Mahashivaratri – Transformer le poison en nectar

La nuit du 24 au 25 février, on célébrait Mahashivaratri en Inde, juste avant la Nouvelle Lune. Susana García Blanco est enseignante et formatrice de Yoga Anusara. C’était ma prof de yoga lorsque je vivais à Barcelone et je continue de suivre ses enseignements profondément inspirants avec enthousiasme et joie. Elle partage dans ce texte toute la symbolique de la veillée puissante et magique de Mahashivaratri.

Maha-Shivratri Poison Nectar Mantra Yoga
Existe-t-il une pratique yogique plus transformatrice que le mantra ? Le mantra est un outil énergétique qui travaille sur les plans les plus subtils de notre être. C’est la puissance de la Shakti, l’énergie créative de l’Univers, sa vibration, qui crée des formes soniques en nous, dissout les limitations, donne naissance à de nouvelles structures, transmute le noyau de notre être à tous les niveaux, du physique jusqu’au plus éthérique.

En Inde, la nuit de Mahashivaratri est un temps de jeun, de méditation, de chant. C’est un temps pleinement dédié à la Conscience dans sa forme sans forme comme Shiva, la Réalité Ultime. C’est une nuit de mantra. On dit que les effets de la répétition du mantra Om Namah Shivaya, de dissoudre les obstacles, nettoyer des schémas karmiques, manifester les désirs les plus profonds émanant de notre cœur, élargir notre conscience, se rappeler notre nature essentielle de présence et félicité, sont multipliés par mille. On considère qu’à ce moment particulier de l’année, il y a une énergie spéciale propice à la connexion spirituelle et que pour se synchroniser à ce courant d’énergie, il faut rester éveillé, la colonne vertébrale droite. A l’approche de l’une des nuits les plus magiques et puissantes de l’année, une nuit de transmutation, j’aimerais vous inviter, -même si vous ne restez pas éveillés toute la nuit- à prendre un temps pour vous, pour aller en vous et répéter le Maha mantra.

Il est intéressant de constater que, l’une des Fêtes spirituelles probablement les plus importantes en Inde, est une célébration de l’obscurité, la nuit juste avant que la lune ne disparaisse complètement. Pas si étrange cependant, si l’on pense que Shiva, dans les mythes, est celui qui embrasse toujours l’obscurité, ce qui est marginal, refoulé, pour nous enseigner que tout ce que Jung nommerait « l’ombre » sont des endroits de notre être où nous rencontrons notre vraie puissance. A condition que nous soyons capables de réaliser la transformation, bien sûr. Dans la belle et longue histoire mythologique où les Devas (les lumières, les divinités) et les Asuras (les démons) doivent baratter l’Océan de Lait – une métaphore de la pratique de yoga-, et après que l’Océan leur ait offert de multiples cadeaux comme de brillantes pierres précieuses et autres trésors, arrive un moment où depuis le fond de l’Océan, émerge le poison le plus toxique et le plus vénéneux qui soit.

Après les premiers instants de panique, prenant conscience que toute forme de vie pourrait disparaître de l’Univers, tous tombent d’accord pour appeler Shiva. Il arrive, posé et calme comme à l’accoutumé. Il prend le venin, l’avale et le garde dans sa gorge. Il n’est pas intimidé et ne permet pas non plus que la toxicité du poison entre profondément dans son corps. Il le retient dans sa gorge qui devient bleue. C’est de là que vient son nom Neelakantha « celui à la gorge bleue », la même couleur que celle du chakra de la gorge, Visudhi chakra. Le chakra du verbe, du langage, de la communication. Le pont entre le cœur et l’esprit. L’endroit de la vibration, du son. L’endroit du mantra.

Shiva avale le poison Pouvoir du mantra

Cette histoire révèle un grand enseignement tantrique. Shiva ne rejette jamais le poison, il ne le cache pas non plus au loin. Il le transforme en puissance sonique du mantra, en vibration, en pulsation. Il extrait du poison son essence, qui n’est rien d’autre que sa propre essence et la transmute en énergie.

Quel que soit le poison qui se trouve actuellement dans votre vie (et je suis sûre qu’il y en a plus d’un et certains d’entre eux peuvent être vraiment toxiques), prenez-le, acceptez-le, embrassez-le, et pendant cette nuit magique répétez simplement le mantra.

Om Namah Shivaya Mantra Mahashivaratri

Vous pouvez réciter le mantra à voix haute. Vous pouvez le répéter intérieurement en ressentant le son silencieux qui vibre en vous. Vous pouvez le chanter. Seul ou en compagnie. De quelque façon que ce soit, laissez le mantra et votre cœur se fondre l’un dans l’autre. Ressentez son pouvoir guérisseur multiplié par 1000 pendant Maha Shivaratri. Et comme me l’a enseigné Sally Kempton, répétez-le avec la conviction que « le mantra n’est rien d’autre que la Conscience Suprême qui imprègne l’Univers, qui n’est rien d’autre que vous-même ». Comme le poison. Un poison qui avec le barattage (la répétition du mantra) de l’Océan de lait (votre cœur) sera petit à petit transmuté en nectar.

 

par Susana García Blanco (traduction Brigitte Rietzler ~ Temesira)

Pour suivre le blog et les actualités de Susana García Blanco, c’est par ici : Rasa Lila Yoga

Source : Transformando el veneno en nectar // Transforming poison into nectar

Diwali, la Fête des lumières

Diwali, la Fête des lumières, est le fil conducteur de notre pratique de yoga cette semaine. Au moment d’entrer dans les mois les plus sombres de l’année, accueillons la lumière et la chaleur dans nos vies. Accueillons la clarté pour mieux nous connaitre, illuminer nos parts d »ombres et commencer nos processus de transformation intérieure. Une pratique pour ouvrir nos cœurs et embrasser notre lumière intérieure.

Diwali fête des lumières Inde

La première fois que j’ai célébré Diwali, je ne faisais pas encore de yoga. C’était à  Leicester en Angleterre, j’avais quinze ans…en plein voyage scolaire d’adolescents! Ces lumières qui dansaient partout, à chaque fenêtre, dans les écoles ; les femmes en sari colorés, la joie et l’ambiance de fête et d’offrande qui imprégnaient toute la ville m’ont laissé un souvenir émerveillé, un peu hors du temps, vaporeux…

Les origines de Diwali

Diwali (ou Divali) vient du mot Sanskrit Deepavali qui signifie littéralement « rangée de lumière ».

La fête de Diwali remonte à  l’épopée du Ramayana. Lorsque Rama, roi exilé d’Ayodhya (l’une des sept villes sacrées des Hindous), retourna en son royaume après avoir vaincu le démon Ravana et sauvé sa femme, Sita, il fut accueilli par la population dans une ville illuminée par des lampes « dip », disposées en rangées « avali » dans les rues (d’où le nom composé Dipavali, contracté en Divali ou Diwali).

Au fil des siècles, ce « festival des Lumières » a également été associé avec la célébration des moissons et l’abondance, c’est un temps pour exprimer la gratitude. Il est aujourd’hui célébré par les Hindous à travers le monde et marque pour la plupart d’entre eux le début de la Nouvelle Année. Historiquement, cette fête symbolise la victoire du Bien sur le Mal et célèbre les Lumières et la Vie tant sur un plan personnel qu’au niveau de la communauté. C’est un temps de réjouissance et de fête entre amis et en famille. On fait un grand nettoyage chez soi, les maisons sont décorées avec de petites lampes de terre cuite et on prépare de délicieux plats que l’on partage entre tous. On remet aussi les compteurs à  zéro et on règle les différends.

Diwali Lumières célébration Inde Deepavali Dipavali

Sur un plan personnel, Diwali est un temps de retour à  soi, pour allumer les lampes de la connaissance et de la vérité dans nos cœurs et nos esprits afin de dissiper les forces obscures et l’ignorance en nous, et permettre que notre nature brillante et notre bonté rayonnent. Lakshmi, la déesse de la prospérité, est la principale déité associée au festival. Pendant Diwali on lui demande assistance pour cultiver et accumuler l’abondance spirituelle : compassion, pardon et bienveillance.

Diwali est un temps pour réfléchir et faire le point sur nos pensées, nos mots, nos actions de l’année passée. C’est un temps pour reconnaitre et mieux comprendre nos préjugés, nos comportements négatifs et nos mauvaises habitudes afin de pouvoir commencer un processus d’auto-transformation. C’est un temps pour découvrir comment nous pouvons devenir plus aimants, bienveillants, respectueux et compétents dans nos relations : à  nous-mêmes et aux autres. Et comme toute abondance -qu’elle soit matérielle ou spirituelle-, devrait être partagée avec ceux qui ont moins de chance, Diwali est aussi un moment pour réfléchir aux différents moyens à  notre portée pour soutenir les autres et contribuer au monde en rayonnant de toute notre lumière.

Comme la flamme d’une lampe qui danse toujours vers le haut, Diwali est par-dessus tout un temps pour célébrer et apprécier la vie et se réjouir de l’année à  venir avec des résolutions pleines de sens et de passion. Selon les mots de Gandhi, Diwali est un rappel et une opportunité d’ « être le changement que nous voulons voir dans le monde » !


Méditation

Allumez une bougie et contemplez la flamme quelques minutes. Respirez profondément. Fermez les yeux et visualisez l’éclat de la flamme au niveau de votre cœur. Continuez à  respirer profondément. Méditez sur votre éclat inné, votre bonté intrinsèque et votre complétude. Laissez votre cœur s’ouvrir pleinement et embrassez votre lumière intérieure.

Mantra

OM SHREEM MAHA LAKSHMIYEI NAMO NAMAHA

Maha Lakshmi goddess wealth déité hindou abondance prospérité diwali

Exploration Personnelle

Prenez le temps d’écrire dans votre journal :

1. Faites une liste de toutes les valeurs négatives qui empêchent votre lumière intérieure de briller pleinement (la colère, l’envie, la paresse par exemple…) et engagez-vous ici et maintenant à  poser un petit pas vers ce que vous voulez nourrir à  la place.

2. Faites une liste des qualités qui nourrissent votre lumière intérieure (comme la compassion, la bienveillance, la générosité) et engagez-vous à  cultiver dès à  présent ces qualités un peu chaque jour dans votre vie.

3. Identifiez quelques voies simples de transformation pour partager votre lumière intérieure et votre richesse de cœur avec les autres. Écouter vraiment et pleinement ce que les autres répondent à  notre « ça va? », sourire aux personnes que l’on croise dans nos petites courses de tous les jours (dans les transports, dans la queue du cinéma ou du supermarché) et souhaiter le meilleur en silence pour chaque personne que l’on croise dans la rue! Engagez-vous à  mettre en place l’un de ces petits gestes dans le quotidien en commençant ici et maintenant.

En tant que yogis, nous aspirons à  nous alléger grâce à notre pratique purificatrice d’asanas ou de pranayama. Lorsque nous levons le voile des apparences, nous rencontrons la lumière éclatante en nous – notre Être authentique ou Atman. C’est cette Lumière que nous reconnaissons lorsque nous nous saluons mutuellement avec le mot « Namaste ».

De façon similaire, lorsque nous nous retrouvons face à  notre côté obscur ou que nous expérimentons des moments sombres dans nos vies, nous recherchons la clarté et la lumière de la sagesse – c’est un message universel à toutes les célébrations de fin d’année en lien avec la symbolique de la Lumière.

Namaste & Happy Diwali !

Namaste Yoga Lumière Reflet Reconnaissance

Texte inspiré de Ami Bhalodkar

 

Le mythe de Ganesh ou recevoir le cadeau d’être qui nous sommes

Je profite de la venue de Susanna Harwood en Europe pendant 1 mois, et notamment à Paris ces jours-ci, pour partager l’un de ses textes sur Ganesh. J’adore les sessions de yoga qui débutent par un récit qui inspire toute la pratique d’asanas et que l’on peut ensuite emporter avec nous « off the mat », dans la vie de tous les jours et cheminer en observant les nouvelles ouvertures que cela apporte dans le quotidien. Susanna est une conteuse talentueuse et transmet avec enthousiasme et créativité les mythes et concepts yogiques. Si vous avez l’occasion d’assister à l’un de ses ateliers (infos en bas de page), foncez!

Et maintenant, installez-vous confortablement avec une tasse de thé, ouvrez grand vos yeux, votre coeur et votre esprit, voici l’histoire de Ganesh et Musika :

Il était une fois, au même endroit et au même instant, deux créatures étranges, à tête d’éléphant et corps d’humain.
Ils étaient presque pareils, mais si on les regardait intensément, on pouvait voir que l’un d’eux avait une attitude placide et accueillante, tel un lac au bord de la forêt à midi, tandis que les yeux et les sourcils de l’autre crépitaient sous l’agitation comme du bois humide dans un feu.
Celui qui était placide, s’appelait Ganesha et adorait son apparence étrange, car c’était un cadeau offert par ses oncles et son puissant père, Shiva. Ses énormes oreilles percevaient le moindre murmure et chassaient les mouches dans un plaisant battement. Sa trompe avait la puissance d’une cinquantaine d’hommes, capable de déraciner de vieilles souches d’arbres et de maintenir les démons à distance. En même temps l’extrémité de sa trompe lui permettait de récolter avec habileté les graines d’une grenade afin de pouvoir les savourer une à une.

Eléphant devant le Temple de Ganesh - Pondichéry

Eléphant devant le Temple de Ganesh – Pondichéry

Celui qui était en colère s’appelait Gajamukha Asura, littéralement « le démon à tête d’éléphant » et souffrait terriblement de son apparence qu’il méprisait car cela venait d’une malédiction. Il était submergé par la honte et l’apitoiement sur son propre sort, ce qui éloignait les autres de lui car sa colère palpable les rendait mal à l’aise et qu’il les fustigeait de façon inattendue. Ils murmuraient « pourquoi ne peut-il pas ressembler davantage à Ganesh ? » Ses oreilles géantes d’éléphant saisirent leurs chuchotements et sa jalousie le rendit tellement fou de rage qu’il mit Ganesh au défi de se battre.
Ganesh n’avait aucune envie de se battre et essaya de le raisonner en lui disant “Viens et assieds-toi auprès de moi, mon ami. Nous nous ressemblons. Nous sommes comme des frères. Tiens…prends un bonbon. Profitons mutuellement de notre compagnie ! » Et il offrit à Gajamukha l’un de ses bonbons au lait préférés, un délicieux modak fondant qu’il prit dans le petit bol rempli à ras bord qui était à ses pieds. Sa bienveillance accentua encore la rage de Gajamukha qui continua à provoquer et défier Ganesh, qui finalement, accepta à contrecœur un combat de lutte.

Le bol de modaks de Ganesh

Le bol de modaks de Ganesh

Et c’est ainsi que tout commença.

La terre se mit à trembler sous le poids de Ganesh et Gajamukha s’écrasant lourdement sur le sol et les gens se dispersèrent dans toutes les directions, regardant avec inquiétude cachés derrière des arbres ou dans l’encoignure des portes. Dans sa fureur, Gajamukha était certain qu’il gagnerait, mais les mouvements de Ganesh étaient aussi gracieux que ceux d’un danseur et si rapides qu’ils en étaient déroutants. Gajamukha luttait pour rester debout, mais il bascula sur son côté droit et fut soudain vaincu. En un mouvement prompt, Ganesh cloua l’oreille de Gajamukha au sol à l’aide de sa défense droite cassée. C’était fini. En poussant un soupir, Ganesh s’assit, attendit que son opposant se détende, attrappa un autre bonbon et finalement le relâcha.
La colère de Gajamukha avait l’air de s’être dissipée. Il était devenu calme et réfléchi. Il s’assit lentement et demanda à Ganesh, « comment se fait-il que tu sois si lourd, si imposant, si sage et à la fois pourtant aussi agile et adroit ? Comment pourrais-je apprendre à posséder toute la lourdeur des qualités d’un éléphant avec autant d’élégance, tout en déployant la même légèreté et la même grâce que toi ? Quelle est l’astuce ? »
Les deux êtres à tête d’éléphants étaient assis l’un en face de l’autre et chacun regardait sa propre image se refléter dans la pupille de l’autre. Ganesha prit toute la tristesse de Gajamukha et Gajamukha sentit la profonde douceur et sagesse de Ganesha l’envahir.

“Reçois le cadeau d’être qui tu es”, dit Ganesh “et aime ta vie.”

Gajamukha sentit ses années de ressentiment gluant et de mélancolie moite se dissoudre. Il se sentit enveloppé par la sensation d’une caresse chaude, comme si quelque chose changeait tellement profondément en lui qu’il réalisa qu’il tendait le cou pour regarder dans les yeux de son ami. Il fixa son regard sur son reflet avec plaisir. Ganesha l’avait transformé en une petite souris gracieuse, agile et intelligente. Ganesh l’appela Musika et la transformation fut complète. Ils étaient parfaitement complémentaires.

Ganesha-with-Musika

Ganesha & Musika

Ganesha et Musika devinrent inséparables, chacun possédant ouvertement les qualités que l’autre gardait en son cœur. Derrière l’apparence douce et leste de Musika se cachait une force d’âme ancrée. Derrière l’apparence lourde de Ganesh on devinait la légèreté de son cœur. Désormais, Musika avait compris ce qu’il n’avait jamais pu saisir auparavant en tant que Gajamukha Asura : que lui et Ganesh étaient les deux aspects d’un même soi, chacun percevant le monde sous l’angle de son expérience individuelle.

Et nous? Commet recevons-nous les cadeaux qui nous ont été donnés et sommes-nous capables de voir que nos défauts et l’adversité peuvent finalement devenir nos atouts ? Comment cette prise de conscience peut-elle nous transformer ?

Nous sommes parfaitement imparfaits.
C’est ainsi.
Aime ta vie, dit Ganesha. Aime ta vie.

Un grand merci à Gopala Aiyar Sundaramoorthy qui a dit, il y a de nombreuses années à Madurai, à Douglas Brooks « Aime ta Vie, Aime ta Vie ».

Article de Susanna Harwood-Rubin ~ Traduction Brigitte Rietzler /// Temesira

Source : Receiving the Gift of Yourself, Elephant Journal – Photos Susanna Harwood Rubin

Susanna Harwood Rubin

Yoga en prison : pari réussi en Argentine

L’Argentin qui a mis les prisonniers les plus dangereux au yoga.

Ismael Mastrini a réussi à ce qu’en Argentine, les prisonniers passent leurs journées sans le poids de la haine et de la rancœur. Il est actuellement en Colombie pour partager son expérience.

Les 24 prisonniers sont allongés par terre. Cela se passe dans le bâtiment de haute sécurité du centre pénitentiaire de San Martín. Il s’agit de la prison la plus dangereuse de la province de Buenos Aires (Argentine). Ce sont les hommes les plus durs de cet endroit sombre qui le disent. Ils sont tous allongés sur le dos. Certains sont ici car ils ont assassiné quelqu’un, d’autres car ils ont dirigé les bandes délinquantes les plus virulentes de cette ville. Pour certains cela fait déjà la moitié de leur vie qu’ils sont ici : ils impressionnent les autres reclus, on les craint. Ils respirent.

Ils inspirent tous de grandes bouffées d’air, le retiennent quelques secondes dans leur poitrine et expirent. Les surveillants écoutent, attentifs au brouhaha de cette grande cage de murs, barbelés, cadenas et grilles, mais les 24 hommes qui sont allongés dans ce patio écoutent seulement leur respiration. Certains sont même arrivés au point de se rencontrer avec eux-mêmes, avec leur paix intérieure. Cet état autre, inconnu, peut paradoxalement, l’espace d’un moment, faire peur ; tellement que certains ne se rendent même pas compte qu’ils pleurent à chaudes larmes, bien qu’ils le fassent en silence. C’est alors que la paix arrive dans toute son expression. Mais qu’appelle-t-on paix ? : c’est se sentir léger, ne pas sentir ce poids sur soi, ne pas sentir la culpabilité, ni la rivalité, ne pas se sentir inférieur, se pardonner et savoir que l’on peut vivre sans planter de poignards, sans tirer de coups de feu, sans voler de portefeuilles. C’est respirer.

I Mastrini

A leurs côtés un homme, qui à les écouter parler, adoucit les jours qui passent. Il s’appelle Ismael Mastrini, il a 75 ans, est avocat, mais actuellement il est prof de yoga, même s’il n’aime pas qu’on l’appelle prof ni s’approprier cet art millénaire. Considéré comme l’un des meilleurs avocats en droit civil, spécialisé en droit du divorce, employant plusieurs personnes dans son cabinet, et gagnant de l’argent en divisant des biens- il est passé sur l’autre rive, celle de rassembler des personnes et leur permettre de vivre la joie, le bonheur et peut-être l’amour.

Une scène l’a marqué pendant son enfance. Son papa lui avait offert un cheval et il l’aimait tellement qu’il jouait avec lui comme si c’était un animal domestique. Quelqu’un a voulu voler la belle jument, l’animal a résisté et a reçu un coup de poignard dans l’estomac. « Muñeca [Poupée, ndlt] partit à la recherche d’Ismael et mourut dans ses bras ». Depuis ce jour, il sait ce que c’est que de voir souffrir et mourir un être vivant. Il a aussi souffert des accès de « NON ». Eduqué dans des institutions religieuses, Mastrini adorait écrire, c’était ce qui l’épanouissait. Mais à chaque fois qu’il rendait un devoir on lui disait qu’il était mauvais et que ce n’était PAS sa voie ! « Papa, je veux être écrivain, « NON », lui répondit son géniteur avare de mots, alors le garçon s’inscrit très jeune en fac de droit, décroche son diplôme avec d’excellentes notes, et une fois rempli le mandat paternel, embarque à bord d’un bateau de hippies. C’était dans les années soixante. La rébellion pullulait à travers la planète. Il vécut l’Europe de 68, mais en voyant une boutique « Che Guevara » en Angleterre qui vendait des vieux jeans au triple des neufs, il comprit que le consumérisme s’était infiltré jusque dans le back-packer le plus gauchiste.

Une fois rentré en Argentine, il commence à vendre des savons qu’il peint lui-même avec de l’encre indélébile. L’engagement social le poursuit et comme il est expert en droit, un cas de divorce atterrit un jour entre ses mains qu’il mène avec succès. Il monte alors son propre cabinet et gagne très bien sa vie. Un matin la joie apparaît sous un visage de tristesse dans son bureau : un couple de jeunes gens veut se séparer. Mastrini prononce le divorce, mais il tombe amoureux de la fille. Le mari part avec les biens et l’avocat avec sa femme. Ils achètent une jolie maison, ont une fille, plantent un arbre et au moment où ils sont sur le point d’écrire le livre de la vie parfaite, le destin les propulse dans un abîme de malheur. Sa femme tombe enceinte. C’est un garçon ! Le bébé naît et meurt quelques jours plus tard. Ils réessayent et tombent à nouveau enceinte d’une fille, mais Mastrini est malheureux, sa vie est devenu une roue dans laquelle le hamster fait toujours la même chose : métro-boulot-et avant le dodo, passer au bar pour ne pas arriver trop tôt à la maison et rentrer ivre, puis recommencer le lendemain. Sa femme ne supporte bientôt plus la situation et sans essayer de trouver une solution, décide de partir. Et avec elle, l’envie de vivre.

Mastrini l’avocat, l’homme de la “famille et la vie parfaites” tombe alors dans une dépression telle qu’il se submerge dans la colère, l’alcool, la suffisance et la solitude. L’un de ses employés se rend régulièrement à des cours dans une association appelée « El Arte de Vivir » (l’Art de Vivre). « Et toi, pourquoi tu assistes à ces bêtises ? » se moque Mastrini pendant les rares bons moments. Un beau jour, Mastrini ne se rend pas à son bureau pendant plusieurs jours. Son ami lui téléphone, inquiet. « Je ne veux pas me lever. Je ne veux pas retourner travailler. Je ne veux plus continuer”, lui répond le meilleur avocat spécialisé en divorce de la Province de Buenos Aires. « Ismael, et pourquoi ne viens-tu pas avec moi à un cours. Allez, offre-toi ça ! Essaie et au pire si ça ne te plaît pas, que se passera-t-il ? Rien. Tu rentres chez toi et tu ne sors plus jusqu’à ce que tu en aies à nouveau envie. » De façon posée, comme il a toujours parlé, Mastrini répond « Ne soit pas bê-te » Mais il est venu. C’était en 2000 et l’homme de cinquante et quelques années pensait qu’il allait mourir malheureux. Triste. Seul.

Dès la première inspiration lors du tout premier exercice de respiration, avec les premiers silences qu’il a écouté. Oui, parce que les silences s’écoutent aussi. On s’écoute soi-même. Depuis cette fois, il n’a plus cessé d’assister aux sessions de yoga.

Curieusement, le travail des divorces à commencé à chuter. Évidemment, Mastrini connaissait désormais le soulagement, le pardon, l’amour et souvent son intervention faisait que les gens ne divorcent finalement pas. Au moment de facturer, ils lui répondaient : « Qu’est-ce que tu veux nous facturer, tu vois bien qu’on s’est pas séparé.» C’était ça qui payait. Un beau jour de 2008, il s’est retrouvé dans la prison de San Martín, enfermé, entouré de prisonniers, accompagnant sa prof de yoga qui donnait une classe. Il l’a tellement bien assistée que le lendemain, c’est lui qui a commencé à donner le cours. Il a pleuré avec les reclus, son âme est devenue plus légère et il est sorti comme quelqu’un qui vient de gagner le gros lot à la lotterie. « Ismael, pourquoi tu ne commencerais pas à donner des cours ? Ça fait 8 ans que tu en fais. Les gens ont le feeling avec toi, ils intègrent ce que tu transmets. Tu es un grand guide. » Il accepta.

Le fils qu’il avait perdu s’est converti en des centaines d’enfants. La famille qui était partie est revenue. Pas chez lui, mais dans sa vie. Il a quitté le cabinet d’avocat pour « L’Art de Vivre ». Ça a été clair pour lui la semaine où il a dormi cinq jours et ses quatre nuits pour partager ses heures entre 30 des reclus qui comptaient les plus hautes charges contre eux et le plus d’ancienneté en prison. Les premiers jours, les détenus vivent toujours ce que lui-même a vécu pendant son initiation, c’est pour cela qu’il les comprend : il comprend leur air étonné quand d’entrée de jeu il les serre contre lui au lieu de leur donner une poignée de main de celles qui mettent de la distance. Eux qui s’attendent à des cris et des remontrances, ne l’étreignent pas tout suite, mais lorsqu’ils sentent son énergie, ils finissent par lui donner une grosse accolade. C’est comme ça que le raconte Luis Alberto Ríos, un ex-criminel condamné pour assassinat, qui est passé par les 53 centres pénitentiaire de son pays. C’est le genre d’homme qui était accueilli par les cris de ses fanatiques quand il entrait dans le patio « Le danger arrive, le danger arrive ! » Cet homme que tout le monde craignait et qui était en isolement fut appelé par Ismael pour prendre un cours. Les surveillants ne voulaient pas qu’il y assiste à cause de ses antécédents : ils savaient que ça pouvait vite mal tourner et qu’il pourrait même y avoir des blessés. Ismael a insisté et s’est engagé à répondre des actes du prisonnier.

Ismael Mastrini

Il est venu à cette première session seulement pour sortir de sa cellule d’isolement. Quand il a entendu Mastrini parler de méditer deux fois par jour pour se sentir libre dans cette prison, il s’est dit que le vieux était fou, qu’ils étaient tous fous à lier. Luis se rappelle que ce n’est peut-être que le troisième jour que l’étreinte du guide lui a semblé plus sincère et que c’est dans cette transe de respirations profondes qu’il a commencé à pleurer comme un bébé, à sentir la tendresse qu’il n’avait pas reçu pendant son enfance et à sentir son poids moins lourd que d’habitude, comme s’il était en train de voler. « Seuls ceux qui pratiquent le yoga savent de quoi je parle », témoigne Luis qui est sorti de prison, a passé son bac, rejoint les bancs de la fac pour étudier la sociologie et validé chaque semestre avec une moyenne de 9,5 sur 10. Aujourd’hui la cicatrice qui entoure la moitié de son visage est le seul souvenir de son passé malheureux.

Ismael Mastrini a donné des cours dans plus de 100 prisons de tout le continent. Le patio comptant le plus d’hommes dangereux de toute l’Argentine, l’unité 48 de la prison de San Martín est passée d’une moyenne de 4 assassinats par mois à zéro. A plus aucun. Plus de 10 000 personnes, hommes et femmes, ont reçu ses enseignements de silence, méditation, respiration et amour. Même Ezequiel, un jeune homme de 23 ans passé par la correctionnelle depuis qu’il a 12 ans, a aujourd’hui un chez-lui, travaille dans la mécanique et se prépare actuellement pour être un enseignant de plus à rejoindre les rangs de l’association à but non lucratif « L’Art de Vivre ». En ce moment, Mastrini se déplace avec un sac-à-dos seulement rempli d’air, comme quand il voulait être hippie, mais avec une mission à sa charge : le projet Prison S.M.A.R.T, où le souffle libère même les geôles les plus retirées.

Source :  « El argentino que puso a hacer yoga a los presos más peligrosos » – Article de Pacho Escobar | 10 nov. 2015 ~Traduction Brigitte Rietzler // Temesira

Yoga & Ancrage : des racines dans les mains

Un bon ancrage est la clef d’un bon alignement et d’un bon maintien dans la plupart des postures de yoga.

On pense souvent à l’ancrage des pieds. En même temps, on est debout quasi toute la journée donc ça se comprend !

Pourtant l’ancrage des mains va nous apporter beaucoup de confort et de stabilité pendant notre pratique du yoga, pour toutes les postures d’équilibre sur les mains cela va sans dire, mais aussi pour des asanas comme le Chat à 4 pattes ou le fameux Chien tête en bas par exemple.

Bien positionner ses mains va  permettre de soulager les poignets et d’éviter de trop les solliciter. On pourra aussi sentir que l’énergie circule mieux dans les bras et que l’on ne s’affaisse pas vers le sol.

Alors concrètement comment on fait ?

Le pouce, l’index et la base du petit doigt sont un peu les piliers. Ce sont les gomettes verts foncées sur le schéma ci-dessous. Il faut les ancrer profondément dans le tapis, un peu comme s’il s’agissait d’une prise de terre.

On presse les autres doigts dans le tapis (les gomettes verts clairs). Si quelqu’un venait pour nous soulever les doigts un à un, il ne devrait pas réussir à les décoller du tapis.

En concentrant notre énergie jusqu’au bout des doigts, on évite aussi de s’affaisser au niveau du talon de la main (les grosses gomettes corail à la base de la main). C’est véritablement thérapeutique pour les poignets.

Si la base du pouce et de l’index sont correctement ancrées, la partie interne de la main ne va pas se soulever et le poids du corps sera bien réparti entre les 2 côtés.

On a peut-être ici la sensation d’avoir des griffes de félin plantées dans la terre, muy bien !!

Dernier petit truc : on va sentir comme si le creux de la main se soulevait légèrement, comme si on aspirait à cet endroit la terre jusque dans nos bras, ça fait comme un effet ventouse qui accentue l’ancrage de nos mains.

A ce stade vous êtes inébranlable 😉 … et yogi-ni jusqu’au bout des doigts !!

Yoga Ancrage Mains

Le Yin, kesako et en quoi nous rend-il plus forts ?

Nous vivons dans un monde speed, où l’action et la performance sont encensés et l’intériorité, la lenteur ou les attitudes plus posées au contraire peu valorisées. Notre masculin (que l’on soit homme ou femme) est développé à outrance tandis que notre féminin est parfois enfoui, en sommeil…En toute logique, nous devrions rechercher l’équilibre, harmoniser nos contraires. Pourtant, pour lâcher le stress engendré par ce mode de vie, nous nous tournons en grande majorité vers des activités physiques qui accentuent le mouvement, la rapidité, le faire. En yoga par exemple, on constate que les cours qui ont le plus de succès sont les cours dynamiques et rapides : ashtanga, power, vinyasa flow… Effectivement peut-être qu’en nous poussant toujours plus on finit par lâcher et se rendre, me direz-vous? Certes, mais on sollicite aussi toujours les mêmes parties de nous, de notre corps. Et si d’autres façon de lâcher prise s’offraient à nous? d’autres territoires peut-être moins confortables à explorer, mais d’autant plus enrichissants, complémentaires, qui nous permettent d’accepter et d’intégrer nos différentes facettes?

Suzanne Yates, fondatrice de Well Mother, praticienne et formatrice en shiatsu, spécialement autour de la maternité (période Yin par excellence) a choisi de partager la réflexion de Rosa Lia, sa fille, jeune professeure de yoga et praticienne en massage thaï, qui évoque son exploration du Yin.

« Par un soir de pleine lune, j’étais debout sous un banian dans le sud-est de l’Inde.
Un banian est un arbre qui a l’air de prendre l’air pour la terre : ses racines aériennes pendent de ses branches, certaines sont larges et solides, d’autres fines et en mouvement. C’était un vieil arbre, de plusieurs mètres de large. Le simple fait de me tenir debout à côté me faisait sentir lourde, comme si je m’enfonçais dans la terre – comme s’il me soutenait.
J’ai grimpé en utilisant ses racines pour me hisser. J’ai trouvé une place pour m’asseoir sur une de ses grosses branches et j’ai enlevé mes chaussures, reposant mes pieds sur l’écorce. La pleine lune était lumineuse et magnétique. Vivante et éveillée.

banian

Tout le mois, j’avais étudié le Massage Thai  avec un chamane indien adopté par des parents suisses et qui avait grandi en Thaïlande. Il nous avait donné des exercices pour équilibrer nos côtés droits et gauches. Cela commençait par respirer dans nos mains et observer laquelle était la plus lourde. Pour moi, c’était toujours le côté droit le plus lourd.
Dans la tradition indienne, le côté droit est appelé Pingala et le gauche, Ida. En Chine, on parle du Yang et du Yin. Le côté droit représente le masculin, le soleil, la force, le feu, le jour et l’action tandis que le côté gauche est en lien avec le féminin, la lune, la douceur, la terre, la nuit et le repos.

Mon prof de massage m’avait dit que mon côté droit était dominant. J’avais commencé à me demander pourquoi. Et j’ai réalisé que je croyais que le Yang était plus fort, donc meilleur. Je n’arrivais pas à me défaire de l’idée que le Yin était faible, donc moins bien.

YinYang

Assise dans le banian, j’ai senti sa force. Sa force féminine. Pas la force impétueuse et rapide de la flèche qui pointe vers un but. C’était une force de nature différente. Une force plus tranquille. La force de l’endurance, de l’être, du soutien, de la transformation de la boue en feuilles vertes. Être plutôt que faire.
Dans notre monde, on apprend souvent qu’être fort, c’est prendre le contrôle de sa vie. On nous pousse sans cesse à changer, s’améliorer, être plus actif, poser des objectifs et les atteindre. Et pourtant, tellement d’aspects de notre vie échappent au contrôle. La météo, par exemple. Et que fait l’arbre? Il prend l’eau quand il pleut et les rayons du soleil lorsqu’il brille. Il ne demande rien de plus ; il n’essaie pas d’aller plus loin. Il s’abandonne aux forces de la nature et malgré cette imperturbabilité, ce calme, il vit bien plus longtemps que nous.

Quelques jours plus tard, j’ai parcouru l’Inde en train jusqu’à la côte ouest. J’ai commencé ma formation de prof de yoga par une semaine d’Ashtanga -une pratique Yang, dynamique et plutôt rapide de poses sous forme de séries. A la fin de ces cours, je sentais tout mon corps, mes muscles et les battements de mon coeur.  J’avais des rougeurs tout le long de mes bras, comme si mon corps était en train de se détoxiner. Toute l’énergie du groupe était teintée par nos egos, notre désir de compétition, de pousser, d’aller plus loin. Un de nos profs nous a dit “Si c’est ce qui sort, alors faites y face. Rencontrez vos ego sur votre tapis.”
A la fin de la semaine, on était lessivés et le rythme des cours avait un peu ralenti. En fin de journées, nos profs nous initaient au Yin.
Les gens avaient l’air d’adorer ou de détester. D’adorer les postures -profondes et méditatives- d’ouverture des hanches, ou de détester la lenteur, l’ennui, la sensation de ne pas mobiliser ses muscles pour se sentir stable et en sécurité.

Le Yin est plus profong, plus caché. Dans le corps, cela se traduit par les articulations et le tissu conjonctif (ligaments, tendons) plutôt que les muscles. Tenir les poses vous y amène. Cela vous met face à « jusqu’à quel point je peux lâcher prise?, m’abandonner? » Sans parler du fait que nous passons tellement de temps assis (à notre bureau, en voiture, sur notre canapé) que les muscles de notre plancher pelvien sont raccourcis et que les étirer, ouvrir nos hanches…c’est comme ouvrir une porte. Le Yin est caché, secret et doux. Pas surprenant alors qu’ouvrir cette porte puisse aussi ouvrir la porte de nos émotions et parfois libérer nos larmes.

J’ai donc quitté l’Inde avec la sensation d’être pleinement en contact avec mon Yin. Un être humain équilibré.

Rosa-Lia-Indian Temple

A peine un mois plus tard, lors d’une retraite au centre de la Sardaigne, je me suis retrouvée en pleine conversation avec une femme originaire de Belgique, qui avait travaillé toute sa vie en tant qu’infirmière. Elle m’a dit que j’était très « feu ». J’ai senti la déception pointer, car j’avais l’impression d’avoir beaucoup travaillé mon Yin et mon ancrage à la Terre. On a fini par parler de la colère. Une qualité Yang. Elle m’a fait voir qu’il n’y avait rien de  mal à avoir de la colère.
“On en a besoin. On a besoin de la comprendre et d’utiliser sa force de façon adéquate, mais on en a besoin. On en a besoin pour aimer. Parce que si notre amour n’est que douceur, on ne pourra plus se relever et aimer à nouveau. Ou passer les murs et les défenses de l’autre pour permettre à l’amour d’entrer.”

Constant mouvement de va-et-vient entre le Yin et le Yang. Et il devient évident, même si je ne sais pas toujours bien comment le vivre, que la vraie force n’est ni douce ni dure, mais les deux à la fois. Que nous avons besoin de direction, concentration, but et détermintation Yang et à la fois de l’acceptation, de l’endurance et du lâcher prise Yin. Je suis persuadée que nos corps contiennent plus d’information que des milliers de livres, si nous écoutons, si nous regardons ce qu’ils nous disent en mouvement ou dans l’immobilité. Si nous observons comment cela affecte nos pensées et nos sensations. »

Source : http://www.elephantjournal.com/2015/06/what-is-yin-how-can-it-make-you-stronger/
Photo « Indian Temple » by Rosa Lia

Traduction : Brigitte Rietzler ~ Temesira