça va bien », sinon on reste en mode guerrière. Non, on a besoin de déposer les armes. Accueillir ces émotions difficiles et en faire une force.

J’ai par exemple dû faire le deuil de la maternité. Et puis me sont revenus des mots qui m’ont aidés à faire ce deuil. Pendant ma quête on m’avait dit « Ton chemin est d’être une Mère Universelle c’est pour ça que tu n’es pas devenue une mère au sens propre du terme. Tu dois parler au plus grand nombre. » Cela m’a aidé à faire mon deuil. Ne pas avoir d’enfant me donne une disponibilité dont j’ai besoin pour développer ma créativité.

Quel rêve aurais-tu envie de réaliser ?

J’en ai réalisé pas mal en fait !

Celui qui est en train d’éclore, Naitre Fille Devenir Femme Sur Scène, est une adaptation du livre et du CD car ils ‘agit d’un projet global : un livre, un album musical et un spectacle. Mon rêve ? qu’il tourne pendant longtemps pour les femmes et pour les hommes qui veulent mieux découvrir la femme et son mystère cyclique !

Mon rêve absolu ce serait que tout le monde vive la paix, la paix intérieure. Alors j’ai choisi de semer dans le jardin de la paix. La paix est le terreau de l’amour, de la réalisation de soi. C’est peut-être le point culminant pour moi. Peut-on expérimenter l’amour inconditionnel sans avoir trouvé la paix ? Je ne crois pas.
J’aimerais aimer du matin au soir, tout le temps !

Y a-t-il des archétypes féminins qui te guident, qui résonnent pour toi ?

Je dirais qu’Isis résonne beaucoup pour moi. J’ai beaucoup travaillé avec les représentations symboliques depuis ces 7 dernières années sur le chemin du féminin, mais en réalité, je préfère ne pas explorer les archétypes depuis le mental. C’est principalement la Nature qui me permet de vivre et ressentir toutes les parties de moi. Pour moi tous les archétypes, féminins, masculins, sont dans la nature. La nature c’est l’écrin du féminin, c’est la terre, le jardin, c’est la manifestation visible de cette énergie. J’ai l’impression que je peux avoir toutes mes réponses dans la nature. C’est certainement le chamanisme qui m’a apporté ce regard, cette expérience de connexion. Le yoga aussi.

Pour moi la nature, c’est notre vraie Maison.

Nature Photo Brigitte Rietzler Roca abuelo

Est-ce que tu es fière de certains accomplissements dans ta vie ?

Oui, ce livre par exemple, ce qu’il m’a demandé de dépasser et le partage qu’il représente déjà pour les femmes, les hommes, les jeunes filles.
Je suis très fière aussi de mon couple. C’est une véritable danse, une réharmonisation de nos polarités.

Je suis fière d’avoir vécu ce que j’ai vécu, sinon je ne pourrai pas en parler.
Je suis fière de qui je suis, je m’accepte de plus en plus, donc j’ai de plus en plus d’amour pour moi et pour les autres.

Y a t-il un endroit que tu aimerais découvrir sur Terre ?

Le Costa Rica pour sa Nature exubérante, parce qu’ils ont fait le choix de ne pas avoir d’armée.
J’aimerais aussi retourner en Amérique du Nord pour rencontrer les Amérindiens.
La lecture de « Pieds nus sur la Terre Sacrée », qui porte les paroles d’Indiens m’a beaucoup inspirée ! Ce sont des maîtres pour moi, ils sont en accord total avec la nature, ils on tellement à nous enseigner. Leur parole, bien qu’ancienne est atemporelle : leurs mots sont tellement en résonance avec notre époque !
J’aimerais aussi aller à la rencontre du peuple balinais et faire un tour au Bhoutan car je suis curieuse de voir comment les gens vivent le Bonheur Intérieur Brut au quotidien, ça me parle !

Est-ce que tes organes de vie te parlent ?

Evidemment dans mon cas, ma matrice m’a envoyé un message très clair.
J’étais une âme qui avait du mal à accepter l’incarnation, cette vie, mon corps. Je rejetais la terre, le féminin, l’accueil de ce corps qui est mon véhicule.
J’étais dans l’ignorance, le rejet, la résistance par rapport à cette vie-là avec ses ombres et son imperfection.
L’ endométriose m’a permis d’entendre ce féminin meurtri. Elle m’a dit : « tu as oublié d’habiter ta maison !! »
Mon corps me rappelle sans cesse à me réaligner, à me remettre dans un équilibre juste par rapport à l’instant présent.

Prendre conscience qu’il y a des cellules souches dans le sang des règles a aussi contribué à changer ma vision et mon vécu du cycle. Maintenant je recueille mon sang grâce à la coupe menstruelle et je le rends à la terre.

Et comme on parle de vie, évoquons la sexualité ! Elle est d’autant plus importante lorsqu’elle est vécue de façon consciente, sacrée. C’est l’expérience de ce corps, de cette chair, et ça peut être un choix extraordinaire !

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Artwork :
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Women Circle by Bosquetro
Duvet Days

 

Tomber malade

Paradoxalement il n’y a rien de plus sain que de tomber malade, dans la mesure où nous sommes disposés à comprendre le sens profond de la maladie. Comme toute maladie est une expression de l’âme, il est de notre ressort de comprendre le langage des symptômes. Dans le cas contraire, si nous prétendons supprimer le symptôme, nous nous retrouvons sans les messages les plus directs et les plus clairs de notre être intérieur. Cela ne sert à rien de tuer le messager. Les messages –même s’ils ne nous plaisent pas- nous indiquent comment continuer à cheminer.

Cela voudrait-il dire qu’il ne faut pas lutter contre les maladies? En réalité, l’idéal serait de ne pas avoir à combattre de maladies, mais de les comprendre et de voir ce qui se manifeste dans le corps comme le reflet d’une partie de nous-mêmes. Évidemment, ce n’est pas facile. Pour une raison ou une autre, il se peut que nous n’ayons pas pu admettre une douleur, une colère, un obstacle ou une peur insurmontable de notre passé et l’avons alors « relégué dans l’ombre ». Seulement voilà, ce qui nous est arrivé réapparaît, mais cette fois-ci sur le plan physique, se rendant visible sous la forme d’une maladie dans le corps. Notre réaction automatique sera de la rejeter encore, comme si cela ne nous appartenait pas. Nous aspirons tellement à ne pas nous confronter à cette partie de la réalité que nous pensons qu’en supprimant le symptôme, la douleur émotionnelle disparaîtra. Malheureusement, les choses ne se passent pas ainsi, bien au contraire. Ce que nous avons écarté reste latent et revient sans cesse à la surface, finissant même pas transformer la maladie en douleur chronique.

Cela veut-il dire qu’il n’est pas nécessaire de s’occuper de la maladie sur le plan physique? Si, bien sûr, nous essaierons évidemment de diminuer le symptôme. Mais prenons conscience que la suppression du symptôme ne signifie pas la guérison. Nous sommes alors face à deux défis : d’une part soulager la douleur, et d’autre part nous poser les questions auxquelles nous n’avons pas eu la force de faire face par le passé. Demandons-nous ce que cette maladie nous impose ou nous empêche de faire et force sera de constater l’alignement parfait entre notre être essentiel et le symptôme. Cette quête bienveillante pour relier notre « moi intérieur » à notre « moi extérieur » demande un certain entrainement. Mais plus nous deviendrons capables d’assembler les morceaux de puzzle entre ce qui nous arrive et ce que cela vient toucher en nous, plus l’exercice deviendra évident.

-Laura Gutman-

Newsletter de Laura Gutman, Juin 2013 ~ Traduction Brigitte Rietzler // Temesira